Albert François Rolland et sa sœur Odette (1908-1977) sont adoptés comme pupilles par la Nation en 1919. La famille réside au 11 rue Conseil dans l’entre-deux-guerres et c’est dans cette même période qu’Albert Rolland entre à l’Arsenal de Brest comme ouvrier forgeron. Militant syndicaliste en 1935, il adhère au Parti communiste français (P.C.F) en 1936. Puis quelques mois plus tard, il épouse Louise Laurans, le 29 janvier 1937 à Brest et de cette union naît l’année suivante leur fils Christian (1938-1989). Le jeune couple emménage alors au 46 rue Arago. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, Albert Rolland n’est pas mobilisé de par son statut d’affecté spécial et reste donc en poste à l’arsenal. Le 8 mai 1941, Albert Rolland a la douleur de perdre son épouse suite à une maladie.
Sous l’occupation allemande, Albert Rolland poursuit la diffusion de la propagande du P.C.F clandestin puis celle du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (F.N) à son instauration à Brest en 1941. Il participe également aux campagnes d’inscriptions murales de propagande malgré le couvre-feu en vigueur. Fin 1941, Albert Rolland participe aux grèves patriotiques organisées par le P.C.F. De plus, il s’occupe bientôt de la C.G.T clandestine, reconstituée dans l’illégalité.
Albert Rolland intégre le groupe de l’Organisation spéciale de l’arsenal en 1941. Un sabotage coordonné d’ampleur est prévue à l’arsenal mais avant, Jules Lesven, Pierre Corre et Albert Rolland glissent une bombe dans la cave du débit Quéré, au 9 rue de la Vierge à Brest, le 14 février 1942. On décompte six allemands et cinq français blessés. Il participe avec Guy Drogou et Yves Prigent, au sabotage d’une des sous stations électriques le 26 mars 1942. Ce jour là, il en met une seconde hors service (la n°13), cette fois avec Joseph Ropars et Paul Monot. En mai, les groupes O.S de Brest disparaissent et se diluent dans les Francs-tireurs et partisans (F.T.P). Avec cette nouvelle organisation, il participe le 1er mai 1942 avec l’aide de Joseph Ropars, au sabotage d’un central téléphonique allemand rue de Verdun à Saint-Marc. Le matériel utilisé pour cette action semble être de l’explosif. Adolphe Le Roux évoquera dans ses souvenirs, avoir assisté chez Albert Rolland, à la confection d’une bombe par ce dernier. Le 14 juillet 1942, l’ouvrier de l’arsenal est encore sur la brèche et effectue un nouveau sabotage sur son lieu de travail.
Le 21 août 1942, on retrouve Albert Rolland et son camarade Joseph Ropars couvrant les arrières de Jean-Louis Primas lors de la tentative d’assassinat du brigadier Jules Guivarc’h [1] après que celui-ci ait refusé de se rétracter dans l’affaire concernant Carlo De Bortoli. Le 28 août 1942, il fait partie de l’équipe de protection des résistantes communistes Marie Salou et Raymonde Vadaine lors du saccage de la vitrine de la Légion des Volontaires Français (L.V.F) de la rue de Siam. Au mois de septembre 1942, Albert Rannou, Joseph Ropars et Albert Rolland tentent de faire sauter le 17 rue Jean-Jaurès ; dont la vitrine se compose de grandes affiches de dignitaires nazis. L’opération échoue cependant, l’explosif ne fonctionne pas. Le 19 septembre 1942, une bombe est confectionnée chez Adolphe Le Roux par Albert Rolland. L’engin est ensuite déposé contre le Gasthaus du 93 rue Jean-Jaurès par les deux précités en compagnie de Joseph Ropars et Jean Pierre Reste. L’explosif détonne à 00h30 le 20 septembre.
Selon Eugène Kerbaul, le résistant Albert Rolland aurait été arrêté le 28 septembre 1942 [2]. Dans son dossier C.V.R [3], la date retenue pour son arrestation est le 29 septembre 1942. Dans son dossier d’homologation des services pour faits de résistance, conservé à Vincennes [4], il est également parfois mention du 30 septembre 1942. Les deux dernières dates sont les plus probables, tant l’arrestation d’Albert Rolland semble consécutive (et non simultanée) à l’arrestation puis à l’interrogatoire de Raoul Derrien, par la police française de Landerneau.
Quoi qu’il en soit, Albert Rolland est à son tour soumis à un interrogatoire où il semble avoir subit des tortures. Son cas est grave, au fil des noms obtenus et des aveux arrachés auprès de lui, Albert Rolland est mis en cause dans la tentative d’assassinat du brigadier Jules Guivarc’h, dans plusieurs attentats et sabotages ainsi que pour son appartenance au P.C.F clandestin. L’effet domino déjà enclenché est amplifié par cette arrestation. La police française déploie alors de gros moyens et porte un sérieux coup à la résistance communiste de l’arrondissement de Brest dans les jours qui suivent. Grâce aux mêmes procédés, on déplore plusieurs dizaines d’arrestations. Neuf autres personnes sont clairement identifiés et mises sous mandat d’arrestation car elles sont parvenues à prendre la fuite.
D’abord interné sur Brest à Pontaniou puis au château, il est ensuite transféré à Rennes en janvier 1943. Jugé par un tribunal spécial français avant que la procédure soit ajournée, pour être traitée par Paris. Il alors transféré à Fresnes puis jugé par le tribunal militaire allemand du Gross Paris, qui le condamne à mort le 28 août 1943. Albert Rolland est fusillé à la forteresse du Mont-Valérien, le 17 septembre 1943, aux côtés de 18 autres résistants communistes brestois. Leurs dépouilles sont transférées le jour même pour inhumation au cimetière d’Ivry-sur-Seine. En 1947, la dépouille d’Albert Rolland est rapatriée à Brest.
À titre posthume, il est homologué au grade fictif de Sergent-chef et reçoit la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de bronze en 1946 ainsi que la médaille de la Résistance française en 1955. En son souvenir, une rue du port de commerce de Brest porte son nom depuis 1980. Son nom figure également sur la cloche des victimes du Mont-Valérien ainsi que sur la stèle de Saint-Marc à Brest (voir portfolio).