BERTHOU Louis

Louis François Berthou réside rue Robespierre à Lambézellec. En 1936, il est admis au concours d’entrée de l’École pratique d’industrie et de commerce de Brest comme ajusteur. Dans sa promotion se trouve notamment Pascal Nédélec de Recouvrance.

La date précise de son entrée en Résistance ainsi que les circonstances de son engagement ne sont pas connues. Il fait partie des effectifs des Francs-tireurs et partisans (F.T.P) en 1943 et participe notamment à l’accrochage des rubans tricolores dans le bourg de Lambézellec le 13 juillet 1943 à partir de 22 heures avec Germain Riou, Georges Larvor et Jacob Mendrès. Il effectue ce soir là des inscriptions avec du plâtre dans ce même secteur. A t-il participé à l’attaque du commissariat de Lambézellec le 24 décembre 1943 pour y subtiliser les tickets d’alimentation avec le Groupe Giloux ?

À la création des groupements cantonaux de Résistance dans le courant 1944 par les Forces françaises de l’intérieur (F.F.I), Louis Berthou est incorporé à celui de Brest-Est. Il y fréquente notamment Pierre Hagnéré qui réside près de chez lui. En juin 1944, une partie de l’organisation F.F.I de Brest-Est est menacée par les services de sécurité allemands. Des arrestations se sont produites et des résistants ont parlé sous la contrainte, livrant plusieurs identités ainsi que des informations compromettantes. Louis Berthou fait partie des résistants désormais recherchés, il reçoit l’ordre d’évacuer sur le champ Brest avec plusieurs autres F.F.I menacés et de rejoindre la région de Lesneven pour se mettre au vert.

Avec l’aide d’Henriette Berder, le groupe de réfugiés brestois rejoint Saint-Méen entre le 20 et 21 juin 1944. Une partie s’installe dans le bois Morizur tandis que les autres sont amenés à la ferme de Kérougon de Louis Thépaut. Ce dernier a déjà hébergé madame Berder lors des arrestations au début du mois de juin. Les F.F.I de Brest s’installent dans une vieille grange désaffectée attenante au corps de ferme. Outre Louis Berthou, ce groupe comprend Jean Berlivet, Pierre Hagnéré, Jean Gouriou, Roger Henry, Jean Le Bris, Robert Le Page, Georges Midrouillet et Joseph Nicolas. Aux brestois, s’ajoutent rapidement François Kerbrat et Jean Lamandé. Ces réfugiés forment finalement un embryon de maquis et agissent au moins une fois, en sabotant la voie ferrée Landerneau-Lesneven à hauteur de la gare du Folgoët.

Le kommando de chasse allemand I.C 343 de Landerneau est mis sur la piste du maquis de Kérougon suite à un rendez-vous à Saint-Divy avec Jean-Marie Cavalloc, entrepreneur originaire de Sizun. Comment celui-ci a t-il obtenu l’information ? Cela reste un mystère mais les allemands décident en tout cas de mener l’enquête le 13 juillet 1944. Herbert Schaad, le sergent Friedrich Horch et le supplétif français Jean Corre se rendent dans les fermes des environs pour obtenir des précisions. La collecte est semble t-il suffisante pour qu’une fois rentrés à Landerneau, une expédition soit décidée pour le lendemain de bonne heure.

Le 14 juillet 1944 au petit matin, les allemands investissent les abords de la ferme qui sert de maquis. Il y a bien une sentinelle en arme mais celle-ci sommeille, elle est rapidement désarmée et faite prisonnière. L’alerte est cependant rapidement donnée et une fusillade éclate entre maquisards et allemands. Les trois supplétifs français présents ce jour là du côté allemand firent également le coup de feu.

Le combat se révèle cependant inégal, notamment à cause de grenades allemandes lancées dans la ferme. Seuls Pierre Hagnéré, Georges Midrouillet et Roger Henry parviennent à s’échapper à travers champs. Un quatrième malheureux parvenu à s’extraire de la ferme tente également de fuir mais il n’a pas fait vingt mètres qu’un tir le fauche mortellement.

Parmi les victimes tuées lors de l’attaque ou abattues sommairement sur place dans la foulée, figure Louis Berthou et ses compagnons Jean Berlivet, Jean Gouriou, François Kerbrat, Jean-Pierre Lamandé, Jean Le Bris, Robert Le Page et Joseph Nicolas. Le fermier hébergeur, Louis Thépaut, est également abattu à quelques centaines de mètres de là par les allemands pour l’aide apportée aux maquisards. D’autres fermiers des environs sont faits prisonniers et envoyés à Landerneau et relâchés rapidement sans répercussion après interrogatoire.

En son souvenir, le nom de Louis Berthou est gravé sur la stèle érigée devant la ferme de Kérougon à Saint-Méen.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Stèle du maquis de Kérougon
Photo Gildas Priol - 2018

Sources - Liens

  • Centre de généalogie du Finistère, état civil, aimablement transmis par Gilles Cardinal.
  • Famille Kermel-Hagnéré, portrait de Louis Berthou.
  • La Dépêche de Brest, édition du 4 juillet 1936.
  • Archives municipales de Brest, fonds Joël Le Bras, copies des dépositions d’Herbert Schaad, Jean Corre et Gabriel Poquet en septembre 1944 (153S12).
  • Service historique de la Défense, dépositions de Friedrich Horch et Jean Corre, aimablement transmises par Edi Sizun.
  • BOHN Roland, Chronique d’hier -Tome 1 - La vie du Léon 1939-1945, à compte d’auteur, 1993.
  • MENDRÈS Jacob, Un jeune ouvrier du bâtiment dans la tourmente de l’Occupation, à compte d’auteur, 1999, page 34.
  • LE BRAS Joël, textes L’affaire Jean-Pierre Lamandé, De l’affaire BDG à l’affaire du maquis de Kérougon et Résistance de Brest-Est (2007).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de Résistant de Louis Berthou (GR 16 P 54212) - Non consulté à ce jour.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.