GOURIOU Jean

Jean Joseph Gouriou réside sous l’Occupation allemande chez ses parents à l’Hermitage en Lambézellec. Il travaille comme mineur pour l’entreprise de terrassement Theg, qui œuvre notamment sur le chantier de l’Hôpital maritime à Brest. Compte tenu de son parcours, l’on peut très probablement prêter à Jean Gouriou, d’être l’ami de Joseph Nicolas.

Peu d’informations sont disponibles à son sujet et l’on ignore la date précise à laquelle il a rejoint la Résistance brestoise, tout comme nous ignorons l’identité de son recruteur. Le jeune mineur semble appartenir au Groupement F.F.I Brest-Est de Lambézellec depuis l’année 1944. En juin 1944, son groupe est inquiété et les jeunes résistants reçoivent l’ordre de gagner le secteur de Lesneven pour se mettre au vert.

Avec l’aide d’Henriette Berder, le groupe de réfugiés brestois rejoint Saint-Méen entre le 20 et 21 juin 1944. Une partie s’installe dans le bois Morizur tandis que les autres sont amenés à la ferme de Kérougon de Louis Thépaut. Ce dernier a déjà hébergé madame Berder lors des arrestations au début du mois de juin. Les F.F.I de Brest s’installent dans une vieille grange désaffectée attenante au corps de ferme. Outre Jean Gouriou, ce groupe comprend Jean Berlivet, Louis Berthou, Pierre Hagnéré, Roger Henry, Jean Le Bris, Robert Le Page, Georges Midrouillet et Joseph Nicolas. Aux brestois, s’ajoutent rapidement François Kerbrat et Jean Lamandé. Ces réfugiés forment finalement un embryon de maquis et agissent au moins une fois, en sabotant la voie ferrée Landerneau-Lesneven à hauteur de la gare du Folgoët.

Le kommando de chasse allemand I.C 343 de Landerneau est mis sur la piste du maquis de Kérougon suite à un rendez-vous à Saint-Divy avec Jean-Marie Cavalloc, entrepreneur originaire de Sizun. Comment celui-ci a t-il obtenu l’information ? Cela reste un mystère mais les Allemands décident en tout cas de mener l’enquête le 13 juillet 1944. Herbert Schaad, le sergent Friedrich Horch et le supplétif français Jean Corre se rendent dans les fermes des environs pour obtenir des précisions. La collecte est semble t-il suffisante pour qu’une fois rentrés à Landerneau, une expédition soit décidée pour le lendemain de bonne heure.

Le 14 juillet 1944 au petit matin, les Allemands investissent les abords de la ferme qui sert de maquis. Il y a bien une sentinelle en arme mais celle-ci sommeille, elle est rapidement désarmée et faite prisonnière. L’alerte est cependant donnée rapidement et une fusillade éclate entre maquisards et allemands. Les trois supplétifs français présents ce jour là du côté allemand firent également le coup de feu.

Le combat se révèle cependant inégal, notamment à cause de grenades lancées dans la ferme. Seuls Pierre Hagnéré, Georges Midrouillet et Roger Henry parviennent à s’échapper à travers champs. Un quatrième malheureux parvenu à s’extraire de la ferme tente également de fuir mais il n’a pas fait vingt mètres qu’un tir le fauche mortellement.

Parmi les victimes tuées lors de l’attaque ou abattues sommairement sur place dans la foulée, figure Jean Gouriou et ses compagnons Jean Berlivet, Louis Berthou, François Kerbrat, Jean-Pierre Lamandé, Jean Le Bris, Robert Le Page et Joseph Nicolas. Le fermier hébergeur, Louis Thépaut, est abattu à quelques centaines de mètres de là par les allemands pour l’aide apportée aux maquisards. D’autres fermiers des environs sont faits prisonniers et envoyés à Landerneau et relâchés rapidement sans répercussion après interrogatoire.

Après guerre, un monument commémoratif est érigé non loin du lieu des combats, le nom de Jean Gouriou y est gravé. À titre posthume, le jeune mineur brestois est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent en 1946 et la médaille de la Résistance française en 1955.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Stèle du maquis de Kérougon
Photo Gildas Priol - 2018

Sources - Liens

  • Centre généalogique du Finistère (CGF29), registres d’état civil.
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattant volontaire de la résistance (1622 W 63).
  • Ordre de la Libération, registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 06/07/1955).
  • Archives municipales de Brest, fonds Joël Le Bras, copies des dépositions d’Herbert Schaad, Jean Corre et Gabriel Poquet en septembre 1944 (153S12).
  • Service historique de la Défense, dépositions de Friedrich Horch et Jean Corre, aimablement transmises par Edi Sizun.
  • BOHN Roland, Chronique d’hier -Tome 1 - La vie du Léon 1939-1945, à compte d’auteur, 1993.
  • LE BRAS Joël, textes L’affaire Jean-Pierre Lamandé, De l’affaire BDG à l’affaire du maquis de Kérougon, Résistance de Brest-Est (2007) et iconographie, aimablement transmise par Maëlle Quéré en 2024.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 265536) - Non consulté à ce jour.
  • Geneanet, notice généalogique de Jean Gouriou.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier d’attribution de la mention Mort pour la France à Jean Gouriou (AC 21 P 198614 et AC 21 P 618058) - Non consultés à ce jour.