LE BRIS Jean

Jean Yves Hervé Le Bris a la douleur de perdre son père en mars 1936. Il travaille comme monteur électricien et réside sous l’occupation allemande, au 41 rue Saint-Marc à Brest. À la fin du mois d’octobre 1942, c’est son frère Pierre Le Bris qui succombe, à l’âge de 26 ans.

Peu d’informations sont disponibles à son sujet et l’on ignore la date précise à laquelle il rejoint la Résistance brestoise, tout comme nous ignorons l’identité de son recruteur. Le jeune mineur semble appartenir au Groupement F.F.I Brest-Est depuis l’année 1944. En juin 1944, son groupe est inquiété et les jeunes résistants reçoivent l’ordre de gagner le secteur de Lesneven pour se mettre au vert.

Avec l’aide d’Henriette Berder, le groupe de réfugiés brestois rejoint Saint-Méen entre le 20 et 21 juin 1944. Une partie s’installe dans le bois Morizur tandis que les autres sont amenés à la ferme de Kérougon de Louis Thépaut. Ce dernier a déjà hébergé madame Berder lors des arrestations au début du mois de juin. Les F.F.I de Brest s’installent dans une vieille grange désaffectée attenante au corps de ferme. Outre Jean Le Bris, ce groupe comprend Jean Berlivet, Louis Berthou, Jean Gouriou, Pierre Hagnéré, Roger Henry, Robert Le Page, Georges Midrouillet et Joseph Nicolas. Aux brestois, s’ajoutent rapidement François Kerbrat et Jean Lamandé. Ces réfugiés forment finalement un embryon de maquis et agissent au moins une fois, en sabotant la voie ferrée Landerneau-Lesneven à hauteur de la gare du Folgoët.

Le kommando de chasse allemand I.C 343 de Landerneau est mis sur la piste du maquis de Kérougon suite à un rendez-vous à Saint-Divy avec Jean-Marie Cavalloc, entrepreneur originaire de Sizun. Comment celui-ci a t-il obtenu l’information ? Cela reste un mystère mais les Allemands décident en tout cas de mener l’enquête le 13 juillet 1944. Herbert Schaad, le sergent Friedrich Horch et le supplétif français Jean Corre se rendent dans les fermes des environs pour obtenir des précisions. La collecte est semble t-il suffisante pour qu’une fois rentrés à Landerneau, une expédition soit décidée pour le lendemain de bonne heure.

Le 14 juillet 1944 au petit matin, les Allemands investissent les abords de la ferme qui sert de maquis. Il y a bien une sentinelle en arme mais celle-ci sommeille, elle est rapidement désarmée et faite prisonnière. L’alerte est cependant donnée rapidement et une fusillade éclate entre maquisards et allemands. Les trois supplétifs français présents ce jour là du côté allemand firent également le coup de feu.

Le combat se révèle cependant inégal, notamment à cause de grenades lancées dans la ferme. Seuls Pierre Hagnéré, Georges Midrouillet et Roger Henry parviennent à s’échapper à travers champs. Un quatrième malheureux parvenu à s’extraire de la ferme tente également de fuir mais il n’a pas fait vingt mètres qu’un tir le fauche mortellement.

Parmi les victimes tuées lors de l’attaque ou abattues sommairement sur place dans la foulée, figure Jean Le Bris et ses compagnons Jean Berlivet, Louis Berthou, Jean Gouriou, François Kerbrat et Joseph Nicolas. Le fermier hébergeur, Louis Thépaut, est abattu à quelques centaines de mètres de là par les allemands pour l’aide apportée aux maquisards. D’autres fermiers des environs sont faits prisonniers et envoyés à Landerneau et relâchés rapidement sans répercussion après interrogatoire.

Après guerre, un monument commémoratif est érigé non loin du lieu des combats, le nom de Jean Le Bris y est gravé. À titre posthume, le jeune mineur brestois est décoré de la médaille Militaire, de la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent en 1946 et de la médaille de la Résistance française en 1955.

La sépulture de Jean Le Bris se trouve dans le cimetière de Kerfautras à Brest [Carré 38, Rang 9, Tombe 15]

Nous cherchons à mettre un visage sur son histoire, si vous avez une photo de lui, n’hésitez pas à nous contacter.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Stèle du maquis de Kérougon
Photo Gildas Priol - 2018

Sources - Liens

  • Centre généalogique du Finistère (CGF29), registres d’état civil.
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattant volontaire de la résistance (1622 W 62).
  • Ordre de la Libération, registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 13/12/1955).
  • Archives municipales de Brest, fonds Joël Le Bras, copies des dépositions d’Herbert Schaad, Jean Corre et Gabriel Poquet en septembre 1944 (153S12).
  • Service historique de la Défense, dépositions de Friedrich Horch et Jean Corre, aimablement transmises par Edi Sizun.
  • BOHN Roland, Chronique d’hier -Tome 1 - La vie du Léon 1939-1945, à compte d’auteur, 1993.
  • LE BRAS Joël, textes L’affaire Jean-Pierre Lamandé, De l’affaire BDG à l’affaire du maquis de Kérougon et Résistance de Brest-Est (2007).
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture de Jean Le Bris.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 348031) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier d’attribution de la mention Mort pour la France à Jean Le Bris (AC 21 P 588459) - Non consulté à ce jour.