GRIGEOL Marguerite

Marguerite Borely épouse l’officier-aéronaute militaire Augustin Grigeol 11 avril 1917 à Camaret-sur-Mer. L’année suivante leur premier enfant naît à Camaret. Après la Première Guerre mondiale, où son mari a combattu [1], la famille pose ses valises à Brest dans les années 20. Leur fille y naît en 1925. Sous l’occupation, Marguerite Grigeol est marchande de vins au 23 rue Voltaire. Sa boutique est au rez-de-chaussée, son logement au 1er étage.

Peu d’informations sont disponibles sur son entrée en résistance et son parcours avant d’entrer au mouvement Défense de la France (D.F). Elle fait partie du réseau d’évasion Bordeaux-Loupiac, probablement grâce à ses attaches à Camaret. Ce groupe rassemble, recueille et héberge des aviateurs alliés en prévision d’exfiltrations vers l’Angleterre. Elle aurait également eu des contacts avec le réseau Alliance [2] et le réseau Jade, sans forcément en faire partie intégrante.

En mai 1943, Marguerite Grigeol contacte Pierre Herpe, dont elle connaît le patriotisme, et lui demande un service. Elle héberge depuis quelque temps un résistant qui s’est blessé et qui nécessite d’être relogé pour ne pas attirer l’attention des forces d’occupation. Pierre Herpe accepte volontiers et accueille ainsi Georges Dauriac chez ses tantes Marguerite et Jeanne Ambroise au 49 rue Louis Pasteur. Dans son voisinage, se trouve également Marie et son fils Louis Foll. Elle va les mettre en relation avec Jacques Boulaire en juillet 1943. A partir d’octobre 1943, elle fournit la région de Landerneau/Plouedern en journaux clandestins, par l’intermédiaire d’Alain Abolivier.

Le 9 décembre 1943, deux résistants du mouvement abattent fortuitement le secrétaire brestois du P.P.F, Romain Arghiropol. Connus dans le quartier, recherchés par toute la police et les membres du P.P.F avides de vengeance, Marcel Morvan et Michel Toullec trouvent d’abord refuge, grâce à Georges Dauriac, chez Marguerite Grigeol. Mais elle ne peut les garder très longtemps, craignant pour sa sécurité suite aux remous médiatiques. Les résistants Lucas Gallic et Claude Thévenet récupèrent alors les deux jeunes et les conduisent en automobile à Guilers chez Mme Brissieux qui réside près de la Penfeld.

Vers le 20 mars 1944, c’est Roger Cabon, lui aussi du groupe Action Directe, qui trouve refuge chez Marguerite durant 4 jours avant de partir se cacher sur Plougonvelin. Il est recherché par la police française pour avoir refusé de répondre à une convocation.

Le 24 avril 1944, lors d’une mission sur Ploudalmézeau, Georges Dauriac est grièvement blessé au visage. Le docteur Phélippes de la Marnierre, lui aussi résistant du mouvement, fonce récupérer le blessé et parvient à le conduire à son cabinet de la rue Voltaire à Brest pour l’opérer. Alors qu’il n’est pas encore réveillé, le mutilé est transporté chez Marguerite Grigeol au 23 de la même rue, pour être caché car l’alerte a été donnée et les résistants sont désormais traqués par les allemands. Il y reste quelques jours sous les bons soins de Marguerite avant d’être transféré dans une autre cache.

A noter également que Marguerite Grigeol hébergea, à une date inconnue, trois ressortissants Belges, ouvriers déserteurs de la Todt. Elle participe également au transport de faux papiers, puis d’armes à Brest avec Louis Mongour. Son activité durant la bataille de Brest en août et septembre 1944 nous est inconnue. Son logement, détruit durant le siège, elle aménage après-guerre dans la cité Kerigonan à Brest.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives de Brest, fonds Défense de la France (51 S).
  • La Dépêche de Brest, éditions de Brest et de environs.
  • COSSIRA Henry, A travers les départements meurtris : Le Finistère, 1948.
  • MONGOUR Louis, témoignage tapuscrit, 1949.
  • PICHAVANT René, Clandestins d’Iroise - Tome 4, éditions Morgane, 1988.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de Résistante de Marguerite Grigeol (GR 28 P 4 238 47) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Gilles Cardinal pour son aide aux recherches généalogiques sur Marguerite Grigeol et Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.

Notes

[1Il faisait partie d’une unité d’artillerie, en tant qu’observateur en ballon.

[2Il peut s’agir d’une mauvaise compréhension, compte tenu de la proximité du réseau Alliance et de D.F.