Note du rédacteur : Le parcours de Claude Thévenet semble se perdre entre la fantaisie et la réalité. Il est difficile de définir avec exactitude la part du vrai et du faux tant le dossier est complexe. L’homme sera tourmenté juridiquement après guerre par d’anciens concurrents ayant eu des parcours assez troubles sous l’occupation, ce qui pourrait expliquer cette amplification démesurée de son activité de résistant, en guise de défense désespérée. Cette biographie est donc à lire avec du recul en attendant, éventuellement, des éléments plus tangibles.
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La famille Thévenet arrive à Brest en 1898 pour installer le Tramway. Claude Thévenet lui, fait ses classes dans la Légion Étrangère en Syrie de 1920 à 1922. Sous l’occupation il réside au 48 rue de Siam dans un petit appartement au 5ème étage. Il est garagiste rue du Moulin à Poudre à Kérinou en Lambézellec et loue également un petit appartement rue Anatole France. Mobilisé à la déclaration de la guerre, il participe à la campagne de 1940. Il regagne Brest vers août 1940.
Dès octobre 1940, il propose des installations au Gazogène à bois pour les véhicules dans son garage du 6 rue Moulin-à-Poudre en Kérinou. Il y effectue également des sabotages mécaniques ou répare avec une extrême lenteur les véhicules confiés par l’occupant. Provoquant ainsi leur colère et des menaces (voir lettre dans le portfolio en fin de biographie).
Il aide à l’hébergement de l’aviateur John S. Paton du bombardier abattu le 24 juillet 1941. Ce dernier parviendra à regagner l’Angleterre en janvier 1942 après être passé par Paris et l’Espagne. Ce pilote aurait transmis à deux agents de l’Intelligence Service l’adresse de Claude Thévenet. Ceux-ci en mission à Brest, lui aurait rendu visite à différentes reprises pour des prises d’informations.
En mai 1943, il est contacté par le gendarme Lucas Gallic pour intégrer la résistance.
Il semble être passé devant le Conseil de Guerre allemand, 17 rue Jean-Jaurès en juillet 1943, il en sort avec une amende de 50 000 francs assortie d’une peine de 18 mois de prison.
Peine qu’il ne semble pas purger compte tenu de son entrée dans le groupe Action Directe, corps franc du mouvement Défense de la France en novembre 1943, toujours grâce à Lucas Gallic. Il se met à diffuser les journaux clandestins du mouvement et met sa voiture à disposition des opérations du groupe. Il leur fournit également des renseignements sur l’occupant et les collaborateurs.
Après l’assassinat fortuit de Romain Arghiropol, secrétaire du Parti Populaire Français (P.P.F) par Marcel Morvan et Michel Toullec, les deux jeunes résistants sont traqués. Lucas Gallic et Claude Thévenet récupèrent alors les deux jeunes et les conduisent en automobile à Guilers chez Mme Brissieux qui réside près de la Penfeld. Le gendarme Gallic désarme au passage les deux jeunes, qui ne comprennent pas cette décision. Quelques jours plus tard, Marcel et Michel quittent Guilers en mauvais termes avec la résistance brestoise.
Claude Thévenet sabote également deux moteurs de l’entreprise Sparfel & Brunet des carrières d’Arvor. Ces pierres servaient à la construction des fortifications sur la cote. Il coupe également un câble téléphonique allemand entre Landerneau et Sizun.
Il participe à un transport d’armes pour le groupe Action Directe, et aide des réfractaires au Service du Travail Obligatoire (S.T.O).
A une date non précisée, il indique avoir saboté, sur demande de Paul Fonferrier, alors responsable militaire de la résistance pour le Finistère, la voiture du Major allemand Bolten. Cette voiture aurait eu un accident dans les environs de Landivisiau, tuant le major et un Général allemand dénommé Von Herpp ou Von Herpn.
Il déclare en 1946 avoir été arrêté à Locmelar en Sizun au cours de l’année 1944 [1] par les membres du Kommando Schaad et une cinquantaine de parachutistes. Il explique sa présence là-bas par la mission qu’il s’était donné pour mettre fin aux activités néfastes du collaborateur Jean Corre d’Hanvec. Malgré les 3 enquêtes disponibles et deux témoignages des membres du Kommando Schaad, dont celui de Jean Corre, aucune trace de cette arrestation n’a été trouvée à ce jour.
Schaad voulait que je cite les noms des chefs [...] Je connaissais tous les résistants de Brest de longue date. Personne n’a été inquiété du fait de mon arrestation.
Toujours dans sa déclaration, Claude Thevenet indique avoir été transféré à l’école Bonne-Nouvelle de Kérinou. Il y aurait ainsi partagé la cellule de Georges Hamon, où ce dernier serait mort de ses blessures. Le corps de Georges Hamon sera retrouvé dans le charnier du Bouguen en 1962 lors de fouilles.
Claude Thévenet passe sous silence les conditions de sa libération et laisse entendre que son mutisme a payé.
Claude Thévenet déclare avoir combattu dans les Forces Française de l’Intérieur (F.F.I) mais sans préciser son unité. D’après Baptiste Faucher, commandant des F.F.I de l’arrondissement de Brest, Claude Thévenet ne figure pas sur les états nominatifs. Ce qui n’exclu pas qu’il ait pu combattre ailleurs que dans la région de Brest.
Son appartement de la rue de Siam sera totalement détruit durant le siège, il est sinistré total.
La sépulture de Claude Thévenet se trouve dans le cimetière de Recouvrance à Brest [Carré 2, Rang 10, Tombe 14]
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