Georges Louis Charles Midrouillet grandit dans sa ville natale. Il a la douleur de perdre son père, brutalement décédé d’une crise cardiaque en septembre 1940. Il réside alors avec sa sœur Gisèle et sa mère qui tient un café-charbon Place Guérin, au 30 rue Massillon dans le quartier Saint-Martin. Lorsque la guerre éclate, il a quinze ans. Il suit une formation professionnelle d’ajusteur et travaille un moment comme docker.
On ignore comment il entre dans la Résistance brestoise et à quelle date. Cependant, en juin 1944, sous le pseudo Fifi, il fait partie du Groupement F.F.I Brest-Est. Vers le 19 juin 1944, il doit quitter Brest en compagnie d’un groupe de F.F.I. Recherché par les Allemands, peut-être pour avoir mené des actions directes (sabotages, enlèvement de tickets de rationnement), il se réfugie à Saint-Méen, près de Lesneven, avec un groupe d’une dizaine de jeunes hommes, dont deux autres sont recherchés (Louis Berthou et Joseph Nicolas). Ils sont accueillis sur la ferme de Louis Thépaut à Kerougon, orientés par Henriette Berder, responsable cantonale de la Résistance. Elle leur donne une mitraillette pour compléter leur armement composé déjà de deux mitraillettes, un revolver, quelques grenades et peu de munitions.
Le groupe est composé d’un « noyau dur » de Lambézellec : Louis Berthou, Jean Gouriou, Jean Berlivet et Joseph Nicolas. Jean Le Bris et Robert Le Page sont originaires de Saint-Marc. Il comprend également les Brestois Pierre Hagnéré et Roger Henry. Viendront ensuite se joindre à eux : François Kerbrat de Landivisiau, et Jean Lamandé, de Saint-Méen , en fuite après les arrestations du 3 juin dans le secteur de Lesneven.
Restant sans liaison avec leur commandement, les jeunes Résistants s’installent sur les lieux, s’intègrent à la vie du village, participent aux travaux des champs. Ils sont nourris par les fermes des alentours.
Cependant, le Kommando I.C 343 de Landerneau, unité militaire allemande chargée de la lutte contre les Maquis, a été informé de la présence d’un groupe dans ce secteur. Le 13 juillet, Jean Corre, supplétif français du Kommando, fait des repérages sur place avec deux officiers allemands. Il interroge les gens des environs en se faisant passer pour un délégué de la Résistance, tout comme il l’avait déjà fait pour récolter des renseignements à Lesneven début juin. L’emplacement du maquis est identifié, une attaque est décidée pour le lendemain.
Le 14 juillet à 5h45, une quarantaine d’hommes, accompagnés par les Français Jean Corre, Hervé Botros et André Geffroy, encerclent la fermette de Kerougon.
Témoignage de Pierre Hagnéré sur l’attaque :
« Vers 5.45 le 14/7/44 l’homme de garde (Midrouillet) cria « Les Boches ! » pour alerter.
Tous les hommes de garde ont fait le nécessaire pour alerter les dormeurs mais ont été submergés par le nombre (environ 100 allemands ceinturant la ferme). Les hommes de garde ont cherché par infiltration à se replier. À ce moment, Joseph Nicolas étant surpris a été tué sur le champ, les 2 autres ont réussi à s’enfuir plus l’homme de ronde (le 4e de garde étant tué).Ceux qui étaient couchés ont tous été surpris dan la baraque même, ils ont pu cependant se servir de leurs grenades ; les hommes de garde dans leur repli ont épuisé leurs munitions. Les Allemands ont mitraillé avec leur mitraille sous tous les azimuts. Au fur et à mesure de leur sortie par la porte de la ferme, les hommes étaient descendus étant fauchés par le tir de mitraillette dans les jambes et ont tous été achevés par un coup dans la tête. »
L’attaque est fulgurante. Les victimes sont : François Kerbrat (21 ans), Robert Le Page (18 ans), Jean Le Bris (19 ans), Joseph Nicolas (22 ans), Jean Berlivet (21 ans), Jean Gouriou (22 ans), Louis Berthou (22 ans) et Jean Lamandé (27 ans).
Le fermier hébergeur, Louis Thépaut, est également abattu à quelques centaines de mètres de là pour l’aide apportée aux maquisards. Sa ferme et sa maison sont incendiées. D’autres fermiers des environs sont faits prisonniers, emmenés à Landerneau et relâchés après interrogatoire. Georges Midrouillet parvient à se réfugier dans les bois alentours. Il marche ensuite jusqu’au Folgoët (chaussé de sabots, racontera-t-il) pour prévenir les groupes de Résistants qui s’y trouvent, puis vers Lannilis.
Les trois seuls survivants rentrent à Brest et restent en relation. Ont-ils cependant cherché à prendre contact avec leurs anciens chefs brestois ? Ils quittent la ville lors du premier exode entre le 6 et 7 août 1944 et parviennent ensuite à rejoindre les rangs du Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau. Pierre Hagnéré, Georges Midrouillet, Roger Henry et d’autres brestois ayant rejoint le maquis forment le 4ème Groupe de combat de la 2ème Section de la 1ère Compagnie.
Composition de son groupe de combat :
– BORVON Jacques
– COSTARD Louis
– GOASDOUE René
– HAGNÉRÉ Pierre (chef de groupe)
– HENRY Roger (tué au combat le 28/08/1944)
– JESTIN Guy
– KERBÉRÉNES François
– KÉRÉBEL Henri
– LOZACH François
– MIDROUILLET Georges
– POULIQUEN Roger
– QUEMENEUR René
– QUINQUIS Guy
– THOMAS Alexis
Avec son groupe, il prend part aux opérations de Libération du canton de Ploudalmézeau puis à la réduction de la poche allemande du Conquet jusqu’au 10 septembre. Il reste sous les ordres des F.F.I pour le nettoyage des zones de combat jusqu’à la fin septembre 1944. Démobilisé à la dissolution du bataillon, il souscrit un engagement volontaire pour la durée de la guerre. Georges Midrouillet est alors versé dans l’infanterie coloniale en octobre 1944. Il y est victime d’un accident à l’entraînement en 1945 qui a pour conséquence la perte de son œil gauche : il est définitivement réformé.
Pour son engagement dans les F.F.I, il est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, avec la citation suivante :
« volontaire pour toutes les missions périlleuses, faisant partie du corps franc du bataillon. A assuré toute les missions qui lui ont été confiées. Animé d’un bel esprit de sacrifice, s’est fait remarquer par son calme, son courage et son audace à l’assaut de la prise du bastion fortifié ennemi du Corsen, le 29 août 1944. »
Après guerre, il revient sur Brest, se marie et poursuit une carrière d’ajusteur sur les chantiers navals brestois.
La sépulture de Georges Midrouillet se trouve dans le cimetière de Saint-Marc à Brest [Carré 6, Rang 11, Tombe 13]