LESVEN Julien

Julien François Marie Lesven, plus connu sous le prénom Jules Lesven, est forgeron et syndicaliste à l’arsenal de Brest. Il épouse Marie Yvonne Kerrien (1908-2000) en octobre 1929 à Plouescat. Le couple a deux enfants avant guerre [1] et réside à l’Allée verte. Il adhère au Parti communiste français (P.C.F) en 1935. À la suite du pacte germano-soviétique en 1939, le P.C.F est interdit en France. À Brest, il se refonde dans la clandestinité, notamment à l’arsenal sous l’impulsion de Jules Lesven. Avec Jeanne Goasguen et Eugène Kerbaul, il fait partie du Triangle de direction du P.C.F clandestin de Brest.

En mai 1940, en pleine débâcle, Jules Lesven participe à une réunion des militants du P.C.F au Dourjacq. Les personnes présentes décident de poursuivre le militantisme. Il est impensable à ce moment là, de voir les Allemands à Brest et davantage de questions surgissent lors de cette réunion, que de fermes résolutions. En juin 1940, l’avance allemande est sérieuse et des consignes sont données pour détruire le matériel qui risque de tomber dans leurs mains. Dès lors, les communistes se livrent, comme d’autres patriotes, à la destruction de leurs outils de travail. Les éléments des armées françaises et anglaises se livrent également aux destructions. Le 16 juin, Pierre Corre, Jules Lesven et Jean Le Nédellec parviennent à récupérer des armes et munitions anglaises au Bouguen, qu’ils entreposent chez ce dernier.

Au lendemain de l’entrée des Allemands à Brest, le 20 juin 1940, plusieurs réunions du P.C.F sont organisées à Brest. Jules Lesven assiste à celle chez les Goasguen, en présence de Raymonde et André Vadaine, Carlo et Aline De Bortoli. Tous sont partant pour continuer le militantisme clandestin pour le parti. Il en est de même dans les autres réunions. Dans la foulée, Jules Lesven et le Triangle du parti font passer le message aux communistes militaires de ne pas se rendre au château où ils doivent se rendre obligatoirement pour régulariser leur situation. Ceux qui répondront à cette convocation seront tous envoyés dans des Stalag en Allemagne pour le reste de la guerre. En août, Jean Le Nédellec et Jules Lesven forment des petits groupes pour barbouiller sur les murs des slogans militants. Fin 1940, Jules Lesven laisse sa place au sein du Triangle de direction à Roger Chaigneau, de retour à Brest suite à sa démobilisation. Lesven renforce alors la direction du P.C.F à l’arsenal.

L’instauration de l’Organisation Spéciale (O.S) à Brest se déroule dans les premiers jours de janvier 1941 sous l’impulsion de Robert Ballanger. Ce dernier rencontre entre autres, Jules Lesven et officialise la création de cette structure para-militaire dont les buts premiers sont la protection des membres du P.C.F et les représailles (attentats et sabotages) envers les troupes d’occupation.

À la tête de l’O.S Arsenal de l’arsenal on retrouve Mathurin Le Gôf, Pierre Corre, Lucien Kerouanton et Jules Lesven. Ils organisent les premiers sabotages de ce mouvement en janvier 1941 à l’arsenal. En parallèle, Pierre Corre et Jules Lesven construisent une presse clandestine qu’ils parviennent à faire sortir de l’arsenal. Il recrute Louis Morvan en février. En mars 1941, il aurait participé avec Carlo De Bortoli à l’immersion dans la rade de trois ou cinq corps de soldats allemands, abattus par l’O.S de Brest dans une embuscade au port de commerce. Jules s’adonne également avec Le Gôf à la fabrication de poudre d’émeri, déversée ensuite dans les boîtes de graissage des trains de l’arsenal.

