CHALM Honoré

Honoré Louis Marie Chalm entre comme apprenti ajusteur aux Constructions navales en 1919. À l’issue de sa formation, il y devient ouvrier en 1922. Il devance son service militaire et s’engage volontairement dans la Marine nationale pour trois ans en 1923. Il épouse Jeanne Bescond en 1925. Ils auront trois enfants avant de se séparer. Il réintègre le personnel de l’arsenal en 1926 et se voit versé dans l’aéronautique en mars 1927. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, Honoré Chalm reste à son poste à la base aéronautique de Lanvéoc-Poulmic de par son statu d’affecté spécial.

Le 18 juin 1940, alors que les troupes allemandes foncent en Bretagne vers Brest, Honoré Chalm est à poste à Lanvéoc-Poulmic sur la base navale. Il reçoit l’ordre de rejoindre Brest de toute urgence pour embarquer à destination de Casablanca. Il emprunte alors une voiture [1] et remonte jusqu’à Brest mais arrivé au niveau de Loperhet, une panne mécanique le contraint à l’arrêt, l’empêchant ainsi d’évacuer. Dès le début de l’occupation, en juillet 1940, Honoré Chalm est affecté de retour à l’arsenal de Brest, à l’atelier des machines (service moteurs).

En mai 1942 il est le premier à accepter la proposition de l’ingénieur Joseph Paugam d’entrer en résistance et d’intégrer le groupe Maudire. Le groupe en poste à l’arsenal n’est pas grand (10 hommes) et se forme sur sollicitation de Guillaume Maudire qui est en liaison avec Marcel Pirou, dit Deumars.

Il recrute et fait de la propagande anti allemands en diffusant des tracts. Il répertorie sur un plan les différentes installations allemandes à l’ouest de Brest. Honoré Chalm se livre également à quelques sabotages sur des moteurs ou divers appareils dans l’arsenal. Il camoufle également des stocks de matériaux pour ralentir la production de pièces de rechange de l’armée allemande. Quand il peut, il fournit clandestinement la résistance en essence qu’il transporte dans le cadre de son vélo.

Septembre 1942, il est promu Agent Technique (3ème classe). En 1943, le petit groupe de résistance dont il fait partie s’intègre au groupe Marine que forme l’ingénieur Paul Bardu. Le 10 novembre 1943, Joseph Paugam et Honoré Chalm recrutent Jean Troadec dans le groupe. Toujours en 1943, très probablement grâce à son collègue Yves Hily, il intègre le mouvement Défense de la France qui s’implante dans la région brestoise. Honoré participe ainsi à la diffusion du journal clandestin du mouvement.

En novembre 1943, Jean Rohou rencontre Honoré Chalm et Hervé Quillévéré pour discuter des possibilités d’enlèvement et de séquestration d’un officier gênant la Résistance.

Après mars 1944, il reçoit par le groupe Action Directe des détonateurs à retardement, une mitraillette et 300 cartouches. Avec cette arme, il forme les jeunes résistants de son entourage, comme François Kerbérénes et François Kernéis, à la manipulation et au montage/démontage et entretien. L’instruction a lieu en dehors des alertes aériennes dans l’abri de la Défense Passive, sous la mairie des Quatre-Moulins à Saint-Pierre-Quilbignon.

le 20 mai 1944, il fournit à son collègue Hervé Quillevéré, résistant de sa formation, deux explosifs afin de détruire un camion citerne et sa remorque au niveau de Guipavas. Le 23 mai vers 21h30, en compagnie d’Yves Hily, il fait sauter deux excavateurs allemands près de l’Ecole Navale. Le 25 mai 1944 vers deux heures du matin, Laurent Georges, Julien Kervella et Gaston Viaron du groupe Action Directe sont arrêtés à Brest. Au petit matin de ces arrestations, Honoré Chalm reçoit la visite d’Yves Hily qui le met au courant de la situation. Yves Hily préconise de se mettre au vert sans tarder.

Honoré Chalm précise les modalités de départ :
Connaissant très bien la région de Plouzané, où je savais pouvoir être hébergé dans une ferme, je décidais Yves à partir sur le champ. En cours de route, mon camarade Hily se ravise et me déclare avoir changé d’avis, et préfère se rendre à Kéroular en Guipavas où se trouvait le dépôt de munitions dont la présence en ces lieux l’inquiétait beaucoup ; nous nous sommes donc séparés et je ne l’ai plus revu.

Honoré se met au vert dans la campagne à l’Ouest de Brest et à l’annonce du débarquement le 6 juin 1944, il revient à Brest et reprend contact avec son groupe de résistance Marine qui a fusionné presque entièrement avec le groupe Arsenal de l’ingénieur Jean Aubert, sous commandement du commissaire en chef Raymond Deshaies.

