ABALAIN Albert

Albert Corentin Hervé Abalain suit des études de normalien à Quimper lors de la promotion 1932-1935, qu’il doit quitter pour raison de santé. À l’âge du service militaire, il est réformé par la Marine Nationale à 100%. Il s’installe néanmoins à Brest et se fait embaucher à l’arsenal comme commis aux Écritures. En 1936 il adhère au Parti Communiste Français (P.C.F) tout en étant militant syndicaliste à la Confédération Générale du Travail (C.G.T). Après l’interdiction du parti en 1939, il décide de rester fidèle à ses engagements politiques en participant à la reconstruction du P.C.F clandestin. Il reprend alors le militantisme et la diffusion de la propagande.

À l’instauration de l’Organisation Spéciale (O.S) à Brest, au début 1941, il intègre la branche Arsenal où il travaille. Peu de temps après, en mars 1941, il va retrouver son frère Georges, qui se trouve en camp de jeunesse dans le Sud-Est de la France avec Pierre Berthelot, probablement pour les ramener dans le Finistère. Il en profite pour les inciter à entrer, eux aussi, dans la lutte contre l’occupant. Ce n’est pas la seule recrue d’Albert Abalain, il faut aussi ajouter entre autre Yves Gourmelon, fréquentation de l’hôtel-restaurant l’Aigle d’Or à Brest. En mars 1942 il fait partie des saboteurs des sous-stations électriques de l’arsenal.

Le 28 avril 1942, Albert Abalain revient de Pont-de-Buis par le train. Il rapporte à Brest deux valises, contenant une cinquantaine de kilos d’explosifs (tolamite en cartouche). La matière a été récupérée sur un chantier de la Todt à Quimperlé et confiée à Pierre Berthelot, lequel l’a transmise à Albert Abalain. Mais à son arrivée, la police brestoise est aux aguets à cause d’une manifestation de femmes en ville. Un filtrage important est mis en place à la gare, pour l’éviter, Albert Abalain abandonne les deux valises qui sont rapidement trouvées par la police.

Le même jour, le triangle de direction du P.C.F brestois est arrêté. Pour assurer la poursuite du mouvement, un nouveau triangle est nommé avec à sa tête Albert Abalain, aidé d’André Vadaine et Henri Moreau. Abalain doit alors diriger avec beaucoup de vigilance une organisation clandestine de Résistance et de propagande du parti dont la plus plupart des membres sont fichés par la police française depuis les années du Front Populaire.

Le 14 mai 1942, à la suite de la condamnation à mort du résistant communiste Carlo De Bortoli, le P.C.F par la main d’Albert Abalain, adresse une lettre au policier ayant produit un faux témoignage au procès. Il lui est demandé de se rétracter publiquement afin de sauver le brestois d’une éventuelle exécution. La demande est assortie d’un avertissement qu’en cas d’application de la sentence envers le résistant, ce policier serait lui même jugé par un tribunal de la résistance et probablement condamné à mort. Le policier n’effectue pas la démarche, il est alors condamné à mort par Albert Abalain, Pierre Corre et Eugène Lafleur. La veille de l’exécution du résistant, le 21 août 1942, le policier sera la cible d’un attentat par Jean-Louis Primas.

En juillet 1942, il bascule aux Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P) et participe aux actions du 14 juillet. En août 1942, Albert Abalain participe au saccage de la vitrine de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) dans la rue de Siam. Il fait partie du groupe de protection qui encadre Marie Salou et Raymonde Vadaine qui réalisent l’opération.

Il semble également avoir participé à diverses opérations de sabotage dont les dates ne sont pas connues : coupure sur la ligne de Pont-l’Abbé, coupure de câbles téléphoniques à Pont-de-Buis, destruction de pylônes électriques à Lorient, incendie d’un dépôt allemand à Quimerc’h, Morlaix et Châteaulin.

Le 2 octobre 1942, il est arrêté par la police française à Châteaulin. Il tente alors de s’évader mais il est repris presque aussitôt et ramené à la gare où il est frappé par un des gendarmes dans la salle des voyageurs. Il est interné successivement à Lorient du 3 octobre au 14 novembre 1942, Brest du 15 novembre 1942 au 28 janvier 1943, Rennes du 29 janvier au 28 juin 1943 et enfin Fresnes du 29 juin au 17 septembre 1943. Jugé par le tribunal militaire allemand du Gross Paris en août 1943, il est condamné à mort. Albert Abalain est fusillé à la forteresse du Mont-Valérien, le 17 septembre 1943, aux côtés de 18 autres résistants communistes brestois. Leurs dépouilles sont transférées le jour même pour inhumation au cimetière d’Ivry-sur-Seine.

Lors des combats de la Libération à l’été 1944, dans sa région natale, le nom d’Albert Abalain est donné à la 4ième compagnie de combat du Bataillon René Caro. En 1947, à titre posthume, son grade de Capitaine est confirmé et il reçoit la médaille de la Résistance française. Il obtient également la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Dernière lettre d’Albert Abalain (page 2)
Archives de Brest - 100S1
Dernière lettre d’Albert Abalain (page 1)
Archives de Brest - 100S1
Avis d’exécution des 19 F.T.P brestois
Stèle F.T.P du square Yves Giloux à Saint-Marc (Brest)

Sources - Liens

  • Famille Abalain, iconographie.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant d’Albert Abalain (GR 16 P 187), aimablement transmis par Edi Sizun et dossier Procès des FTP de Brest (GR 28 P 8 57 29), aimablement transmis par Brigitte Snejkovsky (2023).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance d’Albert Abalain (1622 W).
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition pour la médaille de la Résistance, aimablement transmis par Fabrice Bourrée (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 29/01/1948).
  • Le Maitron, notice biographique d’Albert Abalain.
  • THOMAS Georges-Michel & LE GRAND Alain, Le Finistère dans la guerre - tome 2, éditions de la Cité, Brest-Paris, 1981.
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), à compte d’auteur, Paris, 1992.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.