François Marie Prigent s’engage volontairement dans l’Armée française en février 1918. Il sert dans l’artillerie et participe à la fin des combats de la Première Guerre mondiale. A l’issue du conflit, il est affecté quelque temps en Pologne, notamment à Varsovie où il fait très probablement la rencontre de Stanislawa Wojciechowska. En novembre 1921, il est rendu à la vie civile et se retire à Brest. Typographe, il adhère à la C.G.T dans les années 20. Après un séjour en Normandie, il revient à Brest en 1924. Il reprend son syndicalisme et devient plus tard le secrétaire de l’Union Départemental C.G.T. François Prigent réside dans la maison familiale au 30 rue Duperré et épouse Stanislawa Wojciechowska le 16 août 1926 à Brest.
En octobre 1936, sous le statut de coopérative ouvrière, il emménage au 1 bis rue de Kléber et fonde l’Imprimerie Moderne. Parmi les employés, outre François Prigent figurent le typographe Albert Cadiou, l’imprimeur René Rousseau et le minerviste Charles Le Meur. En 1938, son fils René (1938-2017) voit le jour à Brest.
Mobilisé à la déclaration de Guerre comme sous-officier, François Prigent est fait prisonnier par les Allemands à Oiselay le 17 juin 1940 et interné au Stalag IV-B de Mühlberg en l’Allemagne. Durant sa captivité, il se montre réfractaire au travail imposé, ce qui lui vaut trois mois de représailles par ses geôliers. Il parvient à se faire rapatrier le 19 juillet 1941 en France au titre d’ancien combattant de 14-18 et rentre à Brest retrouver sa famille.
Sitôt rentré, François Prigent est contacté par une bonne connaissance le 24 juillet 1941 ; Ernest Miry du P.C.F clandestin. Ce dernier cherche un moyen de relancer une imprimerie clandestine après l’arrestation d’Eugène Kerbaul au début du mois. Sans pour autant adhérer au parti, l’imprimeur accepte et entre de facto en Résistance contre l’occupant. Malgré la fermeture de son imprimerie faute de commande, François Prigent relance clandestinement les rotatives. Secondé par Albert Cadiou, les parutions de la propagande reprennent grâce à un jeu de caractères différents de ceux de l’imprimerie coopérative. Les nouveaux caractères, fournis par Ernest Miry, sont ceux qu’utilisait Eugène Kerbaul depuis avril 1941.
Les premières impressions suscitent rapidement des suspicions sur l’imprimerie coopérative de la rue Kléber. En octobre 1941, les policiers perquisitionnent mais ne trouvent aucune preuve sur place. Il en sera ainsi pendant près d’un an. L’imprimerie abrite également, une mallette remplie d’explosifs pour le groupe de l’Organisation Spéciale (O.S) de Brest. Elle a été confiée à Albert Cadiou par son neveu Jean Kerautret. Non content de les imprimer, François Prigent participe également à la diffusion dans les boîtes aux lettres de la propagande. Pour les commodités de cette tâche, il entre dans la Défense Passive, lui permettant une circulation plus souple dans les rues de Brest et de son couvre-feu.
Au mois de novembre 1941, un délégué en charge de l’instauration de la Charte du Travail vient à Brest. Il demande à voir les membres de l’ex-bureau de l’Union départemental C.G.T du Finistère. Ceux présents à Brest ne missionnent que Charles Berthelot, Pierre Autret et François Prigent pour l’entrevue. Les dés sont joués d’avance, les trois représentants se sont mis d’accord avec leurs confrères pour éluder toutes les propositions.
Fin décembre ou début janvier 1942, suite à l’arrestation à Paris de Roger Chaigneau, porteur d’une valise bourrée de tracts anti-allemands, une nouvelle perquisition est effectuée à l’imprimerie coopérative de la rue Kléber. Rien ne pouvant les incriminer n’est trouvé, les allemands décrètent alors que l’imprimerie est mise à leur service. Ils fournissent un typographe qui se révèle n’être qu’un feldgendarme ayant reçu l’ordre de les surveiller. L’Allemand ne reste que six jours, ne contrariant pas trop la tâche des imprimeurs clandestins. Au total, l’imprimerie sera fouillée à sept reprises durant l’occupation.
En octobre 1942, Albert Cadiou est convoqué à l’école Bonne Nouvelle en Kérinou. Son neveu, Jean Kerautret, est recherché par la police, il est alors questionné sur les relations qu’il entretient avec lui. Albert Cadiou nie le fréquenter régulièrement, il est relâché faute de preuve mais avec l’avertissement qu’en cas de fuite de la ville, son beau-frère Bourhis serait fusillé. A sa sortie d’interrogatoire, son camarade François Prigent lui propose de l’argent et une planque sur Paris pour se mettre au vert. Albert Cadiou refuse son offre bienveillante, pour ne pas causer d’ennui à son beau-frère.
L’épouse de François Prigent décède le 14 avril 1943 à Morlaix, le laissant veuf avec un enfant de cinq ans à charge. Ceci ne stoppe néanmoins pas son investissement en faveur de la Résistance. Après les arrestations de l’automne 1942 et de l’hiver 1943, il reprend contact avec les rescapés des Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P) de Brest. Il rencontre André Le Roy qui lui demande de composer et imprimer La Bretagne Libérée. François Prigent aurait également, à des périodes inconnues, hébergé des résistants en mission, dissimulé des armes et participé au collectage de fonds pour le Secours Populaire clandestin.
Au moment de l’exode en août 1944, il incorpore la Compagnie F.T.P Michel. Avec cette unité, il participe aux opérations militaires et combat dans les secteurs de Saint-Renan à Plougonvelin. Il participe ensuite à des opérations dans la banlieue brestoise avant d’être dirigé sur Landerneau pour relancer l’imprimerie Caouissin. Cette dernière est réquisitionnée et sert désormais à l’impression de documents pour les Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I).
Après la Libération, il épouse Marie Castel le 8 décembre 1944 à Porspoder. Le siège de la ville de Brest d’août à septembre 1944 ayant détruit son commerce, François Prigent s’en retrouve ruiné. Il doit prendre un emploi de bureau durant deux ans pour pouvoir survivre financièrement avant de remonter une petite imprimerie grâce à un emprunt contracté au titre d’ancien prisonnier de guerre.
La sépulture de François Prigent se trouve dans le cimetière de Saint-Martin à Brest [Carré 20, Rang 3, Tombe 7]