Jean Pierre Marie Reste, plus connu sous l’identité Jean-Pierre Le Rest(e), entre à l’École des Apprentis-marins de la Flotte à Lorient vers 1930. À 18 ans il souscrit un engagement de cinq ans avec la Marine Nationale. Muté à Toulon, il tombe gravement malade. Il est hospitalisé puis finalement muté à Brest. Libéré à l’issue de son engagement, il travaille à l’arsenal comme ajusteur-mécanicien. C’est à cette période qu’il adhère au Parti Communiste Français (P.C.F) et à la C.G.T. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé et sert dans la Marine Nationale comme matelot de 2ème classe à la Direction du Port (D.P) de Brest. Au début de l’occupation allemande, il est démobilisé mais ne souhaite par réintégrer l’arsenal, préférant le chômage pour ne pas servir l’Allemagne.
En janvier 1941, Jean Pierre Reste fait équipe avec Eugène Kerbaul dans la branche Bâtiment de l’Organisation Spéciale (O.S) de Brest. Grâce à Alain Le Moal, ils se font embaucher dans l’entreprise Auffret pour travailler sur le chantier du manoir de Kerguillo à Bohars. Les trois comparses effectuent quelques petits sabotages, retardant quelque peu l’implantation dans ce manoir, de l’état-major de la Luftwaffe pour le Nord de la Bretagne. Puis ils quittent le chantier, Eugène Kerbaul se fait embaucher à l’arsenal tandis que Jean-Pierre Reste se fait lui embaucher par la Todt comme mécanicien. Il peut ainsi se livrer aux sabotages de machines outils.
l’Organisation Spéciale (O.S) de Brest se transforme en fin avril, début mai 1942 en Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P). Jean-Pierre Reste y poursuit la lutte, notamment le 20 septembre 1942 quand il participe à l’attentat à la bombe contre le Gasthaus du 93 rue Jean Jaurès avec Adolphe Le Roux, Joseph Ropars et Albert Rolland.
Au début d’octobre 1942, une vague d’arrestations ébranle fortement la Résistance communiste à Brest et en Bretagne de manière générale. Jean Pierre Reste, Gabriel Paul et Jacob Mendrès deviennent les nouveaux responsables du P.C.F à Brest. Toujours en octobre 1942, les autorités françaises organisent le départ d’ouvriers français (requis par conscription obligatoire) à destination d’usines allemandes. La direction du P.C.F organise le 23 octobre, jour du départ du convoi, une manifestation pour s’y opposer moralement.
La dernière semaine de l’année 1942 est consacrée aux préparatifs d’un attentat à Brest. Un peu avant 21 heures le 1er janvier 1943, les F.T.P passent à l’action. Charles Vuillemin, Louis Le Bail et Jean-Pierre Reste entourent Yves Giloux et se dirigent vers leur objectif. Parvenus devant le cinéma Éden, Yves Giloux jette une bombe devant un groupe de soldats allemands sortant de l’édifice du passage Saint-Martin. L’engin explose, faisant au moins cinq blessés. Le groupe se replie aussitôt sans être inquiété sur le moment.
L’arrestation d’Yves Giloux peu de temps après marque fortement Jean-Pierre Reste. D’autres arrestations touchent une nouvelle fois les rangs des F.T.P brestois. Jean-Pierre Reste fait alors office de vétéran dans l’action clandestine et remonte un nouveau groupe d’action avec de jeunes recrues et quelques rescapés des précédentes vagues d’arrestations, comme Marcel Boucher et Charles Coatelan. Jean Reste recrute également Claudine Paul, au début de l’année 1943. Le 30 août 1943, il se rend en gare de Landerneau avec Jean Cabiten pour prévenir Yves Le Faou qu’il est recherché par les services de sécurité allemand.
Son nouveau groupe formé prend le nom de Groupe Giloux, après l’exécution de ce dernier au Mont Valérien le 17 septembre 1943 avec 18 autres partisans communistes brestois. Le temps de se coordonner avec les résistants du Groupe Lambert, une série de déraillements sur les lignes Quimper-Brest et Paris-Brest, sont organisés à partir du 7 novembre 1943. Le 1er, 5 et 19 décembre les F.T.P de Brest et Landerneau sont également à l’oeuvre pour saboter la voie ferrée.
Ces déraillements agacent les autorités allemandes qui s’empressent de chercher les coupables. L’hôtel L’Aigle d’Or de Claudette Cormault situé au 57 rue Jean Jaurès à Brest, connu comme repère de communistes, est perquisitionné le 26 décembre 1943. Une partie du Groupe Giloux y est alors arrêté et dans les jours qui suivent, surement grâce à des aveux obtenus, une nouvelle vague d’arrestations vient démanteler le groupe de Jean-Pierre Reste. Les survivants quittent Brest et prennent le maquis en centre Finistère.
C’est le cas de Jean-Pierre Reste qui se réfugie à Fanazen en Quimerc’h chez sa famille. Mais seulement quelques jours après, il repart sur Brest, répondant à un rendez-vous. Jean-Pierre Reste aurait été arrêté à Brest, d’après sa mère, le 4 janvier 1944 au Bois de Boulogne par l’Aussenkommando Brest du Sicherheitspolizei-Kommando (S.D). Il aurait été trahi par un soit-disant Espagnol, s’avérant être un agent allemand, censé lui remettre des armes. Ne pouvant que constater sa disparition, il est remplacé au triangle de direction du P.C.F de Brest par Joseph Laot.
Jean-Pierre Reste est interné d’abord à Pontaniou, puis il aurait été transféré à la prison Saint-Charles à Quimper. Il aurait ensuite quitté cette ville le 5 ou 6 mai 1944 pour Carhaix. Enfermé dans la cave du Château Rouge avec d’autres Résistants, il n’a plus donné signe de vie. Il est présumé déporté et officiellement porté disparu en 1946. Au terme de cinq années d’attente, la famille peut engager la démarche auprès de la Justice française pour faire officialiser son décès. En 1951 il est considéré comme décédé et la mention la mention Mort pour la France lui est attribuée.
Il reçoit la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent en 1946 et la médaille de la Résistance française à titre posthume en 1955.
En mai 1969, un déporté de Brest, dont l’identité n’est pas connue, s’est présenté à Quimerc’h au domicile familial pour rapporter qu’il avait connu Jean-Pierre Reste à Buchenwald et qu’il y était décédé. À ce jour, cette version n’a pu être authentifiée, Jean-Pierre Reste n’apparaissant sur aucun registre de déportation en Allemagne. Il est davantage probable qu’il ait été fusillé quelque part dans le Finistère ou en France lors de la retraite allemande à l’été 1944.