Albert André Cadiou est typographe de formation. Il réside au 54 rue Keravel quand il épouse Jeanne Le Gall (1909-1982), le 18 novembre 1931 à Brest. En 1936, avec son frère Georges, ils adhèrent au Parti communiste français (P.C.F) (cellule Kéravel). Albert Cadiou travaille à l’imprimerie coopérative, rue Kléber à Brest. Il réside en 1939 au 2 rue Conseil et reste fidèle au parti après son interdiction suite au pacte germano-soviétique. Il fait partie des militants qui participent à sa reconstruction clandestine en 1940.
Sous l’occupation, il se retrouve au chômage, l’imprimerie est fermée faute de commande. En juillet 1941, Ernest Miry contacte François Prigent, directeur de l’imprimerie, tout juste rapatrié d’un camp de prisonniers. Les deux hommes s’entendent pour relancer clandestinement les rotatives. Prigent sera secondé par Albert Cadiou qui grâce à un jeu de caractères différents de ceux de l’imprimerie, peut composer des journaux et tracts sans risquer d’incriminer l’imprimerie coopérative. Les caractères sont fournis par Ernest Miry puis après son arrestation, ils sont stockés chez Henri Moreau.
Les premières impressions suscitent rapidement des suspicions sur l’imprimerie coopérative de la rue Kléber. En octobre 1941, les policiers perquisitionnent mais ne trouvent aucune preuve sur place. Il en sera ainsi pendant près d’un an. L’imprimerie abrite également, une mallette remplie d’explosifs pour le groupe de l’Organisation Spéciale (O.S) de Brest. Elle a été confiée à Albert Cadiou par son neveu Jean Kerautret.
Au tout début d’octobre 1942, son neveu arrêté, Albert Cadiou est convoqué à l’école Bonne Nouvelle en Kérinou. Il est questionné sur les relations qu’il entretient avec Kerautret. Albert Cadiou nie le fréquenter régulièrement, il est relâché faute de preuve mais avec l’avertissement qu’en cas de fuite de la ville, son beau-frère Bourhis serait fusillé. A sa sortie d’interrogatoire, son camarade François Prigent lui propose de l’argent et une planque sur Paris pour se mettre au vert. Albert Cadiou refuse son offre bienveillante, pour ne pas causer d’ennui à son beau-frère.
Peu de temps après, il est arrêté le 3 octobre 1942 par des policiers français. Lors de son interrogatoire, il est torturé pour obtenir des aveux et informations. Il est ensuite remis aux autorités allemandes qui semblent de nouveau l’interroger avec violence au siège de l’Aussenkommando du S.D de Brest, à l’école Bonne Nouvelle en Kérinou. Il est ensuite interné au château de Brest jusqu’en janvier 1943. Transféré sur la région parisienne, il est déporté en Allemagne, au départ de Compiègne le 24 janvier 1943.
Résistants brestois présents dans le convoi du 24 janvier 1943 :
– ABALAIN Georges (Sachsenhausen et Heinkel)
– ANSQUER Jean (Sachsenhausen)
– BERTHELOT Pierre (Sachsenhausen, Heinkel et Dachau)
– CADIOU Albert
– CADIOU Georges (Sachsenhausen) ✝
– CHITRE Louis (Sachsenhausen, Heinkel, Dachau et Augsburg) ✝
– FLOC’H Rosa-Michelle (Auschwitz) ✝
– JANNIN Jean (Sachsenhausen)
– JONCOURT François (Sachsenhausen, Heinkel, Buchenwald et Leipzig-Thekla)
– LE GALL Georges (Sachsenhausen)
– MONOT Thénénan (Sachsenhausen) ✝
Albert Cadiou arrive au camp de concentration de Sachsenhausen où il se voit attribuer le matricule de déporté 58727. Porté disparu, la justice française décrète qu’il est administrativement décédé le 12 juillet 1944 à Oranienburg en Allemagne.
Cependant, les archives démontrent qu’il est détenu jusqu’en février 1945 au KL Ravensbrück, période lors de laquelle le camp est évacué par les nazis devant l’avancée des troupes soviétiques. Albert Cadiou entre le 12 février à Ellrich, Kommando de Mittelbau-Dora, où il est enregistré le 12 février sous le matricule 114943. Le 3 mars, il fait partie d’un convoi de 1 602 malades envoyés à la Boelcke-Kaserne à Nordhausen. Kommando de Mittelbau-Dora, le lieu accueille de plus en plus de détenus « jugés inaptes » au travail. Il repart trois jours plus tard, le 6 mars 1945, dans un transport de malades à destination du mouroir de Bergen-Belsen.
On ne sait ce qu’il devient par la suite, comme la quasi-totalité des 2 252 détenus du convoi. Albert Cadiou disparaît donc à Bergen-Belsen après le 8 mars 1945.
À titre posthume, il reçoit la médaille Militaire, la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme et la médaille de la Résistance française en 1955.