Pierre Émile Edmond Léon Marie Herpe réside à Brest au 49 rue Louis Pasteur. Quand la guerre éclate, il est mobilisé et sert dans la Marine Nationale en 1940. A la débâcle, il quitte Brest le 18 juin 1940 à bord d’un navire de Douarnenez qui file vers le Maroc. En cours de route, les ordres changent et le navire débarque la dizaine de brestois au pays Basque. Très probablement mis en congés d’armistice, le jeune Pierre travaille alors dans une ferme durant deux mois avant de rentrer dans la cité du Ponant.
De retour en sa commune natale, Pierre Herpe semble reprendre ses études jusqu’en 1942. Il fait également partie des équipes de la Défense Passive de Brest [1]. Il trouve par la suite un emploi à l’Office central pharmaceutique de Brest mais de part son âge, il est rapidement concerné par les mesures de conscriptions obligatoires en fin 1942 ou celles du Service du travail obligatoire (S.T.O) au début 1943. Deux versions différentes, mais potentiellement concomitantes, s’ensuivent sur son parcours. La première évoque une fuite sur Paris quelques temps avant de revenir sur Brest après s’être fait assurer un poste à l’arsenal. La seconde relate que Pierre Herpe aurait travaillé quelques temps dans l’organisation Todt avant de réussir à se faire affecter à l’arsenal de Brest comme dactylographe au service des trains, semble t-il au début 1943.
Ce n’est pas la seule incertitude dans son dossier. Car de manière constante, Pierre Herpe a toujours revendiqué avoir appartenu à la Résistance à partir de juillet 1942. Ce qui n’est pas possible puisqu’il indique lui même avoir été approché par Jean Cadiou à partir de sa prise de poste au service des trains à l’arsenal. Il y a donc anticipation sur son entrée en Résistance. Il n’en demeure pas mois que le jeune brestois, sans être à part entière intégré au réseau Confrérie Notre-Dame, fournit dès lors des informations sur les départs des sous-marins. Pour se faire, Pierre Herpe surveille les arrivées des trains de nuit, si il repère des citernes, il fonce prévenir son contact.
En mai 1943, Marguerite Grigeol, marchande de vins de la rue Voltaire, fait une requête à Pierre Herpe dont elle connaît le patriotisme. Elle héberge depuis quelques temps un résistant qui s’est blessé et qui nécessite d’être relogé pour ne pas attirer l’attention des forces d’occupation. Pierre Herpe accepte volontiers et accueille ainsi Georges Dauriac chez ses tantes Marguerite et Jeanne Ambroise au 49 rue Louis Pasteur. C’est ainsi que Pierre Herpe rejoint le futur groupe : Action Directe du mouvement Défense de la France (D.F).
La maison de la famille Herpe devient vite une cache pour les armes et munitions. Pierre Herpe s’adonne aussi à la fabrication de fausses cartes d’identité. Le jeune résistant sert aussi d’agent de liaison et de diffusion du journal clandestin du mouvement. Il recrute également Gaston Viaron et Georges Laurent dans la résistance et les fait entrer au groupe Action Directe.
Le 24 avril, avec Yves Hily, Georges Dauriac et Georges Laurent, Pierre se rend en traction à Ploudalmézeau pour y dérober des tickets d’alimentation. L’opération est une réussite jusqu’au moment où la voiture termine sa course dans un pylône. L’accident est violent, les résistants se sauvent comme ils peuvent. Pierre Herpe et Georges Laurent parviennent à Saint-Pabu où l’abbé François Falc’hun (1896-1973) les recueille. Pierre ne peut pas repartir, il a le menton ouvert et le nez fracturé. Le recteur cache le jeune blessé dans les combles du presbytère et confie sa bicyclette au second résistant, qui rallie Brest pour donner l’alerte. C’est la tante Jeanne Ambroise qui fait l’aller retour pour rapatrier son neveu, qu’elle dépose dans la foulée chez le docteur Phélippes de la Marnierre. L’opération se fait sans anesthésie, le médecin retire à Pierre Herpe des morceaux de cloison nasale. Le 27 avril, et les jours suivants, ce sont les docteurs Quentel et Gloaguen qui soignent sa blessure.
Alors qu’une vague d’arrestations touche le mouvement, le gendarme Lucas Gallic parvient à prévenir la famille Herpe que les agents du S.D sont sur leurs traces. Pierre et ses deux tantes quittent Brest en mai 1944 pour se réfugier sur Paris au boulevard des Invalides chez Mme Jourdan, employée du général en retraite Henri Niessel.
Sur place, Pierre Herpe intègre la Résistance parisienne sous les ordres de M. Miette, responsable des Batignolles pour le Front National. Avec ce pharmacien, le brestois participe à la libération de la capitale en août 1944.
Pour son action dans la résistance, il reçoit les distinctions suivantes :
– Médaille Militaire
– Croix de Guerre 1939-1945, avec palme
– Croix du Combattant 1939-1945
– Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
– Médaille de la France libérée
– Médaille Commémorative française 1939-1945, barrette Libération
– Médaille des blessés de guerre
Après guerre, il épouse Yvonne Morizur le 28 janvier 1949 à Brest et cette union naissent 6 enfants .