Jean Le Nédellec est né le 26 mars 1912 à Plusquellec (22). Fils de cultivateurs, il est marié à Angèle Kerlirzin. Ils ont deux enfants et habitent Brest. En 1938, sous l’influence de sa femme, il adhère au Parti Communiste Français (P.C.F) et devient un syndicaliste de la Confédération Générale du Travail (C.G.T) très actif dans le paysage brestois. Il est ouvrier électricien à l’arsenal quand le conflit éclate.
Vers la fin 1939, suite à l’interdiction du P.C.F par le gouvernement Daladier, il participe à la restructuration du parti dans la clandestinité à l’arsenal de Brest et à sa première propagande illégale.
Le 17 juin 1940, avec l’accord des troupes anglaises évacuant Brest, il récupère avec l’aide de quelques camarades résistants dont Pierre Corre et Jules Lesven, des armes et munitions du côté du fort du Bouguen. Il entrepose ce stock d’armes [1], dans la cabane de son jardin, située sur le plateau du Bouguen. Sans cela, ces armes seraient tombées aux mains des Allemands qui avancent rapidement sur Brest. Une partie du stock est ensuite acheminée vers Trédudon-le-Moine, par les trois camarades.
A partir du 1er juillet 1940, Jean Le Nédellec, propagandiste, diffuse des journaux et tracts anti-allemands du P.C.F et du Front National. Il réalise des inscriptions murales et colle des affichettes dont beaucoup sont calligraphiées par ses soins.
À partir de 1941, il crée et dirige avec le concours de Jules Lesven, Jeanne Goasguen, Pierre Corre et Marie Miry une organisation clandestine de solidarité pour venir en aide aux familles de victimes des troupes d’occupation à Brest et ses environs. Dès août 1941, les familles en difficultés recevront cette aide grâce aux quêtes efficaces et discrètes effectuées au sein de l’arsenal. Il charge également ses parents ; François Le Nédellec et Anne-Marie Le Tannou, basés à Plusquellec (22) et entrés en résistance, de faire des collectes régulières auprès des personnes de confiance du canton. Ces derniers l’approvisionnent régulièrement et lui fournissent tant bien que mal, des denrées alimentaires issues de leur ferme. Jean devient le responsable local du Secours Populaire brestois à partir du début de l’année 1942. Il en prend la pleine responsabilité départementale au cours de l’été de cette même année après l’arrestation de Jules Lesven.
Sergent, adjoint au chef de groupe [2] à la tête d’un groupe de 12 hommes à l’arsenal de Brest. Il est également agent de liaison et conserve des documents de la Résistance chez lui. Il héberge des résistants traqués par la police allemande. Il en recrute également tel que Guy Drogou en mars 1942 par exemple.
Avec les principaux chefs des Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F), il participe à l’organisation de grèves patriotiques à l’arsenal de Brest en octobre 1941 et le 14 juillet 1942 des sabotages y ont lieu également. L’épisode de mai 1941, organisé par lui-même et Eugène Kerbaul, Jules Lesven, Pierre Corre et Mathurin Le Gôf montre son action au sein de la Résistance brestoise : des wagons prévus pour dix tonnes de fer en reçoivent vingt afin que leurs ressorts plient et que le matériel s’use très vite. De la poudre d’émeri est déposée dans les boîtes de graissage des essieux des wagons.
Le 26 mars 1942, il participe au sabotage de sous-stations électriques : il fait partie de l’une des neuf équipes constituées pour la mission, se répartissant différents sites d’interventions. Afin de faire sauter certaines sous-stations, ces groupes utilisent de la mèche à briquet d’essence. L’effet du sabotage est considérable : Trois stations au moins sont hors-d’usage. Certains secteurs de l’arsenal furent privés d’électricité pendant cinq jours, paralysant ainsi une partie de l’activité.
