GEORGE Denise

Denise Marie Le Page est la fille d’un artisan menuisier. Élève à l’École privée de la rue Émile Zola, l’étudiante obtient son certificat d’études primaires en juin 1936. Avant et durant la guerre, elle réside chez ses parents au 1 ter rue Kléber. Rentrée dans la vie active, la jeune fille est employée à partir de 1937 à la parfumerie À la Rose France, de la maison Trignan, sise au 77 rue de Siam à Brest.

En mai 1943, elle indique avoir aidé ses parents, Pierre Le Page et Anne Kerrien, à faciliter le départ en Angleterre de Raymond Kerrien [1], Émile Léon et Robert Meudec depuis Carantec à bord du cotre Météor des chantiers d’Ernest Sibiril.

Appartenant à un groupe de jeunes campeurs brestois, Denise Le Page fait la connaissance fin 1943 [2] des frères Jean, Louis et René Le Grill. C’est par l’intermédiaire de ce dernier qu’elle intègre la Résistance au sein du mouvement Défense de la France (D.F), probablement en décembre 1943 ou début 1944. Elle devient alors agent de liaison et côtoie ainsi plusieurs résistants, comme Yves Hily chez qui elle se rend à deux reprises pour lui porter des messages verbaux. Lui en retour semble trouver asile, à une période inconnue, chez les parents de Denise Le Page, tout comme Georges Dauriac qui séjourne chez eux quelques jours.

Denise Le Page se rend également auprès de Jeanne et Marguerite Ambroise pour des liaisons et l’acheminement des photos et papiers pour la fabrication des fausses cartes d’identité. Elle accompagne lors d’une liaison, le gendarme maritime Yves Guillou chez Marie-Anne Stéphan au 14 rue Coat-ar-Guéven, pour que celui-ci remette des plans comportant des indications sur les positions allemandes du port de commerce.

La jeune résistante reçoit par Georges Dauriac des exemplaires du journal clandestin du mouvement. Lui incombe alors la tâche de se rendre aux adresses fournies avec pour tâche de les distribuer. À l’insu de ses employeurs, elle stocke quelques exemplaires du journal à la parfumerie pour les distribuer. Denise Le Page favorise également l’acquisition pour la Résistance de produits de maquillage, entre autres des teintures pour cheveux.

Dans les environs du mois de février 1944, un autre membre de sa famille maternelle, Louis Kerrien, se présente à Brest. Grâce aux Le Page, il est mis en relation avec Georges Dauriac et Marie-Anne Stéphan pour obtenir des fonds afin de financer un nouveau départ en Angleterre depuis Carantec. Il n’obtient pas satisfaction, mais parvient tout de même à rallier Londres à bord du goémonier Amity, parti depuis Carantec le 14 février 1944.

On fait également appel aux services de Denise Le Page vers mars 1944 pour reproduire la notice d’instruction au maniement de la mitraillette Sten. Pour se faire Georges Dauriac lui indique de se rendre auprès de Marie-Anne Stéphan pour récupérer une machine à écrire Remington. Elle s’y rend avec un gendarme maritime afin de ramener le bien chez ses parents. Chez la famille Le Page, sont vraisemblablement stockées par le mouvement ; quelques armes de poing ainsi que des grenades Mills. Une grenade est d’ailleurs confiée à Denise Le Page afin qu’elle aille la montrer à plusieurs gendarmes maritimes en caserne à l’institution de l’Immaculé conception.

Les gendarmes Lucas Gallic et Sébastien Ségalen chargèrent également Denise Le Page, par l’intermédiaire de ses parents, d’aller avertir des résistants se trouvant dans le collimateur des Allemands.

Son témoignage laisse à penser qu’elle a été arrêtée puis interrogée par Alice David et George Roëder, agents de l’Aussenkommando Brest du Sicherheitspolizei-Kommando (S.D) de Rennes. Par recoupement, ceci se situerait fin mars 1944 quand une partie du Camping Club de la place Guérin est arrêtée, dont Jean et Louis Le Grill. Relâchée faute de preuve retenue contre elle, Denise Le Page indique également s’être rendue à une convocation à la place de son père à la caserne Guépin, pour lui éviter un départ en Allemagne (dans le cadre du S.T.O ?), en le faisant passer pour un paludéen chronique.

Fin avril 1944, après l’accident de voiture d’Yves Hily, Georges Dauriac, Pierre Herpe et Georges Laurent lors d’une mission à Ploudalmézeau, Denise Le Page se retrouve chez Jeanne et Marguerite Ambroise en présence de Jean Mazé. Ce dernier est chargé de prendre à sa charge le matériel de la Résistance car les sœurs Ambroise craignent une descente de police. Denise Le Page reçoit pour sa part la tâche d’aller prévenir les camarades du mouvement de l’accident qui s’est produit.

Afin de ne pas trop éveiller les soupçons sur les rendez-vous de Résistants chez elle, la famille Le Page organise des soirées de chants et danses bretonnes dans l’atelier de menuiserie. Mesures de sauvegarde justifiées par le vis à vis depuis l’atelier avec le bar du 10 rue Kléber, tenu par l’algérien Salah Betkaoui, considéré par la Résistance comme informateur des Allemands.

Au mois de juin 1944, suite à plusieurs arrestations, cinq gendarmes maritimes dont Émile Furic, Jean Escope et Yves Guillou, viennent passer une nuit chez les Le Page avant de quitter la ville pour le Sud Finistère. À une date inconnue entre juin et août 1944, Denise Le Page se rend à Riec-sur-Bélon auprès de ces gendarmes, pour leur transmettre les ordres de leur adjudant de compagnie de Gendarmerie Maritime Légère (G.M.L). Ces derniers œuvrèrent dans la Résistance du côté de Rosporden. Denise Le Page aurait également contribué à la fabrication de brassards tricolores pour les Forces françaises de l’intérieur (F.F.I).

Elle quitte la ville à l’évacuation totale du 14 août 1944. Après guerre elle se marie avec Louis George (19XX-19XX) et aura deux enfants. Elle quitte Brest pour s’établir à Carantec dans les années 1960 avant de revenir quelques années plus tard.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (5E130).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattante volontaire de la résistance de Denise Le Page-George (1622 W).
  • La Dépêche de Brest, édition du 16 juin 1936.
  • Fondation de la France Libre, Les évadés de Carantec-La Penze.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Denise Le Page-George (GR 16 P 363336) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.

Notes

[1Secrétaire militaire de l’Amiral Le Normand au Bureau maritime des matricules (B.M.M)

[2Elle indique au début de son témoignage la date de cette rencontre comme se situant en fin 1942, avant de plus loin indiquer une aide apportée au départ d’un navire de Carantec s’étant passé en mai 1943, celle-ci bien avant d’avoir rencontrer les Le Grill. Denise Le Page se contredisant, cela laisse donc à penser qu’il y a anticipation sur sa date de rencontre avec les Le Grill au début de son témoignage.