PRIMAS Jean-Louis

Jean-Louis Primas obtient son certificat d’études primaires puis travaille comme garçon épicier à Lanester. Il adhère à la Confédération générale du travail unitaire (C.G.T.U) puis au Parti communiste français (P.C.F) au début des années 1930. Lors de la Guerre d’Espagne, il combat dans les rangs des Brigades internationales. En âge d’être mobilisé, nous ignorons son activité à partir de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Il semble néanmoins se trouver dans sa région natale au début de l’occupation allemande. Fidèle au parti, il poursuit son militantisme dans la clandestinité.

Il serait entré en Résistance active contre l’occupant au début de l’année 1941 en participant à l’instauration des groupes de l’Organisation spéciale (O.S) dans le Morbihan. Aux côtés d’Albert Le Bail, il contribue également à l’implantation du mouvement du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (F.N) à Lanester. L’année 1942 voit les groupes de l’O.S se diluer dans la nouvelle organisation militaire des communistes ; les Francs-tireurs et partisans (F.T.P). Jean-Louis Primas commet alors de plus en plus d’actions contre l’ennemi. En février 1942, il incendie une cuve à mazout au Priatec à Lorient. Des mars à juin, il privilégie les attaques sur les sources d’énergie électrique et le réseau électrique. Plusieurs transformateurs, répartiteurs et pylônes sont alors visés, comme celui au Rest-Scouhel à Caudan.

Suite à des arrestations sur Lorient dans les rangs communistes en juillet 1942, dont celle de François Cornn [1], Jean-Louis Primas et Louis Le Bail quittent le département pour trouver refuge à Brest. Sur place, le morbihannais est hébergé notamment par Marie Miry et Anne Ropars. Il loge aussi un temps au 37 rue de la République.

Jean-Louis Primas n’est cependant pas venu en villégiature dans la Cité du Ponant. Le jour même de l’arrestation de son camarade Albert Le Bail [2] à Lorient, père de Louis Le Bail, Jean-Louis Primas réalise un premier attentat (de représailles ?) contre le siège du Mouvement social-révolutionnaire (M.S.R) situé au 69 rue Jean-Jaurès à Brest. Celui-ci est réalisé dans la nuit du 13 au 14 juillet 1942, par un groupe de F.T.P de Brest, emmené par Jean-Louis Primas. Le mois de son arrivée, il demande également à Raymonde Vadaine d’essayer de lui procurer une arme. Ce qu’elle fait en parvenant à récupérer un pistolet allemand à son poste de travail à l’arsenal.

Le 21 août 1942 vers 19h20, sur la base d’informations collectées par Adolphe Le Roux et avec la couverture d’Albert Rolland et de Joseph Ropars, le lanestérien Jean-Louis Primas attente à la vie du brigadier Jules Guivarc’h [3], devant son domicile du 6 rue Richelieu à Brest. Bien que blessé, le policier en réchappe. Il avait été condamné à mort par un tribunal populaire de la Résistance brestoise (composé d’Albert Abalain, de Pierre Corre et d’Eugène Lafleur), pour avoir refusé de rétracter son faux témoignage ayant fait condamner à mort Carlo De Bortoli.

Dans la nuit du 9 au 10 septembre 1942, Jean-Louis Primas est de retour sur Lorient où il se livre à trois attentats sur la permanence du Francisme située 11 place d’Alsace-Lorraine, la permanence de la Légion tricolore située 18 rue du Maréchal Foch et le commissariat spécial du 3 rue de Verdun. Là encore il ne s’attarde pas sur le secteur et remonte à Brest. Avec Pierre Corre, ils mettent sur pieds deux attentats visant le Gasthaus du 93 rue Jean-Jaurès et la SeeKommandantur. Alors que les charges explosent dans la nuit du 19 au 20 septembre 1942, Jean-Louis Primas est déjà sur sa prochaine opération. Accompagné de Louis Le Bail, ils sont repartis sur Lanester pour faire sauter dans la nuit du 20 au 21 septembre 1942, le poste de sectionnement électrique de Belane. Cette opération prive de courant les villes de Port-Louis, d’Hennebont et les forges de Lochrist durant une bonne partie de la journée du 21.

Le 26 septembre 1942, le résistant F.T.P Raymond Hervé [4] est arrêté une seconde fois. Les charges sont lourdes contre lui... Durant de sa première détention, il s’est évadé grâce à trois camarades lors de son passage devant le juge Lebras à Nantes et dans la fuite, le magistrat a été tué. Les policiers ne sont donc pas tendre avec lui et sous les coups, Raymond Hervé donne l’identité d’un camarade ainsi qu’un pseudonyme : Raymond Douarin. Dès le lendemain, par recoupements, ce pseudonyme est associé à Jean-Louis Primas et donc immédiatement mis dans des circulaires de recherches. Ceci provoque la rocambolesque arrestation de Raoul Derrien, le lundi 28 septembre 1942 à Landerneau.

