Raymond Jacques Palu effectue son service militaire dans la Marine nationale en 1934. Il termine son passage sous le drapeau à la station météorologique de la Marine à la pointe Saint-Mathieu. Démobilisé, il reste à Brest et intègre le corps des sapeurs-pompiers de la ville en 1936.
En 1938, il participe aux exercices de Défense passive (D.P) avec les pompiers de Brest, notamment contre les attaques chimiques. Il réside en 1939 au 13 rue Bruat. Avec l’occupation en 1940, débute une longue série de bombardements sur la ville, les pompiers sont quotidiennement sur la brèche.
Malgré sa profession prenante, le sergent-fourrier Palu n’hésite pas à entrer en résistance en mai 1942 dans le réseau Confrérie Notre-Dame (C.N.D). En sa qualité de pompier, il peut se déplacer plus facilement que les civils, notamment lors des couvre-feux. Sa hiérarchie se montre également compréhensible et ne bride pas son activité clandestine. Ce qui lui permet de récolter des renseignements sur l’armée d’occupation et de les transmettre à sa hiérarchie dans la résistance de 1942 à 1944. Pour l’épauler dans cette tâche, il fait appel à ses collègues pompiers pour obtenir davantage d’informations. Ce regroupement de pompiers forme alors le Groupe Rubis.
Raymond Palu est en contact avec André Pichard, Adolphe Golhen, Gilbert Garbe, Robert Richet et Jean Cadiou du même réseau ainsi que René Salaun du mouvement Libération-Nord.
À la veille du déclenchement des opérations militaires du siège de Brest en août 1944, il reçoit la consigne de rester à Brest pour servir le 2ème Bureau F.F.I de Brest en renseignements sur les résultats des bombardements, les évolutions des dispositifs de défense des allemands, ainsi qu’une évaluation du moral de leurs troupes. Raymond choisit pour cette mission les équipiers Jean Abhervé, lui même pompier et Jean Mazé, qu’il a fait intégrer pour l’occasion aux pompiers.
Le 6 août, il achemine à Brest les affiches des Forces Françaises de l’Intérieur, décrétant le siège de la ville à compter du 7 août. Pour effectuer les liaisons avec le 2ème Bureau F.F.I, ils profitent des évacuations sanitaires de malades, de blessés et de personnes âgées, vers les hôpitaux de Lesneven, puis de Saint-Renan. Une fois l’évacuation terminée, l’équipe de Raymond se rend auprès de l’état-major des F.F.I ou le Quartier Général américain pour transmettre les informations. L’équipe revenait ensuite à Brest, sans éveiller de soupçons, pour de nouvelles missions.
Durant le siège, l’équipe de Palu réside à l’école de la Providence, rue Bruat, où s’étaient repliés les Sapeurs-Pompiers de la ville. Par la suite Raymond Palu s’installe avec son équipe à l’abri de l’hôpital Ponchelet. Les liaisons seront effectuées presque tous les deux jours.
Le 13 août, il conduit le président de la délégation Spéciale de Brest, Victor Eusen, auprès des troupes américaines pour négocier une trêve après avoir obtenu un cesser le feu auprès des allemands pour l’évacuation de la population civile. Les américains acceptent une trêve pour le 14 août, permettant ainsi à plus de 35 000 civils de quitter la ville assiégée.
Le 29 août il traverse une nouvelle fois la ligne avec Victor Euzen pour tenter d’obtenir une dernière trêve pour achever l’évacuation des civils. Mais les américains refusent. Le lendemain, Victor Eusen et Raymond Palu reviennent à Brest, non sans mal.
Avant l’attaque décisive américaine, André Pichard traverse la ligne où on lui recommande de faire évacuer ses agents de renseignements de Brest. Il refuse et maintient en place l’équipe de Raymond Palu. Avec la réduction de la ligne de front et l’évacuation presque totale de la population les missions de liaisons furent restreintes.
Pour la petite histoire, d’après François Péron
Avec Palu, à bord de leur ineffable véhicule de pompiers, Jean Mazé fut le dernier à passer sur le Grand Pont avant que ses deux volées ne tombent dans la Penfeld, atteint par les bombes.
Lieutenant, Commandant des pompiers de Brest en 1947, il devra gérer les ravages provoqués par l’explosion du navire Océan Liberty. Depuis décembre 1984, une rue du quartier de Keraudren porte son nom.
Pour sa carrière et son engagement, il est titulaire des distinctions suivantes :
– Médaille de la Résistance (1946)
– Croix de Guerre 1939-1945 (2 citations)
– Médaille des engagés volontaires de la guerre 1939-1945
– Médaille de la France Libre
– Médaille du Courage et du dévouement (3 citations)