Andrée Virot, seconde fille de François Virot, contremaître maçon bientôt directeur des travaux dans l’entreprise Limousin, Andrée-Marthe réside avec sa famille au manoir de Kerbriand (Saint-Marc) au cours des années 1920, puis au 9 de la rue Traverse. En janvier 1932, elle loue la maison sise 22 rue de Siam. Son intention est d’installer une parfumerie au rez-de-chaussée, avec salon de coiffure, et de louer les pièces situées aux quatre étages supérieurs.
Dans la nuit du 14 avril 1941, à partir de 23 heures, plus de quatre-vingt-dix avions de la RAF survolent la ville. Sept heures durant, ils larguent des tonnes et des tonnes de bombes. Les dommages créés aux habitations civiles sont considérables. Près de 400 immeubles sont touchés. Une vingtaine environ sont détruits. Dans la rue de Siam, le matin qui se lève appelle la désolation. Andrée Virot procède à l’inventaire de sa maison : toit arraché, à tous les étages les cloisons ont été soufflées. La boutique n’est pas mieux. Le résultat est clair, elle perd une grande partie de ce qui jusqu’alors assurait ses ressources. Heureusement, le domicile de sa famille, dans la rue Traverse, n’a pas été touché. Il est assez vaste, réparti sur un rez-de-chaussée et deux étages.
Disponible maintenant, elle est prête à s’opposer ou se battre à sa façon. Pas d’acrimonie contre les Britanniques qui ont ravagé ses biens. Les envahisseurs allemands en sont les seuls responsables. Après quelques hésitations, elle fait procéder à des réparations sommaires de son magasin, en confie la gestion à son employée, puis saisit la première opportunité d’aider les premiers groupes de résistants qui se forment clandestinement dans la ville, dont Défense de la France.
Au cours de 1943, elle prend domicile dans la commune de La Roche-Maurice, exactement à Pont-ar-Bled sans rompre ses attaches à Brest, où elle revient presque tous les jours, par train. Lors d’un de ses allers et retours, elle fait la connaissance de Pierre Jeanson, chef de secteur du réseau Jade, qui lui propose d’aider à la collecte de renseignements puis à la prise en charge d’aviateurs de la Royal Air Force qui, abattus par la défense antiaérienne allemande, n’aspirent qu’à rentrer outre-Manche. Le responsable du dispositif est Pierre Hentic.
En décembre de la même année, elle contribue à l’évasion réussie par mer de plus d’une vingtaine d’entre eux. Ensuite, elle s’implique encore dans la recherche de renseignements. Mais la répression qui s’abat sur le réseau, avec des arrestations qui se multiplient, l’amène à se réfugier à Paris. Elle loue un appartement rue de Vaugirard, conjointement avec Jean Person, lui-même engagé dans la résistance. Ils y sont tous deux arrêtés par la Gestapo le 10 mai 1944.
Elle est dans une cellule de Fresnes quand elle apprend le débarquement en Normandie. L’espérance d’une proche liberté l’envahit. Hélas, elle est inscrite dans un prochain convoi vers Ravensbrück. Numéro 32920F. Sa santé se détériore, une méningite la laisse sans énergie. Elle s’en remet. Un seau, un balai, des serpillières, le nettoyage des blocks lui est assigné. Les gardiennes ne parlent pas, elles aboient. Chambre à gaz, four crématoire sont des mots qui font partie de leur ordinaire. D’après elles, les cendres des morts servent d’engrais pour les champs des alentours. Mais attention : les SS ne les donnent pas, ils les vendent. Il n’y a pas de petits profits. Tout se négocie
Libérée, elle retrouve son ami Person à Paris. Ils louent un appartement rue Gay-Lussac, ils achètent un restaurant à l’enseigne de La Caravelle, où elle héberge le secrétariat de l’Union chrétienne des déportés et internés politiques. Elle rencontre un étudiant britannique francophile, John Edward Peel. Séduction réciproque. Ils se marieront le 27 mars 1951, à la mairie du 5e arrondissement. Elle ira vivre avec lui en Angleterre, à Long Ashton, où elle quittera ce monde à 105 ans.