René Joseph Le Grill et son jumeau Jean-Louis sont nés en Allemagne, tout comme leur frère Louis, d’un père voyageur et d’une mère allemande. La famille réside au 7 rue Henri Barbusse à Lambézellec. Le père travaille dans les P.T.T.
René intègre l’école des École des Enfants de Troupe. Celle-ci est dissoute à l’armistice en 1940. René tente alors de rejoindre les Forces Françaises Libres en Angleterre sans y parvenir. A Brest, il trouve alors un emploi à l’arsenal comme soudeur. Il y fait la connaissance de Roger Pétron à la fin de l’année 1941.
Ils se mettent alors à collecter des renseignements sur l’activité maritime allemande et sur la base sous-marine en construction où ils travaillent désormais. Après un renvoi pour mauvaises conduites, les deux compères retrouvent un emploi dans la firme allemande Wendel de la Todt. Ils travaillent à la construction du mur de l’Atlantique sur la presqu’île de Kermorvan au Conquet où ils profitent de l’inattention d’un officier allemand pour subtiliser un plan des fortifications du site.
Ce plan est remis en 1943 à Georges Dauriac, un ami d’enfance des trois frères Le Grill, qui est bien décidé à monter un groupe de résistance actif. C’est ainsi que Roger Pétron rejoint la résistance dans ce qui devient le groupe Action Directe qui se lie par la suite au mouvement de résistance national Défense de la France.
En premier lieu, il diffuse le journal clandestin du mouvement. Il recrute aussi quelques membres, notamment son camarade d’école Guy Le Gall et Denise Le Page, une amie du Camping Club de la place Guérin. René est aussi mis à contribution comme agent de liaisons entre Brest et le Nord-Finistère. Il semble également toucher un peu à la fabrication de faux papiers.
Le 29 septembre 1943, il participe au vol de tickets d’alimentation à la mairie de Guipavas. En octobre sabotages ainsi qu’un vol chez un officier allemand près du cimetière de Kerfautras. L’opération tourne au vinaigre, l’occupant prétendument absent est sur les lieux, les résistants détalent et se cachent dans le cimetière de Kerfautras. René Le Grill lui trouve refuge en haut d’un arbre et fait le mort tandis que des soldats allemands passent sous ses pieds.
Une opération est également menée sur Gouesnou avec Yves Hall, Yves Hily et Georges Dauriac, pour tenter de voler un stock d’armes aux allemands. Repérés par une sentinelle, les résistants doivent rebrousser chemin, les mains vides.
Il participe au cambriolage du logement d’un officier allemand rue Branda avec René Foll, Paul Kervella et Guy Le Goff.
Le 20 novembre 1943 vers 20h30, Yves Hall, Francis Beauvais, René Le Grill, Jean Kerjean et Roger Cabon se rendent à la mairie de Guilers pour y dérober les tickets d’alimentation au profit de la Résistance.
Le 17 décembre 1943, avec Yves Hall et Francis Beauvais, ils montent à Lesneven en vélo pour voler les tickets d’alimentation. L’opération se déroule sans accroc, les tickets sont enlevés chez le garde-champêtre qui se montre coopératif.
Le 9 mars 1944, des armes doivent arriver du centre Finistère chez les Le Goff rue Victor Hugo. René Le Grill est en chemin quand Roger Pétron l’informe que les allemands sont au lieu de rendez-vous. René échappe ainsi à l’arrestation mais trois des leurs sont appréhendés. Le lendemain, Roger Pétron, Georges Dauriac, Yves Hall, Francis Beauvais et René Le Grill, lourdement armés, se présentent au domicile Le Goff de la rue Victor Hugo pour récupérer des papiers compromettants en espérant que les allemands ne les ont pas trouvés avant. Deux jours plus tard, deux autres camarades sont arrêtés dont Roger Pétron.
Ses deux frères, Jean et Louis, ainsi que Denise Le Page sont arrêtés le 22 mars 1944 lors d’une rafle allemande place Guérin. Ils seront internés jusqu’au 20 mai à la prison de Pontaniou. Craignant une arrestation, René n’insiste pas, il enfourne la moto de son père et se met au vert du côté de Rosporden, à Kernével où sont réfugiés ses grands-parents. Il y reste deux mois et demi avant de changer de planque pour Kerfany près de Quimperlé où il reste jusqu’à la libération.
Après la libération, il effectue son service militaire à Bordeaux puis s’engage dans l’armée, au sein de la 2ème Division Blindée en avril 1945. Il participera à la guerre d’Indochine puis à celle d’Algérie.
Il épouse Yvette Campion après guerre et pour son engagement dans la clandestinité et sa carrière militaire, il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 2002 et il reçu la médaille Militaire par décret en 1957.