VADAINE Raymonde

Raymonde Riquin est une pupille de la Nation, son père étant décédé lors de la Première Guerre mondiale. Marchande foraine, elle tient un stand de tir et se déplace sur toutes les foires de la région brestoise. Son principal lieu de résidence se situe dans la zone réservée aux roulottes, jouxtant la Villa Champêtre dans le bas de la rue Kérabécam. Elle participe à la solidarité envers l’Espagne Républicaine lors de la Guerre d’Espagne. Elle épouse André Vadaine [1] en juin 1936 et ensemble ils s’installent à Saint-Pierre-Quilbignon, au 21 ou 24 rue Pierre-Loti. Son époux milite au Parti Communiste Français (P.C.F) depuis 1936. Pour sa part, Raymonde y adhère dans la clandestinité en octobre 1939, après l’interdiction du parti suite à l’accord germano-soviétique et la déclaration de la Seconde Guerre mondiale.

Au lendemain de l’entrée des allemands à Brest, le 20 juin 1940, plusieurs réunions du P.C.F sont organisées à Brest. Raymonde et André Vadaine assistent à celle chez les Goasguen, en présence de Jules Lesven, Aline et Carlo De Bortoli. Tous sont partant pour continuer le militantisme clandestin pour le parti. Peu de temps après le début de l’occupation, en août 1940, elle est abordée à Kérinou par un soldat allemand ivre qui se montre tactile et qui lui fait des avances douteuses alors qu’il est déjà en bonne compagnie. Raymonde Vadaine profite de la situation pour lui dérober son arme de poing, tout en refusant ses lourdes avances.

Début 1941, en plus de diffuser la presse clandestine du mouvement, elle tracte, sans succès, auprès des soldats allemands, contre le nazisme. Cette opération de propagande sera renouvelée en fin 1941, avec plus de précaution mais toujours sans résultat. En juillet 1942, un groupe de militantes communistes parvient à trouver du travail à l’arsenal dans un garage allemand pour s’occuper des tâches ménagères. Avec Angèle Le Nédellec, Yvette Richard et Marie Salou, elles sabotent certains véhicules et manquent de peu d’incendier tout le garage. Cet accès à l’arsenal leur permet également de diffuser des messages et la propagande. Toujours sur son lieu de travail, à la demande de Jean-Louis Primas, elle récupère un pistolet allemand. Craignant d’être repérée et/ou dénoncée, elle quitte le garage et la région brestoise quelque temps.

Raymonde Vadaine revient ensuite à Brest et se voit versée aux Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P). Elle évite cependant de rôder à nouveau autour de l’arsenal. Sur ordre, elle se fait embaucher à la pyrotechnie de Saint-Nicolas au Relecq-Kerhuon pour y dérober de la matière afin de confectionner des explosifs. Le 28 août 1942, avec Marie Salou, elle saccage la vitrine de la Légion des Volontaires Français (L.V.F) de la rue de Siam. Elle semble finalement ; à cette même période, retourner à l’arsenal pour y saboter un poteau électrique. A une date incertaine, Raymonde organise une rencontre entre Jules Lesven, Arthur Baron des F.T.P et son amie foraine Alice Coudol du réseau Alliance dans la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours à Kérinou.

Sur le plan politique elle a la responsabilité de la répartition du matériel de propagande, journaux et tracts clandestins du secteur Ouest de Brest. Elle y devient d’ailleurs responsable politique de ce secteur en remplacement de son mari affecté à une autre tâche.

Une vaste vague d’arrestations touche les F.T.P entre juin et septembre 1942 dans la région bretonne. Son époux André est arrêté le 1er octobre et le 28 octobre 1942, c’est au tour de Raymonde d’être arrêtée par la police française. D’abord jugée par les autorités françaises, elle est remise aux Allemands qui la jugent à nouveau et la condamnent à de la déportation sous le statut Nacht und Nebel. Le 27 septembre 1943, Raymonde quitte la France par la gare de l’Est en direction de l’Allemagne. Elle passe par les camps de Karlsruhe, Pad, Anrath, Breslau, Jauer et Aichach. Durant sa déportation, elle aurait abattu un soldat allemand. Finalement libérée le 29 avril 1945 par l’avance des Alliés, elle rentre en France très affaiblie et se retire dans le midi puis dans la région parisienne.

Pour son action dans la résistance, elle est nommée au rang de Chevalier de la Légion d’honneur.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Famille Pochart, informations et iconographie.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier Procès des FTP de Brest (GR 28 P 8 57 29), aimablement transmis par Brigitte Snejkovsky (2023).
  • La Dépêche de Brest, éditions du 11 juin 1936 et 29 juillet 1933.
  • KERBAUL Eugène, 1270 Militants du Finistère (1918-1945), à compte d’auteur, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • Fondation pour la mémoire de la Déportation, registre des déportés (I.139).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de Raymonde Vadaine (GR 16 P 512507) - Non consulté à ce jour.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture.

Notes

[1Sans doute rencontré à la Maison du Peuple, lieu de militantisme brestois, dont le local est installé tout près des roulottes foraines.