Mathurin Le Gôf est gréeur puis soudeur à l’arsenal de Brest. En 1921, il est exempté de service militaire à cause d’une grosse déformation thoracique congénitale. L’ouvrier Le Gôf épouse la crêpière Marie Le Bian (1903-1988), le 21 avril 1922 en mairie annexe de Recouvrance à Brest et de cette union naîtront deux enfants : Yvonne (1922-2006) et Pierre (1926-2008). La famille s’installe alors au 23 rue Kéravel. Militant syndical, il adhère au Parti Communiste Français (P.C.F) en 1936. Il bascule dans le militantisme clandestin après l’interdiction du parti en France suite au pacte Germano-Soviétique en 1939. En avril 1940, il est mobilisé dans la Marine nationale mais presque aussitôt rendu à la vie civile, car réformé définitif.
Juin 1940, lors de la débâcle, il participe aux sabotages du matériel de l’arsenal avant l’arrivée des allemands. Au lendemain de la prise de Brest, le P.C.F organise des réunions pour sonder ses militants. Faut-il continuer le militantisme ? Les adhérents clandestins présents pour le groupe de l’arsenal ; Mathurin Le Gôf, Yves Labous, Pierre Corre et Henri Bénard y sont favorables. Il poursuit alors la diffusion de la presse clandestine du parti et participe à des inscriptions murales dans l’arsenal et en ville.
Le 10 janvier 1941 à Brest, sa fille Marie épouse le facteur des P.T.T Yves Lesteven.
L’instauration de l’Organisation Spéciale (O.S) à Brest se déroule dans les premiers jours de janvier 1941 sous l’impulsion de Robert Ballanger. Ce dernier rencontre entre autres, Jules Lesven et officialise la création de cette structure para-militaire dont les buts premiers sont la protection des membres du P.C.F, les représailles (attentats et sabotages) envers les troupes d’occupation. À la tête de la branche Arsenal de l’O.S on retrouve Mathurin Le Gôf, Pierre Corre, Lucien Kerouanton et Jules Lesven. Ils organisent les premiers sabotages de ce mouvement en janvier 1941 à l’arsenal, notamment celui d’un tour Somua très moderne qui restera inopérant jusqu’à la fin de la guerre. Avec d’autres camarades, il réalise plusieurs sabotages dans l’arsenal, notamment sur les wagons.
La section locale du parti lui confie, en plus de ses responsabilités à l’arsenal, celle de la propagande résistante du P.C.F dans le secteur Brest-Centre. En mai 1941, avec Yves Prigent, ils fabriquent des affichettes "Aller en Allemagne, c’est trahir". En octobre et décembre 1941, il participe à l’organisation des grèves patriotiques à l’arsenal. Le même mois, il devient l’un des trois responsables du P.C.F de Brest après l’arrestation de Roger Chaigneau et d’Eugène Kerbaul. En mars 1942, il fait partie des organisateurs de l’O.S de Brest qui préparent le vaste sabotage des sous-stations électriques de l’arsenal.
Alors qu’il se rend chez Henri Moreau avec Yves Prigent, Charles Cadiou et Carlo De Bortoli, Mathurin Le Gof est arrêté le 28 avril 1942 dans la rue par deux policiers brestois, dont Jean Blaize [1]. Interné en France plusieurs mois, notamment à Brest, Quimper et Fontevrault, Mathurin Le Gôf est condamné à 3 ou 5 ans de travaux forcés, qu’il doit purger en Allemagne.
Résistants brestois présents dans le convoi du 21 octobre 1943 :
– DROGOU Théodore (Karlsruhe, Francfort-sur-le-Main, Sonnenburg et Sachsenhausen)
– HÉLOU François (Karlsruhe, Saarbrücken et Francfort-sur-le-Main)
– LE BERRE Yvon (Karlsruhe, Sonnenburg et Sachsenhausen)
– LE BRIS Charles (Karlsruhe, Francfort-sur-le-Main, Sonnenburg et Sachsenhausen)
– LE GÔF Mathurin
– VADAINE André (Karlsruhe et Saarbrücken)
Interné dans les prisons et camps de Karlsruhe, Saarbrücken et Frankfurt. Le 27 ou 29 avril 1945, alors qu’il se trouve dans une colonne de déportés rejoignant à pieds Dachau, il parvient à s’évader. Rentré en France le 14 juin 1945, il découvre que son logement a été détruit durant le siège de la ville. Il loge un temps en baraque rue Paul Doumer. Pour son engagement clandestin, il est cité à l’ordre du Régiment et reçoit la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de bronze en 1947.
La sépulture de Mathurin Le Gôf se trouve dans le cimetière de Saint-Martin à Brest [Carré 26, Rang 1, Tombe 38]