BOULAIRE Jacques

Jacques Boulaire est lycéen, il passe son baccalauréat en 1940. Durant les grandes vacances, il fait la connaissance de Ronan Perrot, résistant dans un service de renseignement [1]. Il demande à Jacques de lui procurer des postes émetteurs que les anglais auraient abandonnés lors de la débâcle. Ronan prépare aussi un embarquement pour l’Angleterre, Jacques doit en être mais l’organisateur disparaît et ne donnera plus signe de vie. Pour ne rien arranger, la vedette sur laquelle ils devaient partir s’abîme en mer.

Retour à la vie normale pour Jacques qui intègre la classe préparatoire de l’Ecole Navale au lycée de Brest en octobre 1940 mais suite aux bombardements sur la ville, toute activité scolaire est suspendue à Pâques en 1941. Il profite de ce temps mort pour passer en zone libre et tenter un passage par les Pyrénées mais c’est un nouvel échec. Il monte à Paris pour poursuivre ses études et intègre l’Ecole des Travaux Publics en octobre 1941. Durant les vacances scolaires de l’été 1942, il retente une nouvelle fois un passage vers l’Espagne, en vain.

Au début de l’année 1943, Jacques participe à un groupe folklorique breton de la capitale. C’est là qu’il entre en contact avec le mouvement de résistance Défense de la France (D.F). Il commence la diffusion de tracts clandestins et fournit des adresses à Jean Senellier qui vient d’être chargé de former des groupes de diffusion du journal en Bretagne. Jacques recrute en juin 1943 Jeanne Laurent, puis en juillet Louis et sa mère Marie Foll pour la diffusion du journal, par l’intermédiaire de Marguerite Grigeol.

Hélas, quelques temps après en juillet 1943, Senellier est arrêté, le mouvement confie la mission à Jacques Boulaire de le remplacer. Il retourne en Bretagne et y retrouve un ami, Pierre Bernard de Brest, lui aussi résistant. Le mouvement missionne également Maurice Prestaud et Louis Houdy pour prendre la direction du mouvement en Bretagne. La coordination n’étant pas facile, les liaisons entre Prestaud et Boulaire ne seront pas tout de suite évidentes, chacun travaillant alors dans son coin.

À Brest, Jacques trouve facilement de l’aide auprès de sa tante Andrée Boulaire et de Simone Le Saout pour stocker les journaux clandestins et organiser la distribution. Sur les 8 000 journaux qui sont distribués par mois en Bretagne, près de la moitié est diffusée dans le Finistère. La distribution des journaux n’est pas la seule tâche de Jacques Boulaire, il supervise également les actions du corps-francs de Brest. Il participe même le 15 novembre 1943 au cambriolage des bureaux de l’O.B.L Nord à Brest, rue de la République. Il est également à l’origine de la création du Groupe Franc Kerhuon-Guipavas.

En mai 1944, Jacques Boulaire est convoqué à Rennes pour une réunion régionale du mouvement. Il s’y rend avec des armes dans une valise et des chargeurs et tickets de rationnement dans une autre valise. Il loge le 2 mai chez Françoise Elie qui a déjà travaillé avec d’autres brestois. Le 4 ou 5 mai il se rend à la réunion mais celle-ci est compromise par la gestapo qui arrête tout le groupe.

Minimisant son rôle dans l’organisation grâce à son jeune âge, il évite la condamnation à mort mais n’échappe pas à la déportation. Il est classé Nacht und Nebel et devient le déporté n° 39371. Il est d’abord transféré de Rennes à Compiègne puis c’est le départ pour l’Allemagne. Il passe dans les camps de Wittlich puis à Sandbostel, le mouroir de Neuengamme. Jacques est libéré par l’avance des Alliés le 29 avril 1945.

Il épouse Aline Gaillon à Brest le 15 janvier 1957. Le couple monte près de la région parisienne et s’installe à Provins (77). Ils se séparent en 1966.

Pour son action dans la résistance il reçoit les distinctions suivantes :
 Chevalier de la Légion d’Honneur (1952)
 Médaille de la Résistance (1946)

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Jacques Boulaire en 1952
Photo prise à l’occasion de la remise de l’insigne de Chevalier de la Légion d’Honneur le 14 juillet 1952.
Photo du journal Le Télégramme, tous droits réservés

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (1E268).
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 17/05/1946).
  • Brest métropole, registre d’état civil.
  • Fondation pour la mémoire de la Déportation, registre des déportés (I.250).
  • Archives nationales, témoignage de Jacques Boulaire, 1947.
  • WIEVIORKA Olivier, Une certaine idée de la résistance, Défense de la France 1940-1949, éditions du Seuil, Paris, 1995.

Remerciements à François Omnes pour la relecture.

Notes

[1non identifié à ce jour