CORMAULT Claudette

Claudette Jeanne Le Cars est employée à l’hôtel-restaurant L’Aigle d’Or, géré par ses parents. Elle épouse l’assureur Eugène Cormault (1912-1976), le 12 août 1939 à Brest. Trois semaines plus tard, son époux est mobilisé quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Claudette Cormault ne le revoit qu’une fois en décembre 1939, lors d’une permission. Fait prisonnier près de Troyes durant la débâcle de juin 1940, Eugène Cormault est interné en Stalag en Allemagne jusqu’à la fin de la Guerre.

Sous l’occupation, parmi sa clientèle figurent plusieurs ouvriers de l’arsenal, tous communistes et originaires du centre Finistère comme Yves Gourmelon, Albert Abalain ou encore Jean Reste. Le restaurant devient rapidement un lieu de réunion pour les Résistants communistes. Claudette Cormault n’y trouve rien à dire et semble même favoriser leur hébergement.

Les arrestations de militants-résistants communistes dans toute la Bretagne d’’octobre 1942 à début 1943, poussent certains rescapés à changer de département pour poursuivre la lutte. C’est ainsi qu’arrivent à L’Aigle d’Or courant 1943, plusieurs résistants traqués des Côtes-du-Nord, tels que Jean Nicolas, Ernest Le Borgne ou Auguste David. En lien avec les Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P) brestois et les nouveaux arrivant, Claudette Cormault franchit le pas et entre à son tour en Résistance. Elle les héberge gratuitement et, sans que l’on ait pu déterminer par quel moyen, leur procure de fausses cartes d’identité et des tickets de ravitaillement. L’hôtelière aide également à dissimuler et transporter les armes, munitions ainsi que les tracts des Résistants. Ces derniers peuvent également obtenir son aide pour la collecte de renseignements.

Claudette Cormault épouse désormais complètement la lutte clandestine. En août 1943, lors d’une comparution devant le Conseil de Guerre allemand de Brest, elle réussit au nez et à la barbe des gardiens, à récupérer des mains de Jean Hénaff le plan de la prison de Pontaniou et de leur cellule en vue d’une évasion. Avec son frère Philippe Le Cars et sa belle-soeur Denise Le Cars, ils fabriquent une valise truquée renfermant du matériel nécessaire pour une tentative d’évasion. Claudette et Denise se rendront à Pontaniou pour transmettre la valise aux prisonniers qui s’évadent le 25 octobre 1943. Parmi les sept fugitifs, figurent Jean Hénaff et Jean Nicolas.

Dans les derniers mois de l’année 1943, le Groupe Giloux gravite également autour de l’établissement. Mais l’activité clandestine de l’hôtel semble être connue et plusieurs perquisitions sont menées. A ceci s’ajoute une dénonciation par le traître espagnol Borraz (orthographe incertaine), provoquant une mise sous surveillance de l’établissement. Le 26 décembre 1943, après plusieurs sabotages ferroviaires dans la région de Landerneau, L’Aigle d’Or est perquisitionné. Georges Combot est arrêté sur place tandis que Jean Reste parvient à s’échapper de justesse.

L’établissement sous surveillance, la famille Cormault-Le Cars doit redoubler de vigilance et se faire oublier. Nous ignorons leurs activités pour l’année 1944 mais des liens sont vraisemblablement entretenus avec Albert Yvinec et les Côtes-du-Nord. Au début d’août 1944, la famille quitte Brest lors du siège de la ville.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (1E243).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattante volontaire de la résistance de Claudette Le Cars-Cormault (1622 W).
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), édition à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistance de Claudette Le Cars-Cormault (GR 16 P 348788) - Non consulté à ce jour.