LE SCOUR Anne

Anne Marie Penguilly épouse Louis Le Scour, le 18 août 1920 à Lanmeur et de cette union naîtront deux enfants, Hervé en 1921 à Lanmeur et Jean en 1925 à Brest. Entre temps, la famille s’est installée dans la cité du Ponant, au 11 rue Albert Thomas à Lambézellec, Louis ayant trouvé un emploi comme adjoint technique du parc de balisage aux Ponts et chaussées de Brest.

Le 18 juin 1940, son fils aîné embarque au port de commerce de Brest sur le paquebot Meknès, qui largue les amarres à destination de l’Angleterre. Sur place, il s’engage dans la Légion De Gaulle. Vers la fin de l’année 1940, alors qu’Anne Le Scour se trouve à son salon de coiffure du 29 rue Danton, elle s’épanche sur le désir de correspondre avec son fils en Angleterre. Sa coiffeuse, madame Raymonde Le Brusq, lui recommande alors de se rapprocher du transporteur Louis Élie. Sans attendre, Anne Le Scour se présente auprès de l’intéressé et lui demande de tenter de faire parvenir une lettre à son fils. Le transporteur accepte, il semble qu’il parviendra à faire passer 3 ou 4 lettres en Angleterre, via ses contacts avec le réseau Confrérie Notre-Dame. En échange, il obtient d’Anne Le Scour, une promesse d’aide, le cas échéant.

Cette aide semble se concrétiser dans les semaines qui suivent, au début 1941, par la transmission d’informations sur les mouvements des Allemands au port de Brest. Ces renseignements sont collectés par son époux Louis puis transmis à Louis Élie. La confiance s’établissant, le transporteur fournit à Anne Le Scour deux adresses, l’une à Châlons l’autre à Antibes, permettant d’entrer en contact avec une filière d’évasion vers l’Angleterre. Ceci intéressait Anne Le Scour qui voulait aider son cousin Adrien Bourhis de Morlaix, ainsi que trois jeunes du Bouguen, dont François Bourbigot [1] à rallier De Gaulle.

Le démantèlement du Groupe Élie à partir de mai 1941, la coupe de ses contacts avec la Résistance. Sans que l’on sache par quel truchement, elle s’associe alors avec l’employé du laboratoire municipal de Brest, Paul Masson pour tenter de venir en aide aux aviateurs alliés dont les appareils étaient abattus. Car entre temps, toujours semble t-il dans l’optique de trouver une autre filière d’évasion vers l’Angleterre, Anne Le Scour s’était mise en contact avec le pharmacien Jean Lavalou du Guilvinec, originaire comme elle du pays de Morlaix et œuvrant pour le réseau Johnny. À toute fin utile, ce dernier donne à la brestoise les adresses de Jean Le Guiner, directeur du Crédit Nantais à Brest et du pharmacien Charles Daniel à Saint-Pierre-Quilbignon comme intermédiaires pour le toucher téléphoniquement au besoin, selon un code convenu au préalable.

La première occasion de venir en aide à un aviateur se déroule le 31 janvier 1942, quand le bombardier de l’aviateur Albert Leslie Wright est abattu au dessus de Brélès. Seul rescapé de son équipage (les autres morts ou capturés), le sergent mitrailleur canadien est sauvé par des fermiers du coin. Il existe au moins trois versions différentes du périple de l’aviateur jusqu’à son rapatriement sur Brest. Toutes s’accordent néanmoins sur le fait qu’Anne Le Scour et la famille Masson le prennent en charge quelques jours en l’hébergeant. Mais les contacts d’Anne Le Scour pour le rapatrier en Angleterre sont inefficaces et pour cause ; le pharmacien Charles Daniel purge une peine de prison depuis août 1941 et Jean Lavalou a quitté la France depuis octobre 1941. La solution vient alors de Paul Masson qui s’en ouvre au colonel Michel Scheidhauer. Celui-ci fait appel à la fille d’un ami, Herveline Le Guillou de Saint-Nic. Le périple de l’aviateur est loin d’être terminé mais il parviendra finalement à rallier l’Ecosse en octobre 1942 en passant par l’Espagne grâce au réseau Pat O’Leary de Marseille.

