Alliance [juillet 1942 - septembre 1943]
Réseau de renseignement du M.I.6
Le très conservateur chef d’escadron Georges LOUSTAUNAU-LACAU crée Alliance fin 1940 dans la mouvance de Vichy. Il s’entoure de hauts fonctionnaires et d’officiers patriotes, en particulier de l’armée de l’Air.
Le réseau cherche des appuis, qu’il trouve en avril 1941 auprès du MI6, les services secrets britanniques. Des radios et des moyens financiers permettent de lancer Alliance. Arrêtés, Georges LOUSTAUNAU-LACAU et son ami, le commandant d’aviation Léon FAYE, sont condamnés le 15 octobre 1941 et emprisonnés. Remis aux Allemands, LOUSTAUNAU-LACAU est déporté. C’est une femme, Marie-Madeleine MERIC, son adjointe, qui prend la tête d’un réseau fort d’une centaine de membres, principalement en zone libre. Après Vichy, Pau, Toulouse et Tarbes, elle se déplace sur Marseille où début février 1942, Léon FAYE,
libéré de prison, rejoint l’organisation. Il recrute parmi les officiers d'active qui rêvent de reprendre la
lutte.
Léon FAYE démontre ses qualités de chef. Il instaure un cloisonnement strict, les agents sont désormais désignés par des noms d’animaux. MERIC devient Hérisson, FAYE devient Aigle. Le duo anime un réseau qui s’étend vers la zone occupée. En Normandie, Jean ROGER, Dragon, apporte son groupe déjà constitué. Fin 1942, les effectifs dépassent le millier d’agents.
Courant février 1943, Léon FAYE rencontre de GAULLE à Londres. Le Général connait les activités du réseau mais lui reproche de ne pas l'avoir suffisamment informé. En effet, FAYE, via Alliance, reste subordonné aux Anglais et au général GIRAUD à qui il a prêté allégeance, mais il perçoit que la Résistance doit se tourner vers un homme qui incarnera le destin de la France.
En juillet 1943, Alliance est à son apogée avec plus 50 radios et des liaisons régulières au profit des Anglais. La répression par les polices françaises et allemandes s’intensifie. L’infiltration du traitre Jean-Paul LIEN déstabilise le réseau. Traquée, Marie-Madeleine MERIC est exfiltrée le 18 juillet 1943 vers l’Angleterre, Léon FAYE et son état-major sont arrêtés le 16 septembre 1943. Le réseau est décimé. Paul BERNARD, Martinet, prend le commandement ; lui aussi est arrêté le 17 mars 1944 à Paris. Jean ROGER, Dragon, reprend le flambeau.
Après avoir travaillé avec les Britanniques, puis être passé sous tutelle giraudiste, Alliance fusionne en avril 1944 avec les services secrets de la France libre.
Le Tribunal de guerre du 3 e Reich condamne durement les membres d’Alliance. Dès le 1 er avril 1944, 14 agents sont fusillés à Karlsruhe. Du 23 mai au 21 août, 55 agents sont exécutés à Ludwigsburg, Caen, Heilbronn. Fin août 1944, les Alliés s’approchent de l’Allemagne. Dans la nuit du 1 er au 2 septembre 1944, 15 femmes et 91 hommes d’Alliance sont acheminés du camp de Schirmeck vers celui du Struthof où ils sont assassinés. Le 27 octobre, 9 agents sont exécutés à Gaggenau.
Fin novembre 1944, la 2 ème DB s’élance vers Strasbourg. La Gestapo de Strasbourg fait liquider les derniers membres Alliance qu’elle détient encore. Du 23 au 30 novembre 1944, 61 agents et agentes sont assassinés à Kehl et six autres localités de Bade. Enfin, le 31 janvier 1945 à Sonnenburg, Léon FAYE, patron du réseau, et Robert VERNON sont massacrés en compagnie de 817 autres prisonniers.
Sur 3827 agents recensés, Alliance comptabilise 437 fusillés, morts en déportation ou des suites de sévices endurés.
Présentation rédigée par Guy Caraes, en septembre 2024.