Le 1er octobre 1942, le domicile de Jean et Angèle est perquisitionné par le S.D et la police vichyste. La tentative d’arrestation échoue car Jean est prévenu à temps. Angèle, par un sang froid admirable, arrive à camoufler le stock d’armes caché dans leur propriété. Le 5 octobre 1942, une partie de ce stock fut sauvé par l’intervention de son frère, Roland Le Nédellec et Jean-Louis Primas qui transportèrent probablement les armes à Plusquellec (22), dans la ferme des parents de Jean.
Le 17 octobre 1942, sa femme Angèle est arrêtée. Jean, prévenu à temps, arrive à s’échapper de Brest et rejoint son département d’origine. Là-bas, il renoue des liens avec le P.C.F clandestin et reprend le combat.
Le 1er décembre 1942, il est reconnu par un chef de brigade de gendarmerie. Il est arrêté à Gommenec’h (22) dans une ferme par le Service de Répression des Menées Antinationales (S.R.M.A.N).
Jean est interné successivement aux prisons du château de Brest, Jacques Cartier à Rennes puis Fresnes. Malgré les mauvais traitements, c’est avec tenue qu’il fait face à son jugement le 28 août 1943 devant le Conseil de Guerre allemand du Grand Paris où 19 personnes de son groupe furent condamnées à mort et fusillées au Mont-Valérien le 17 septembre 1943.
Accusé de sabotages et attentats contre l’armée d’occupation, il est cependant acquitté au bénéfice du doute, faute de preuves tangibles. Seules trois personnes seront acquittées sur les 22 prévenus. Grâce à son mutisme absolu sous la torture des allemands. Il sauve ainsi la vie à plusieurs résistants de son groupe. Les mauvais traitements infligés pendant ses neuf mois d’emprisonnement, dont 40 jours de cachot, lui laisseront quelques sérieuses séquelles après-guerre.
Aussitôt relâché, il reprend contact avec les F.T.P.F des Côtes-du-Nord et du Finistère. Le 19 septembre 1943, il entre au maquis, probablement dans la région de Scrignac-Bolazec puis la région de Lohuec-Plourac’h-Callac. Au sein de son organisation - devenue par la suite - une membrane du Bataillon F.T.P.F Giloux, il opère sous les ordres d’Albert Yvinec, dit Capitaine Callac. Probablement dans la section Pierre Le Gac, dirigée par Adolphe Le Roux. Il prend également contact avec le service d’espionnage des Alliés et participe aux luttes de la libération de Callac (22) et des environs. A la tête d’un groupe d’homme pour les combats de la libération de Callac-Scrignac-Guerlesquin (du 3 au 5 Août 1944).
Démobilisé le 1er octobre 1944, Jean Le Nédellec retourne avec sa famille sur Brest et continue une vie syndicale et ouvrière très active. Il assure même - à titre provisoire - la fonction d’élu municipal de la ville de Brest. L’après-guerre est pour Jean, une période durant laquelle il donne beaucoup de son temps pour aider ses camarades à obtenir les distinctions et décorations dues pour leur engagement au sein de la Résistance.
Jean Le Nédellec est titulaire de la carte du Combattant Volontaire de la Résistance n°2077, du certificat d’appartenance à la Résistance n°1220, du certificat de notification d’homologation de grade de sergent dans la Résistance n°252, de la carte du combattant de la guerre 1939-1945 n°94432, de la carte d’interné de la Résistance n°1204-01911.
Il a été décoré de la médaille Militaire, de la Croix de Guerre 39/45, avec palme en 1949 pour Service exceptionnels de guerre et de Résistance et a reçu les témoignages officiels de satisfaction du ministre de la Marine pour attitude courageuse contre l’ennemi pendant l’occupation, Résistance clandestine et activité dans les combats de la libération en 1947.
Il s’éteint à Brest le 26 mars 1975 à l’âge de 63 ans, en partie à cause des suites des supplices endurés pendant sa période de captivité.