Poursuivant ses efforts clandestins, Anne Le Scour s’affilie avec Paul Masson au biscuitier Georges Lacroix dans le courant 1942. Ce dernier œuvre bientôt pour le réseau de renseignement Alliance. Outre les informations transmises, Anne Le Scour participe au recrutement d’agents potentiels. Grâce à son mari, elle recrute Jean Dréano puis elle recontacte Jean Le Guiner, qui se met à sa disposition sans pouvoir lui accorder une aide totale du fait de ses activités professionnelles. Elle revendique également avoir noué des contacts avec l’officier Le Normand, M. Clech directeur d’école à Saint-Marc, l’avoué Joseph Garion, le colonel Gabriel Groulard et le capitaine Edouard Riban. Elle aura également un lien avec le capitaine Paul Le Pouleuf.

En dehors du renseignement, Anne Le Scour se livre également à de la propagande gaulliste. Avec Paul Masson, ils se rendent chez le photographe Louis Toulouzou (1920-2012), du 5 rue Navarin. Ils lui remettent un journal datant de 1938 où le portrait de De Gaulle figure, pour qu’il puisse le dupliquer afin de le diffuser.

En mai 1943, Georges Lacroix demande à Anne Le Scour d’héberger deux aviateurs américains. Il s’agit du navigateur Homer Contopidis et du mitrailleur Walter E Minor, dont l’appareil a été abattu au dessus de Plourin-les-Morlaix le 17 mai 1943. Ils restent quatre jours chez les Le Scour à Lambézellec avant d’être confié au réseau Bourgogne.

Entre juillet en août 1943, son fils Jean Le Scour part en stage chez les F.T.P des Côtes du Nord, sur demande des responsables brestois d’Anne Le Scour. Bien que déjà traitant avec le mouvement Défense de la France (D.F), les brestois attendent plus et cherchent à sonder cet autre mouvement.

Coupée du réseau après nouvelle vague d’arrestations fin septembre, début octobre 1943, Anne Le Scour est alors mise en relation avec les membres du mouvement Défense de la France (D.F) ainsi qu’avec François Jullien et Andrée Virot du réseau Jade Fitzroy. En janvier 1944, les employées de cette dernière son arrêtées, les allemands sont sur la piste de l’agent Rose et craignant pour sa sécurité, Anne Le Scour se réfugie dans les Côtes-du-Nord durant un mois chez madame Rouault.

Elle revient à Brest et reprend contact avec la Résistance qui s’organise désormais sous la bannière des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I). Mais les arrestations de fin mai, début juin 1944 la font de nouveau quitter Brest le 3 juin pour se mettre à l’abri avec son mari Louis et son fils Jean à Penzé en Taulé, près de Morlaix, jusqu’à la Libération.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

Télécharger au format PDF

Portfolio

Anne Le Scour après guerre

Sources - Liens

  • Famille Le Scour, iconographie.
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattante volontaire de la résistance d’Anne Penguilly-Le Scour (1622 W).
  • NARA, Rapports de crash puis d’évasion des aviateurs Homer Contopidis et Walter E Minor.
  • DARSEL Joseph, La Bretagne au Combat 1939-1945, éditions Ar vorenn, 1985.
  • PICHAVANT René, Clandestins de l’Iroise - Tome 7, éditions Morgane, 2001.
  • HUGUEN Roger, La Bretagne dans la Bataille de l’Atlantique, éditions Coop Breizh, 2003.
  • KERVELLA André, Le réseau Jade, l’Intelligence Service britannique au coeur de la Résistance française, éditions Nouveau monde, 2021.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistante d’Anne Penguilly-Le Scour (GR 16 P 479154) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.

Notes

[1Né le 18/08/1921 à Brest (1E264) ?