Mais ce n’est que l’amorce de la tempête qui va s’abattre sur la Résistance communiste en Bretagne et particulièrement à Brest. Dans les premiers jours d’octobre 1942, une vague d’arrestations vient ébranler sérieusement l’organisation des F.T.P brestois. Jean-Louis Primas parvient à ne pas être pris et le 5 octobre 1942, avec l’aide de Roland Le Nédellec et Jean Le Nédellec, ils auraient déplacé un dépôt d’armes appartenant aux F.T.P. Quelques jours plus tard en octobre 1942, Jean-Louis Primas confectionne une bombe qu’il remet à son camarade Louis Le Bail. Celui-ci la dépose devant le siège de la Kommandantur, rue Algésiras. Le 11 décembre 1942, avec André Berger, ils font sauter la voie ferrée au niveau du Rody.

Trop exposés sur Brest, Jules Lesven et Jean-Louis Primas sont mis à la disposition de l’interrégion. Ils quittent en fin décembre la cité du Ponant et partent en direction des Mont d’Arrée, près de Trédudon-les-Moines. Ils sont accueillis par les frères Guyomarc’h, qui leur fournissent des vêtements et de nouvelles identités. Jules Lesven part en direction du Mans tandis que Jean-Louis Primas file sur Nantes. Accompagné et rejoint par André Berger, Yves Giloux et Charles Vuillemin, ils sont tous arrêtés en janvier 1943 par le Service de police anti-communiste (S.P.A.C) de Vichy.

Jean-Louis Primas est pour sa part capturé à Doulon le 20 janvier 1943, par 9 agents qui l’escortent jusqu’à la mairie toute proche pour l’interroger sur le champ, le malmenant au passage. Il apprend alors que des policiers brestois avaient juré de le tuer à coups de cravache, en représailles à l’attaque du 21 août 1942 sur le brigadier Guivarc’h.

Condamné semble t-il à mort par contumace, Jean-Louis Primas s’attend à être jugé fin avril 1943 et ne se fait aucun faux espoir sur le sort qui l’attend. Pourtant son jugement tarde et le morbihannais se trouve sur Rennes fin juillet, d’où il parvient à faire passer clandestinement une lettre à des proches. Il est ensuite conduit sur Paris pour être jugé le 28 août 1943. Là, sans surprise, il est condamné à mort par le tribunal militaire du Gross Paris. Jean-Louis Primas est fusillé à la forteresse du Mont-Valérien, le 17 septembre 1943, aux côtés de 18 autres résistants communistes brestois. Leurs dépouilles sont transférées le jour même pour inhumation au cimetière d’Ivry-sur-Seine.

En 1944, il semble que le Groupe Lambert de Landerneau, change son nom pour devenir le Groupe Primas, lors de la réorganisation militaire des F.T.P instaurant des détachements (sections) et des groupes portant des noms de fusillés.

À titre posthume, Jean-Louis Primas est homologué sous-lieutenant à titre fictif en 1947, nommé Chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la médaille de la Résistance française en 1959. Son nom figure sur le monument aux morts de Lanester et en son hommage, sa commune natale attribue son nom à une rue en 1952. À Brest, son nom figure sur la stèle du jardin Yves Giloux à Saint-Marc, en hommage aux 19 fusillés F.T.P brestois du Mont-Valérien.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Stèle F.T.P du square Yves Giloux à Saint-Marc (Brest)
Avis d’exécution des 19 F.T.P brestois
Lettre de Jean-Louis Primas, juillet 1943 (page 1)
Archives de Brest - 100S1
Lettre de Jean-Louis Primas, juillet 1943 (page 2)
Archives de Brest - 100S1

Sources - Liens

  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Jean-Louis Primas (GR 16 P 491423), aimablement transmis par Edi Sizun et dossier Procès des FTP de Brest (GR 28 P 8 57 29), aimablement transmis par Brigitte Snejkovsky (2023).
  • Ordre de la Libération, registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 14/05/1959).
  • La Dépêche de Brest, éditions du 22 & 23 août 1942, 24 août 1942 et 22 septembre 1943.
  • Archives nationales françaises, base Léonore, dossier de titulaire de l’Ordre de la Légion d’honneur de Jean-Louis Primas.
  • Le Maitron, notice biographique de Jean-Louis Primas.
  • Wikipédia, notice biographique de Jean-Louis Primas.
  • FALIGOT Roger et KAUFFER Rémi, Service B - Le réseau d’espionnage le plus secret de la Seconde Guerre mondiale, éditions Fayard, 1985.
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), édition à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Cahier de mise à jour - 1485 militants du Finistère (1918-1945), édition à compte d’auteur, Paris, 1986.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), édition à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier d’attribution de la mention Mort pour la France de Jean-Louis Primas (AC 21 P 137113) - Non consulté à ce jour.

Notes

[1Né le 21 novembre 1912 à Lorient, mort en déportation (gazé) le 13 décembre 1944 à Hartheim.

[2Né le 8 février 1894 à Lorient, mort en déportation le 10 mai 1944 à Mathausen.

[3Né à Crozon le 20 juillet 1903, décédé à Chantepie le 16 février 1979.

[4Né le 11 mars 1916 à Nantes, fusillé le 29 janvier 1943 à Nantes.