Joseph Marie Nicolas est le second des huit enfants d’un couple de cultivateurs. Quand il voit le jour, la famille réside à Lescreven en Plouguin, avant de migrer vers Kervijin en Lampaul-Ploudalmézeau quelques années plus tard. Finalement, son père ayant trouvé du travail à l’arsenal de Brest, la famille se fixe à l’Hermitage en Lambézellec. Charcutier de profession, Joseph Nicolas semble travailler sous l’occupation allemande comme mineur pour l’entreprise de terrassement Theg, qui œuvre notamment sur le chantier de l’Hôpital maritime à Brest. Compte tenu de son parcours, l’on peut très probablement prêter à Joseph Nicolas, d’être l’ami de Jean Gouriou.
Peu d’informations sont disponibles à son sujet et l’on ignore la date précise à laquelle il a rejoint la Résistance brestoise, tout comme nous ignorons l’identité de son recruteur. Dans un rapport de 1954, il est indiqué que Joseph Nicolas est entré en Résistance en mars 1943, au sein du Groupement F.F.I Brest-Est de Lambézellec. Ceci paraît étonnant dans la mesure où ce groupement ne prend vie qu’en 1944. Joseph Nicolas a peut être fait partie des effectifs des Francs-tireurs et partisans (F.T.P), comme Louis Berthou, avant d’être amalgamé dans le groupement Brest-Est. Quoi qu’il en soit, en juin 1944, son groupe est inquiété et les jeunes résistants reçoivent l’ordre de gagner le secteur de Lesneven pour se mettre au vert.
Avec l’aide d’Henriette Berder, le groupe de réfugiés brestois rejoint Saint-Méen entre le 20 et 21 juin 1944. Une partie s’installe dans le bois Morizur tandis que les autres sont amenés à la ferme de Kérougon de Louis Thépaut. Ce dernier a déjà hébergé madame Berder lors des arrestations au début du mois de juin. Les F.F.I de Brest s’installent dans une vieille grange désaffectée attenante au corps de ferme. Outre Joseph Nicolas, ce groupe comprend Jean Berlivet, Louis Berthou, Pierre Hagnéré, Jean Gouriou, Roger Henry, Jean Le Bris, Robert Le Page et Georges Midrouillet. Aux brestois, s’ajoutent rapidement François Kerbrat et Jean Lamandé. Ces réfugiés forment finalement un embryon de maquis et agissent au moins une fois, en sabotant la voie ferrée Landerneau-Lesneven à hauteur de la gare du Folgoët.
Le kommando de chasse allemand I.C 343 de Landerneau est mis sur la piste du maquis de Kérougon suite à un rendez-vous à Saint-Divy avec Jean-Marie Cavalloc, entrepreneur originaire de Sizun. Comment celui-ci a t-il obtenu l’information ? Cela reste un mystère mais les allemands décident en tout cas de mener l’enquête le 13 juillet 1944. Herbert Schaad, le sergent Friedrich Horch et le supplétif français Jean Corre se rendent dans les fermes des environs pour obtenir des précisions. La collecte est semble t-il suffisante pour qu’une fois rentrés à Landerneau, une expédition soit décidée pour le lendemain de bonne heure.
Le 14 juillet 1944 au petit matin, les allemands investissent les abords de la ferme qui sert de maquis. Joseph Nicolas est posté comme sentinelle avec une arme mais il sommeille. Les Allemands le désarme rapidement et le font prisonnier. L’alerte est cependant donnée et une fusillade éclate entre maquisards et allemands. Les trois supplétifs français présents ce jour là du côté allemand firent également le coup de feu.
Le combat se révèle inégal, notamment à cause de grenades allemandes lancées dans la ferme. Seuls Pierre Hagnéré, Georges Midrouillet et Roger Henry parviennent à s’échapper à travers champs. Un quatrième malheureux parvenu à s’extraire de la ferme tente également de fuir mais il n’a pas fait vingt mètres qu’un tir le fauche mortellement.
Parmi les victimes tuées lors de l’attaque ou abattues sommairement sur place dans la foulée, figure Joseph Nicolas et ses compagnons Jean Berlivet, Louis Berthou, Jean Gouriou, François Kerbrat, Jean-Pierre Lamandé, Jean Le Bris et Robert Le Page. Le fermier hébergeur, Louis Thépaut, est également abattu à quelques centaines de mètres de là par les allemands pour l’aide apportée aux maquisards. D’autres fermiers des environs sont faits prisonniers et envoyés à Landerneau et relâchés rapidement sans répercussion après interrogatoire.
Comble du malheur pour la famille Nicolas, le père de famille, Jean-Charles Nicolas, est tué par un éclat d’obus le 24 août 1944 à Lambézellec. Son épouse est également blessée à la jambe et à la tête tandis qu’un voisin, M. Gouriou (père de Jean Gouriou ?) est blessé grièvement par une fracture au crâne.
Après guerre, un monument commémoratif est érigé non loin du lieu des combats, le nom de Joseph Nicolas y est gravé. À titre posthume, il est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent en 1946 et de la médaille de la Résistance française en 1955.
La sépulture de Joseph Nicolas se trouve dans le cimetière de Lambézellec à Brest [Carré 8, Rang 3, Tombe 22]