Après l’arrestation de Chaigneau, Jules Lesven le remplace une nouvelle fois au Triangle de direction du parti. Peu de temps après, c’est Kerbaul qui est arrêté. Ne reste plus que Jules et Jeanne Goasguen à la direction. Entre juillet et août 1941, ils créent un Secours populaire clandestin, pour aider les familles des patriotes arrêtés à subvenir à leurs besoins. La direction de cet organe solidaire est confiée à Jean Le Nédellec, Pierre Corre et Marie Miry.

L’exécution des otages de Châteaubriant provoque de vives réactions à Brest, le Triangle dépose une gerbe à la mémoire des fusillés. C’est Jules Lesven qui assure le service de sécurité de la manifestation commémorative, il fait disperser le groupe à l’arrivée de la police. Fin décembre, une réorganisation s’opère à la tête du P.C.F. Trop exposés, Jeanne Goasguen et Jules Lesven sont remplacés par Charles Cadiou, Mathurin Le Gôf et Yves Prigent.

Début 1942, il organise à l’initiative de Robert Ballanger, le premier Triangle Militaire de l’organisation communiste à Brest avec Pierre Corre et Lucien Kerouanton dans le but de mieux coordonner les actions des groupes de l’O.S. Un sabotage coordonné d’ampleur est prévue à l’arsenal mais avant, Jules Lesven, Pierre Corre et Albert Rolland glissent une bombe dans la cave du débit Quéré, au 9 rue de la Vierge à Brest, le 14 février 1942. On décompte six allemands et cinq français blessés. En mars 1942, ils organisent le sabotage des sous-stations électriques à l’arsenal, prévu pour le 26 du mois. En avril, il fournit des contacts à Pierre Corre dans la région de Carhaix pour y développer des groupes de l’O.S en Bretagne. La direction du P.C.F incite Jules Lesven et ses camarades à faire des actions éloignées pour ne pas être reconnus plutôt que des actions locales.

En mai 1942 à Brest, les groupes de l’O.S deviennent des Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P). En juillet, Lesven devient le 1er Départemental F.T.P, chargé de coordonner l’action des groupes dans le Finistère. Pour mener à bien sa mission il s’entoure de Pierre Corre, chargé des effectifs et du recrutement, Pierre Berthelot, spécialiste des explosifs, Adolphe Le Roux, chargé du renseignement. Décembre 1942, Jules Lesven est appelé à prendre de plus grandes responsabilités, il devient le responsable interrégional du P.C.F clandestin pour l’Ouest.

Il est arrêté par des policiers français le 7 mars 1943 au Mans. Jules Lesven tente alors de s’évader mais il est repris. Torturé par les policiers français, il est remis aux Allemands qui le condamnent à mort. Le 1er juin 1943, quelques heures avant d’être fusillé au camp d’Auvours à Champagné avec Pierre Corre et Alex Auvinet, Jules Lesven rédige une dernière lettre (voir portfolio).

Pour son engagement clandestin, Jules Lesven reçoit à titre posthume la médaille de la Résistance française en 1953. En sa mémoire, une rue du Dourjacq depuis octobre 1945 et un établissement scolaire, portent son nom à Brest. Le 1er juin 2018, pour commémorer le 75ème anniversaire de sa disparition, l’établissement scolaire éponyme a organisé une journée mémorielle avec différentes associations brestoises.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Dernière lettre de Jules Lesven
Archives de Brest - 100S1
Commémoration du 75e anniversaire de la disparition de Jules Lesven
Crédits photos : Lycée Jules Lesven
Commémoration du 75e anniversaire de la disparition de Jules Lesven
Crédits photos : Lycée Jules Lesven

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, dossier biographique de Julien Lesven (12BIO156).
  • Archives Départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance de Jules Lesven (1622 W).
  • Ordre de la Libération, registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 27/10/1953).
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), édition à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), édition à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de Résistant de Julien Lesven (GR 16 P 368102) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier d’attribution de la mention Mort pour la France à Julien Lesven (AC 21 P 563001) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.

Notes

[1Un troisième naît en mars 1942.