Jean Mazé travaille comme rédacteur au Commissariat à la Reconstruction [1] à Brest.
Il entre, semble t-il par l’intermédiaire de Raymond Palu, au réseau Confrérie Notre-Dame en 1942. De son propre aveu, son activité se cantonne à des actes secondaires, faute d’une liaison suivie. Il ne fait qu’exécuter des ordres transmis par agents interposés.
Le 28 mai 1943, Jean reçoit un ordre de départ du Service du Travail Obligatoire (STO) pour aller travailler en Allemagne. Réfractaire, il quitte son emploi et trouve refuge à Saint-Pol-de-Léon au 12 rue Verderel chez M. et Mme Le Borgne. Quelques temps après, il souhaite rallier l’Angleterre par la mer, mais la filière d’évasion de Carantec est éventée.
En juin 1943, Jean rencontre Alice Coudol, agente du réseau Alliance, qui œuvre également à la création d’une structure dans le Nord Finistère. Elle recrute Jean Mazé et lui demande de demeurer à Saint-Pol-de-Léon afin d’y constituer un groupement local. Durant cette période, c’est Guy Berder qui lui sert d’agent de liaison entre Lesneven et Saint-Pol-de-Léon. Il est également en relation avec le docteur Aristide Fichez de Plougoulm, opérant pour le réseau Centurie du mouvement de l’Organisation civile et militaire (O.C.M). La mission de Jean Mazé se structure des façons suivantes :
- Discerner les patriotes.
- Choisir des cadres civils qui s’occupent du recrutement de la distribution des ordres, des journaux, etc...
- Choisir des chefs militaires qui ne s’occuperont que des affaires purement militaires et demeureront, vu leur importance en dernier ressort, le plus longtemps inconnus.
- Faire de la propagande à l’aide de journaux, de tracts.
- Dépister les collaborateurs et les agents allemands ou autres individus dangereux.
- Glaner tous les renseignements susceptibles d’intéresser les autorités militaires alliées ou les mouvements de Résistance.
Jean Mazé recrute alors Joseph Moigne, M. Péron, et M. Simon pour l’épauler dans cette mission. Peu à peu le groupe se crée dans le canton, François Moguérou est choisi comme responsable militaire avec pour adjoint M. Séité de Roscoff. Des recrutements sont effectués à Santec, Plouénan, Roscoff et Saint-Pol-de-Léon.
L’arrestation d’Alice Coudol le 4 octobre 1943 pousse Jean Mazé à stopper temporairement ses activités clandestines. Prévenu par André Berder de l’arrestation, il quitte le secteur et se diriger vers les Côtes-du-Nord [2] pour se mettre au vert. À son retour à Saint-Pol-de-Léon, Henriette Berder lui fait savoir que des liens sont rétablis avec une organisation clandestine ; le mouvement Défense de la France (D.F).
En décembre 1943, la structure locale est totalement opérationnelle et ne nécessite plus l’intervention de Jean Mazé. Il fait alors régulariser sa situation auprès du STO et réintègre son emploi administratif à Brest en janvier 1944.
Jean Mazé reste cependant actif dans la résistance et entretien des contacts avec Jean Cadiou, Pierre Herpe et ses tantes. Il fournit également des renseignements d’ordre militaire à Adolphe Golhen du réseau réseau Confrérie Notre-Dame.
A la suite d’un grand nombre d’arrestations dans son ancien secteur, il reçoit pour mission de rétablir les liaisons entre les groupes de Brest - Saint-Pol-de-Léon et Morlaix.
Fin avril, début mai 1944, il est présent chez Jeanne et Marguerite Ambroise à Brest après l’accident de voiture d’Yves Hily, Georges Dauriac, Pierre Herpe et Georges Laurent lors d’une mission à Ploudalmézeau. S’y trouve également Denise Le Page qui est missionnée par les sœurs Ambroise d’aller prévenir les camarades du mouvement de l’accident qui s’est produit. Pour sa part, Jean Mazé est chargé de prendre à en charge le matériel de la Résistance présent dans le logement car les sœurs Ambroise craignent une descente de police.
En mai 1944, il intègre le corps des sapeurs-pompiers de la ville de Brest. Cette couverture lui permet de garder une activité de résistance durant le siège de la ville. Avec Jean Abhervé, il est placé sous les ordres de Raymond Palu, dit Rubis. Ils servent dès lors le 2ème Bureau F.F.I de Brest en qualité d’agents de renseignement et de liaison. Son rôle de pompier n’est pas que fictif, il aide à l’évacuation des vieillards et malades et sauve les archives et du matériel appartenant au Commissariat à la Reconstruction qu’il entrepose à l’abri Ponchelet. Pour la résistance, il va passer plusieurs fois les lignes de front pour délivrer des informations susceptibles d’intéresser les troupes américaines et F.F.I.
Pour la petite histoire, d’après François Péron
Avec Palu, à bord de leur ineffable véhicule de pompiers, Jean Mazé fut le dernier à passer sur le Grand Pont avant que ses deux volées ne tombent dans la Penfeld, atteint par les bombes.
Il reste au 2ème Bureau F.F.I de Brest jusqu’en novembre 1944 en qualité de Commissaire-rapporteur. Après-guerre, il épouse Simone Omnes le 4 septembre 1946 et devient le président départemental de l’association Défense de la France.
Pour son engagement dans la résistance, il reçoit les distinctions suivantes :
– Chevalier de la Légion d’Honneur (1957)
– Médaille Militaire
– Croix de Guerre 1939-1945, avec palmes
– Diplôme d’acte de courage et dévouement
La sépulture de Jean Mazé se trouve dans le cimetière de Saint-Martin à Brest [Carré 22, Rang 4, Tombe 30]