Le 6 août 1944, en prévision de l’arrivée des américains dans le secteur, Honoré Chalm reçoit l’ordre de saboter deux câbles téléphoniques importants rue Valentin Hauy. Avec deux autres volontaires, l’opération est réalisée le 7 août à 1h30.

L’agent technique Chalm rend compte du succès de sa mission le lendemain et reçoit aussitôt l’ordre de prévenir son groupe de résistants de l’arsenal de se rendre à la caserne de la pointe et de se mettre sous les ordres de l’officier des équipages Paul Le Borgne, dit Alligator. Puis, pour Honoré, de se diriger vers Milizac pour aller à la rencontre des troupes américaines qui viennent d’arriver dans le secteur. Il doit leur transmettre les positions défensives allemandes pour leur faciliter la tâche et éviter de lourdes pertes.

Il quitte à 9 heures Saint-Pierre-Quilbignon en passant, non sans mal, par le fort Montbarey. Il doit faire un grand détour et passe par Locmaria-Plouzané, Bodonou, pour finalement parvenir à Milizac. À 20 heures il rencontre la première patrouille U.S, il ne peut contenir sa joie et embrasse le premier GI qu’il rencontre. Il est conduit à l’état-major où après authentification par Gilbert Garbe, dit Hussard, du réseau Confrérie Notre-Dame - Castille, les renseignements sur les défenses allemands sont transmis aux américains.

Sa grande connaissance de l’arsenal intéresse un officier anglais se trouvant parmi les américains. L’officier souhaite le garder comme guide et après feu vert de l’état-major américain, Honoré Chalm est mis à la disposition du 30th Assaut Unit de la Royal Navy anglaise. Ce commando a pour mission d’entrer avec les premières troupes dans Brest pour s’accaparer le plus rapidement possible, avant destruction, des plans, matériels, technologies et archives allemandes de la Kriegsmarine et tout particulièrement à la base sous-marine.

Mais la libération de Brest ne se déroule pas aussi facilement que les alliés le pensaient. Honoré est doté d’un uniforme anglais et participe à des missions diverses dans tout le secteur. Il participe même avec cette unité au déminage des abords de Carantec. Honoré ne cache pas sa frustration car c’est à Brest qu’il aurait voulu être utile. Le 30th Assaut Unit remonte encore plus loin et se rend devant Saint-Malo mais l’unité n’y fait pas grand chose et revient sur Carantec. Sans nouvelle de sa famille, l’inquiétude lui pèse mais il garde espoir. Le 28 août enfin retour du côté de Plabennec. Il effectue quelques missions dans le secteur dont une à Brest le 14 septembre.

Aujourd’hui nous avons poussé une visite jusqu’à Brest. C’est affreux de voir cela, il ne reste pas une maison habitable dans les quartiers où nous sommes passés et ce n’est pas encore fini.

Il reste jusqu’au 23 septembre 1944 sous les ordres des alliés avant de retourner à la vie civile. Tout n’est que destruction mais la guerre n’est pas finie. En octobre, Honoré Chalm fait partie des équipes de récupération que met en place la Marine Nationale pour récupérer tout le matériel abandonné par les allemands dans l’arrondissement. Honoré sillonne ainsi toute la partie Ouest de Brest, il fait acheminer toutes les armes et munitions qu’il trouve à Saint-Renan. Les armes sont ensuite vérifiées avant d’être expédiées sur le front de Lorient pour les F.F.I qui assiègent la ville.

Après guerre, il épouse Anna Kerjean à Brest (Saint-Pierre-Quilbignon) le 2 septembre 1946. Il finira sa carrière à l’arsenal de Brest.

Pour son action dans la clandestinité, Honoré Chalm reçoit la Médaille de la Résistance en 1946. Il sera également cité à l’ordre du corps d’armée en décembre 1944 pour son engagement, lui conférant la Croix de Guerre 39/45.

La sépulture d’Honoré Chalm se trouve dans le cimetière de Kerfautras à Brest [Carré 26, Rang 8, Tombe 17]

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Attribution de la Médaille de la Résistance à Honoré Chalm
Honoré Chalm en 1949
Crédit photo : SHD Vincennes - GR 16 P 117308
Honoré Chalm durant son passage dans l’aéronautique
Crédit photo : Famille Chalm

Sources - Liens

  • CHALM Honoré, témoignage manuscrit (non daté).
  • Famille Chalm, documents et iconographie.
  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (2E/P58).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance d’Honoré Chalm (1622 W).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 117308) et dossier Compagnie F.F.I de fusiliers-marins de Brest (GR 16 P 108), aimablement transmis par Edi Sizun.
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 17/05/1946).
  • Journal La Dépêche de Brest, éditions du 7 janvier 1942 et 4 mars 1944.
  • Brest Métropole, service des cimetières - sépulture d’Honoré Chalm.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.

Notes

[1Ce qui lui vaudra un procès par le propriétaire en 1942, pour avoir abandonné le véhicule qui a par la suite été pillé.