GARBE Gilbert

Gilbert Henri Garbe est le fils d’un tailleur d’habits. La famille s’établit ensuite à Béthune où Gilbert Garbe travaille comme architecte. Il épouse la landernéenne Odette Cauvet-Duhamel (1906-1987), le 8 mars 1930 à Grenay dans le Pas-de-Calais. Sans doute pour se rapprocher de la famille de sa femme, et peut être même pour le travail, Gilbert Garbe pose ses valises rue Dixmude à Saint-Marc. Il travaille désormais à l’arsenal de Brest, comme dessinateur de bureau d’études à l’Artillerie navale.

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé en octobre 1939 au Dépôt de Guerre de Cavalerie de Pontivy (D.G.C n°11). Il se voit affecté en renfort au 19ème Régiment de Dragons (19e R.D) à partir d’avril 1940. Engagé sur le front, Gilbert Garbe est blessé par un bombardement le 15 mai à Clavy-Warby dans les Ardennes avant d’être fait prisonnier par les Allemands deux jours plus tard. Interné au Stalag I-B en Prusse Orientale puis au Stalag VIII-C en Pologne, il parvient à se faire rapatrier en France en novembre 1941. Il reprend alors son poste à l’arsenal de Brest à partir de janvier 1942.

Assez rapidement, Gilbert Garbe enregistre les entrées et sorties des sous-marins, note leurs caractéristiques, leur armement et les avaries subies au cours de leurs croisières. Il conserve les informations qu’il a amassé dans l’attente de pouvoir les transmettre. Il ne fait partie d’aucune structure clandestine et agit par pur patriotisme.

Albert Vulliez évoque l’entrée en résistance de Gilbert Garbe

Un jour qu’il (ndr : Gilbert Garbe) buvait un bock de simili bière avec deux de ses camarades dans un bar de la rue Pasteur. C’étaient deux ouvriers d’artillerie navale, l’un s’appelait Golhen et l’autre Jacopin. Les trois amis avisèrent à côté d’eux un soldat allemand ivre mort qui s’endormait dans son assiette. Les plaisanteries commencèrent, d’autant plus vives que l’Allemand s’avérait plus abruti. Un Français qui se trouvait là, suivait complaisamment la scène et quand les jeunes gens sortirent il les rejoignit dans la rue. La conversation s’amorça sur le thème classique de la misère des temps. Puis l’inconnu interrompit son bavardage et changeant brusquement de ton : Je vois que vous n’aimez pas les boches, voulez-vous travailler avec moi ?

Ce recruteur n’est autre que Raymond Vaurette du réseau Confrérie Notre-Dame. Il vient spécialement de Saint-Brieuc, très probablement en mars 1942, pour recruter dans la région brestoise des ouvriers de l’arsenal capables de lui fournir des renseignements sur l’activité de la marine de guerre allemande. Les trois amis brestois donnent leur accord de principe. Gilbert Garbe intègre rapidement le réseau en avril 1942 et opte pour les pseudonymes Hussard et Artilleur. En mai, Gilbert Garbe relance son collègue Paul Jacopin puis développe l’implantation et la structure du réseau à Brest en recrutant notamment Emile Devic en mai, le couple Yvette & Raymond Hébert, Jeanne & Emmanuel Gloaguen, Eugène Gourvès et Hippolyte Foulon en septembre, Armand Baron en octobre, Maurice & Julien Pinaquy et Augusta Burel en novembre, Paul Priser en janvier 1943. Entre temps son ami Adolphe Golhen a lui aussi officialisé son entrée en résistance en juillet 1942.

Le réseau continue de s’agrandir au fil des mois et parvient à fournir régulièrement des informations au réseau Confrérie Notre-Dame. L’activité n’est pas sans risque, plusieurs arrestations toucheront le groupe et Gilbert Garbe est obligé de trouver refuge durant 3 mois au domicile d’Yvette et Raymond Hébert.

Au déclenchement du siège de Brest en août 1944, Gilbert Garbe quitte Brest le 7 août et se met en rapport avec les troupes américaines de la 6th Armored Division. Il sert d’agent de liaison et conseille l’état-major allié sur le déroulement des opérations, il authentifie pour eux les informations que des résistants leur apportent. Son réseau sera l’un des derniers à fonctionner à Brest durant le siège, transmettant régulièrement des informations fraîches sur l’évolution de la situation à Brest. Il se greffe ensuite au commando du 30th Assaut Unit de la Royal Navy pour rentrer dans Brest afin de préserver le plus de documents et d’archives de la Kriegsmarine de la destruction ou du pillage. Il est blessé dans l’abri des torpilles le 17 septembre 1944 par un piège laissé par les Allemands.

À la Libération, il est transféré au 2ème Bureau F.F.I de l’arrondissement de Morlaix avec le grade F.F.I de Capitaine. Il reste en poste dans l’Armée jusqu’en septembre 1945 avant de retourner à la vie civile.

Pour son action dans la clandestinité, il reçoit la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile d’argent en 1945 et la Médaille de la Résistance française en 1946. Il est élevé au rang de Chevalier de la Légion d’honneur à titre exceptionnel pour services de guerre en 1948. Enfin, l’agent technique de la Marine, obtiendra la médaille Militaire.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (15E28).
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattant volontaire de la Résistance (1622 W 4).
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 05/12/1946).
  • Amicale du réseau C.N.D-Castille, notice synthétique de Gilbert Garbe.
  • Bibliothèque nationale de France, bibliothèque numérique Gallica, liste officielle (n°77) de prisonniers français, février 1941 (4-LH4-4448).
  • VULLIEZ Albert, Brest au Combat, éditions Ozanne, Paris, 1950, page 153.
  • LE BRAS Joël, C.N.D. La Résistance au sein de la Défense Passive durant le siège de Brest, non publié, 2007.
  • CARON François, renseignements personnels sur Gilbert Garbe, 2021.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossiers d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 242306 et GR 28 P 4 38 286) - Non consultés à ce jour.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture.