VIARON Gaston

Gaston Viaron travaille comme fumiste dans l’installation de chauffage. Il réside au 57 rue Kéravel à Brest et parmi ses voisins, figure le facteur Yves Lesteven. Outre ses activités professionnelles, Gaston Viaron fait partie de la Défense Passive (D.P) durant la guerre.

Il entre en résistance en août 1943 grâce à son cousin Julien Kervella et intègre le groupe Action Directe, corps-franc du mouvement Défense de la France. Le 25 avril 1944, il assiste à une réunion du groupe en prévision des opérations prévues pour le lendemain. Au programme, élaboration du plan jusque tard dans la nuit. La réunion se déroule chez les Kervella, rue de la Vierge. A l’issue, tous dorment sur place, comme ils le peuvent sur le plancher, faute de lits. Le 26 avril 1944, il participe au vol à la mairie de Gouesnou d’un stock de grenades et munitions pour un poids estimé de 600 kilos. Contribuent à l’opération : Pierre Beaudoin, Francis Beauvais, Yves Hily, Julien Kervella, Georges Hamon, Lucas Gallic et Yves Hall. Le 25 mai 1944 vers deux heures du matin, le 105 rue de la Vierge est réveillé par Laurent Georges. Julien Kervella ouvre sans se méfier, mais ce sont les allemands qui entrent dans la maison et arrêtent tout le monde. Julien Kervella et Gaston Viaron sont envoyés à l’école Bonne-Nouvelle, siège de l’Aussenkommando du S.D de Brest, pour interrogatoire tandis que Anne-Marie Kervella et sa fille Yvonne sont envoyées au poste de police de Saint-Martin.

Jugé et condamné à mort le 9 juin 1944, sûrement par résonance avec l’actualité provoqué par le débarquement en Normandie. Les trois résistants Yves Hily, Julien Kervella et Gaston Viaron sont fusillés le lendemain à Brest.

Franz U. Eich, curé de Brest pour l’armée allemande :
Puis Gaston Viaron fut amené sur le lieu de l’exécution. Je l’accompagnai. Lui aussi eut une attitude parfaite. Il s’avança sans peur et le regard droit. Il écouta avec attention la lecture du jugement. Lorsque je lui donnai ma bénédiction, il se signa, puis il mourut sans avoir prononcé une parole. Lui aussi est mort en Héros.

Le lieu d’inhumation des trois fusillés est tenu secret par l’armée allemande. Défaite en septembre 1944, les occupants ne livreront jamais le lieu aux familles. Le 21 février 1945 des fouilles sont entreprises à Pontaniou et sur le Bouguen pour retrouver d’éventuels corps des résistants disparus à la libération. Le long de l’ancien champ de tir du Bouguen, trois corps sont retrouvés. Pris pour des marins allemands, les dépouilles sont inhumés à Kerfautras dans un premier temps. Leurs effets personnels sont néanmoins mis à disposition des familles françaises qui réclament de pouvoir les vérifier, au cas où. La famille d’Yves Hily reconnaît dans les affaires des effets de leur disparu, une étude plus approfondie est alors effectuée en mars sur les corps et rapidement celui de Gaston Viaron est identifié. Le corps est restitué à la famille, permettant ainsi des obsèques le 20 mars 1945.

A titre posthume, pour son action dans la clandestinité, il reçut la Médaille de la résistance française en 1947. Une rue porte son nom à Brest depuis 1977 dans le quartier des Quatre-Moulins. Une plaque fut apposée sur l’ancien domicile de Julien Kervella, entre le 45 et 47 rue de Glasgow anciennement au 105 rue de la Vierge. Cette plaque est toujours visible de nos jours mais une stèle fut érigée sur le plateau du Bouguen en 2004 pour regrouper la mémoire de ces résistants.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Ancienne plaque commémorative de la rue Glasgow
Aurait du être démontée en 2004, laissée à l’abandon, elle est repeinte par un inconnu en 2019.
Plaque commémorative du Bouguen
Inaugurée en 2004 lors du 60e anniversaire de la Libération.
Crédit photo : Gildas Priol

Sources - Liens

  • HALL Yves, témoignage tapuscrit, non daté, recueilli par Roger Pétron.
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 26/07/1947).
  • Archives F.F.I de Brest, déposition du curé allemand Franz U. Eich (1946) et archives de Baptiste Faucher.
  • Archives municipales de Brest, registre du personnel de la Défense Passive (4 H), registre d’état civil et dossier biographique de Gaston Viaron (22BIO10).
  • Le Télégramme, éditions des 17 et 18 mars 1945.
  • BROC’H François, alias Florette, J’avais des camarades - ou "Souvenirs" de quatre années de résistance dans le Finistère, août 1940 - août 1944, éditions Le Télégramme, Brest, 1949.
  • THOMAS Georges-Michel & LE GRAND Alain, Le Finistère dans la guerre - Tome 1, éditions de la Cité, 1979.
  • BOHN Roland & LE BRAS Joël, Chronique d’hier - Tome III, La vie du Finistère 1939-1945, éditions Union nationale des combattants, Section de Lesneven, 1995, pages 278, 279 et 280.
  • KERVELLA André, Brest Rebelle, éditions Skol Vreizh, 1998, pages 310 et 320.
  • CISSÉ Gérard, Rues de Brest, de 1670 à 2000, éditions Ar Feuntelin, 2012, page 457.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistance de Gaston Viaron (GR 16 P 592437) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier d’attribution de la mention Mort pour la France de Gaston Viaron (AC 21 P 688263) - Non consulté à ce jour.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture.