SÉGALEN Sébastien

Sébastien Ségalen est veuf et a cinq enfants à charge. Il est Garde Républicain en 1940 à Brest et se voit versé à la gendarmerie à la fin de l’année. En avril 1942, il est muté à la nouvelle brigade de Saint-Pierre-Quilbignon.

Ardent patriote, il montre une antipathie envers l’occupant, ce qui lui vaut quelques accrochages avec ses supérieurs dans la gendarmerie. Il ne reçoit d’ailleurs aucun avancement durant toute l’occupation à cause des appréciations négatives de sa hiérarchie.

Contraint de travailler pour l’occupant, il transforme le problème et profite de la mise à disposition de la gendarmerie française envers l’armée allemande, pour saboter les enquêtes et prévenir dès qu’il peut les personnes recherchées. Il aide également à lutter contre le Service du Travail Obligatoire (S.T.O) en prévenant là encore les familles ou les intéressés quand cela lui est possible.

En septembre 1943, Georges Dauriac, par l’intermédiaire du gendarme Marcel Nédelec, recrute Sébastien Ségalen dans le groupe Action Directe, corps franc du mouvement de résistance Défense de la France. Sa première tâche consiste à diffuser le journal clandestin du mouvement ainsi que des tracts. Puis son emploi est mis à profit.

Sébastien Ségalen évoque son implication :

Mon rôle dans cette organisation consistait à renseigner et à protéger :

 Renseigner, sur tous les plans allemands qui parvenaient à ma connaissance, préparation de certains coups à exécuter contre les mairies pour enlever les titres d’alimentation, pour les jeunes qui en étaient privés par la "grâce" de Vichy.

 Protection, en dépistant les indicateurs de la Gestapo (ndr : plutôt le S.D), dont j’ai réussi à identifier un bon nombre et en les signalant et en prévenant tout français traqué par eux dès que j’étais prévenu. Ainsi à plusieurs reprises mon camarade Gallic et moi avons pu éviter l’arrestation de plusieurs membres de la résistance en les prévenant au plus vite du danger qui les menaçait.

En décembre 1943, Lucas Gallic et son collègue Sébastien Ségalen aident à trouver une cachette et à extraire de Brest les jeunes résistants Marcel Morvan et Michel Toullec, compromis après l’exécution fortuite du secrétaire local du Parti Populaire Français, Romain Arghiropol le 9 décembre.

En février 1944, par l’intermédiaire de Jacques Le Hénaff, il entre en contact avec les jeunes de Plouzané. Sébastien Ségalen les recrute dans la Résistance, donnant ainsi naissance au Groupe Marée.

Parmi les agents de liaisons avec lesquels le gendarme travaille, citons Denise Le Page, qui se charge d’aller prévenir les résistants se trouvant dans le collimateur des Allemands.

Le 31 mai 1944, alors qu’une vague d’arrestations ébranle le groupe Action Directe, Sébastien Ségalen se sent traqué et décide de se mettre au vert, il quitte le lendemain sa caserne et abandonne son poste. Il s’adonne alors à des destructions de lignes téléphoniques allemandes.

Au début du mois de juin 1944, il est pressenti par Marcel Pirou, chef du groupement cantonal Marcel-Boucher [1] des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I) ; pour prendre le poste de chef communal de Saint-Pierre-Quilbignon pour les F.F.I, supplantant ainsi Pierre Hall qui occupait jusqu’alors la fonction.

La principale mission, qu’il mène de juin à début août 1944, est l’organisation d’une compagnie de combat F.F.I sur la commune. Ségalen parvient à réunir les groupes épars de résistants de la commune puis avec l’aide du vicaire Jacques Le Hénaff, il parvient à fédérer sept autres groupes. Début août, il compte près de 125 hommes prêts à en découdre, ne manquent que les armes, qui doivent arriver par parachutage anglais dans la nuit du 2 au 3 août à Kerzévéon à Locmaria-Plouzané. Le terrain est jugé trop dangereux par le pilote qui ne largue aucun contenair, au grand désespoir des résistants qui rentrent bredouille.

Alors que l’état de siège est déclaré à Brest, ordre est donné à la compagnie de Ségalen de faire route vers Tréouergat, au maquis du gendarme Joseph Grannec, basé à la ferme de Kergoff. Leur parachutage réussi à Plouguin et les armes récupérées dans les localités déjà libérées, permettent enfin d’armer l’unité combattante que commande Sébastien Ségalen. Des tensions éclatent cependant avec Pierre Hall qui fait une scission et rejoint la Compagnie F.F.I de Saint-Renan avec une partie des hommes. Sébastien Ségalen continue son organisation et met ses hommes en ordre de bataille en créant la Compagnie Dixmude qu’il place sous le commandement du Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau de Joseph Grannec.

Il participe aux combats de la libération dans le secteur Ploudalmézeau et de la poche du Conquet puis sur Brest dans le secteur La Trinité, Montbarey et Saint-Pierre-Quilbignon. Après la reddition allemande dans la poche de Brest, sa compagnie F.F.I est dissoute et il se voit versé au Bataillon de Sécurité F.F.I de Brest.

Sébastien Ségalen réintègre la Gendarmerie en novembre 1944.

Il est nommé Sous-Lieutenant à titre temporaire à la suite des combats de la Libération et sera cité à l’ordre du Régiment le 7 mai 1945. Pour son action dans la clandestinité, il reçoit les distinctions suivantes :
 Médaille Militaire (1951)
 Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de Bronze (1945)
 Médaille Commémorative 1939-1945, avec barrette Libération.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Famille Ségalen, documents personnels de Sébastien Ségalen.
  • Archives municipales de Brest, fonds Défense de la France (51 S).
  • Archives des F.F.I de l’arrondissement de Brest, dossier compagnie F.F.I Dixmude.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Sébastien Ségalen (GR 16 P 542984), aimablement transmis par Edi Sizun.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.

Notes

[1Regroupant les F.F.I de la rive droite, du nom d’un F.T.P abattu en février 1944 à La Forest-Landerneau