Joseph Marie Grannec est chauffeur mécanicien de profession. Il s’est marié à Marie Yvonne Salou (1896-1953) le 5 juin 1929 à Lambézellec. De cette union sont nés deux garçons en 1931 et 1934. Mobilisé en 1939, il est rapatrié en juin 1940 sur l’hôpital maritime de Brest. Il est alors affecté à la brigade de gendarmerie de Ploudalmézeau.
En novembre 1940, il est contacté par Louis Élie. Le transporteur brestois demande à Joseph Grannec de former des groupes paramilitaires et de faire du renseignement. Le 20 Juin 1941 vers 17 heures, se présentent à la gendarmerie de Ploudalmézeau, deux hommes dont Roger Ogor du Groupe Élie. Si celui-ci est connu de Grannec, le second lui est présenté comme un prisonnier belge évadé. Les deux hommes recherchent des informations sur Henri Dorléans et souhaitent connaître le stock d’armes dont dispose le gendarme pour la Résistance. Suspicieux, celui-ci refuse de répondre et les congédie. Sitôt sorti, Joseph Grannec les aperçoit monter dans un véhicule de l’Aussenkommando Brest du Sicherheitspolizei-Kommando (S.D) de Rennes.. Le lendemain, Joseph Grannec est arrêté à la gendarmerie.
Écroué à la prison du Bouguen de Brest, puis à la prison de Fresnes, à Paris. Cinq chefs d’inculpations sont retenus contre lui. Il est jugé avec les autres membres du Groupe Élie en novembre 1941. Le verdict est clément, il est acquitté. Il est libéré le 12 décembre 1941.
À son retour à Ploudalmézeau, il reprend contact avec des membres de la Résistance. Par l’intermédiaire de Paul Masson, il reçoit les tracts et journaux Défense de la France (D.F). En septembre 1943, il est mis en contact avec Pierre Jeanson, du réseau Jade. Il s’occupe de sécuriser les filières d’évasion d’aviateurs alliés et le transfert en Angleterre de résistants en 1943, prenant les îlots de Tariec et Guenioc, au droit de la presqu’île Sainte-Marguerite en Landéda. Auparavant quelques évasions par bateau de pêche auraient eu lieu dès juin 1943. On estime à 35 le nombre d’aviateurs et résistants qui ont emprunté cette filière en décembre 1943, dont 28 dans la seule nuit du 28 décembre 1943. Grannec demande à partir en Angleterre, mais il est considéré comme un chef important sur le terrain, sa demande est refusée.
Il organise ensuite la résistance dans le pays de Ploudalmézeau sous la conduite du notaire Henri Provostic. Le lieutenant-colonel Faucher estimait à 550 le nombre de résistants pouvant être mobilisés en mai 1944 - Joseph Grannec l’estimait à 700 hommes.
Le 24 avril 1944, quatre hommes du groupe Action directe, chargés de voler des tickets de rationnement et du tabac (voir Yves Hily) ont un accident de voiture. Deux d’entre eux sont blessés et pris en charge par Joseph Grannec qui leur trouve un refuge. Il transmet à Pierre Baudoin, rue Bruat à Brest, les titres volés.
Après une vague d’arrestations qui touche fin mai 1944 le chef militaire départemental de la Résistance, Paul Fonferrier et le principal responsable du mouvement à Ploudalmézeau, Henri Provostic, arrêtés par le commando de landerneau puis déportés, il doit prendre le maquis le 31 mai et se réfugie à Tréglonou. Il est déclaré déserteur et devient le chef cantonal de la Résistance en remplacement de Provostic.
Mi-juillet, après l’arrivée de la Team Horace - Mission Jedburgh, en charge de coordonner le maquis sur un plan militaire. Les maquis se regroupent à Tréouergat, près de Milizac-Guipronvel. Dans la nuit du 2 au 3 août 1944, un parachutage en Plouguin permet d’armer les compagnies F.F.I. Le 5 août, Grannec reçoit l’ordre d’entrer en action. Il dispose alors de 4 compagnies, fortes de 1100 hommes au total. Le 8 août, après des négociations menées depuis mars grâce à l’entremise des familles Douillard (Kersaint en Landunvez)) et Le Guellec (Argenton) auprès d’une compagnie de russes, commandée par le capitaine Razoumovitch, engagés auprès des Allemands, il accueille 5 officiers et 164 hommes de troupe. Ils apportent de l’armement lourd (mitrailleuses, canons anti-char, camions…).
Il intervient avec ses hommes contre les fortifications de Saint-Pabu, le 10 août. Le 12 août les Allemands décident de se rendre, mais aux Américains, conduits par Summers, le chef de la mission Jedburgh Horace. Les F.F.I sont chargés de les garder.
Correctement armé le bataillon de Ploudalmézeau peut participer au siège de la forteresse de Brest (Combats de la pointe de Corsen, Kervélédan, poche du Conquet).
Pour son engagement, il reçoit la médaille de la Résistance le 24 avril 1946. Joseph Grannec, reçoit la légion d’honneur en 1951. Cependant il n’est pas satisfait de la façon dont sont prises en compte pour lui et pour ses hommes ses engagements dans la Résistance. Dans les dernières années de sa vie, il s’opposera au responsable départemental des combattants volontaires de la Résistance, Roger Bourrières et aux instances chargées de valider les parcours des combattants de la résistance. Il estimait en effet que son bataillon n’avait pas obtenu la reconnaissance qu’il était en droit de recevoir. Après le décès de son épouse, il se remarie en mars 1955 à Brest avec Marie Anne Arzel. Il décède le 1er août 1970, à Brest dans la rue qui porte le nom de son ancien chef de résistance, le colonel Fonferrier.
En 1972, François Gélébart, alors président de la F.N.C.R du Finistère, tente sans succès d’obtenir que des rues à Ploudalmézeau et à Brest portent son nom. Il intervient à ce sujet auprès du sénateur-maire de Brest, Georges Lombard en mars 1972.