LE GUINER Jean

Jean Guénolé Le Guiner est le fils d’une femme au foyer et d’un juge de paix. Il fait son service militaire entre 1922 et 1923 puis épouse l’institutrice Louise Jouin (1899-1997), le 22 avril 1924 à Quimper et de cette union naissent Monique (1925-2012), Nicole (1930-1939), Michèle (1934-1993) et François (1937-2014). Jean Le Guiner travaille d’abord comme caissier au Crédit Nantais de Châteaulin dans les années 1920, avant d’en devenir le directeur à la fin de l’année 1926. Il passe trois ans à la tête de l’établissement bancaire, avant d’être nommé directeur à Pont-l’Abbé en 1929, puis Brest vers 1932, en remplacement du directeur Charles Morin de la Pillière, tout juste décédé. La famille le suit à Brest et s’installe alors dans l’appartement de fonction au 6 Place de la Tour d’Auvergne.

Comme un funeste présage avant la tempête, leur fille Nicole décède en août 1939. Le mois suivant, la guerre est déclarée et compte tenu de son âge, Jean Le Guiner a probablement été mobilisé. Nous ignorons son parcours durant la Guerre 1939-1940. L’un de ses employés, Jean Cornec, est tué en septembre 1939 en Allemagne alors qu’il servait au 48e régiment d’infanterie (48e R.I).

Le directeur du Crédit nantais est à Brest sous l’occupation allemande et devant l’intensification des bombardements anglais en 1941, il fait mettre à l’abri les existences de ses clients et sa comptabilité. Bien lui en prit car en avril 1941, l’immeuble voisin est pulvérisé par les bombes, provocant au passage des dégâts sur l’immeuble du Crédit nantais. Après un mois de travaux, l’établissement bancaire rouvre dès le 19 mai 1941.

Cette même année, le réseau de résistance Johnny cherche à se développer, notamment à Brest. Le pharmacien Jean Lavalou du Guilvinec, opérant pour ce réseau ; prend contact avec le pharmacien Charles Daniel de Saint-Pierre-Quilbignon, dont la belle famille réside à Kerfeunteun. Jean Lavalou semble également connaître, ou à défaut ; pouvoir recommander le banquier Jean Le Guiner. Nous ignorons par quel truchement ce lien fut noué mais nous émettons l’hypothèse que cela fut par l’intermédiaire de Charles Daniel, qui après guerre fut client du Crédit Nantais. Il l’était peut-être déjà durant la guerre, et donc connaître, voir sympathiser avec Jean Le Guiner ? Nous ignorons également la nature des services rendus par le banquier à ce réseau. Il est également possible que Jean Le Guiner ne fut qu’un contact sympathisant, sans forcément être actif.

En août 1941, Charles Daniel est arrêté après que son nom soit trouvé par les Allemands sur un courrier de recommandation à l’opérateur radio du réseau Rolland Hascoët, fraîchement envoyé sur Brest en mission et victime d’une dénonciation de sa logeuse. Ce dernier, parvient à s’évader et trouver refuge dans le Sud Finistère. Le jeune radio ainsi que le pharmacien Jean Lavalou, trop exposés, sont alors évacués vers l’Angleterre en octobre 1941. Jean Le Guiner est de fait coupé du réseau.

En mars 1942, il postule pour intégrer le comité directeur de l’Association sportive brestoise (A.S.B).

Approché par Anne Le Scour, le banquier se met à sa disposition, sans pouvoir lui accorder une aide totale du fait de ses activités professionnelles.

En février 1943, il prend la fonction de trésorier du récent comité en charge de reconstituer le fonds d’ouvrages de la bibliothèque municipale, disparu dans un bombardement.

Après l’arrestation en juillet 1943 du jeune résistant Jean Senellier, maillon essentiel du développement du mouvement Défense de la France (D.F) en Bretagne et notamment à Brest, la structure clandestine cherche à maintenir ses contacts. La tâche revient à Maurice Prestaut et son adjoint Louis Houdy. Ce dernier bien que parisien, connaît bien Rennes et la Bretagne où il fut visiteur médical avant guerre. Le pharmacien Charles Daniel (libéré depuis l’été 1942) est alors contacté. Naturellement, ce dernier s’associe encore une fois avec Jean Le Guiner pour s’occuper spécialement de la diffusion du journal clandestin. Jacques Boulaire, originaire de Brest et étudiant à Paris, mettra lui aussi la main à la patte pour consolider les contacts avec la Capitale. C’est d’ailleurs ce dernier qui avait fourni à Jean Senellier les premiers contacts pour monter la structure à Brest à partir de pâques 1943.

Jean Le Guiner semble rencontrer en 1943 (sans précision de date), le résistant Mathieu Donnart pour la mise en place de l’Armée Secrète (A.S).

À l’automne 1943, Jean Le Guiner compte parmi les hébergeurs d’aviateurs alliés tombés en France, en attente d’une évacuation maritime. Deux opérations en novembre et décembre 1943 seront nécessaires pour parvenir à évacuer 32 candidats à l’évasion depuis les côtes de Saint-Pabu et Landéda.

En juin 1944, Jean Le Guiner se sentant menacé suite à plusieurs arrestations dans le secteur, se cache quelques jours chez Jean Glinec, instituteur résidant au 244 rue Jean-Jaurès à Brest, avec qui il travaillait déjà à la distribution de journaux et de faux papiers les mois précédents.

À l’été 1944, le banquier Brestois quitte la ville pour la région de Morlaix, Guerlesquin et Plougonven où il retrouve son cousin Robert Le Guiner (1911-1944), actif dans le groupe Drogou. Le groupe subit plusieurs arrestations, dont son cousin, suite à un parachutage. Au moment de la Libération, Jean Le Guiner organise le commandement des groupes de F.F.I au sud de Morlaix ; avec le capitaine de vaisseau en retraite De Coulay. Il prend part aux combats de Plouigneau.

Après la Libération, il intègre en tant que représentant de son mouvement clandestin, le Comité départemental de Libération du Finistère (C.D.L). En 1946, il est décoré de la médaille de la Résistance française.

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