Paul Yves Marie Le Borgne est le fils d’une femme au foyer et d’un garçon de magasin. Sur les quatre enfants de la fratrie, trois décèdent en bas âges. Le malheur frappe à nouveau cette famille durant la Première Guerre mondiale, avec la mort au champ d’honneur du père en août 1918. L’année suivante, Paul Le Borgne est adopté comme pupille par la Nation. Au début des années 1920, il fait partie des élèves de l’école pratique d’industrie et de commerce de Brest, avant de contracter un engagement volontaire dans la Marine nationale en octobre 1922. Il s’y spécialise en tant que mécanicien breveté.
Résidant à Brest au 5 venelle François Rivière, mais alors en poste à Bizerte, Paul Le Borgne épouse lors d’une permission Jeanne Le Drévès (1907-2008), le 2 mars 1926 à Brest. Après le décès de sa mère à la fin de l’année 1927, le jeune couple emménage dans l’appartement hérité au 3 rue Ernest Renan. En août 1939, le premier maître mécanicien Paul Le Borgne semble obtenir d’être mis en retraite proportionnelle de la Marine nationale. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale le mois suivant, modifie très probablement sa situation.
Son parcours est encore mal défini à ce jour, du début de la drôle de guerre à la débâcle de juin 1940. Il semble se trouver à l’Amirauté de Vichy avant d’être affecté en octobre 1940 à l’Intendance maritime de Brest.
Au printemps 1943, il semble être recruté dans le réseau Ronsard. L’identité de son recruteur ainsi que son rôle dans la structure clandestine sont également méconnus. Paul Le Borgne participe en tout cas au développement du réseau en recrutant Alphonse Moysan et Albert Le Goff courant 1943, ainsi que Madeleine Le Page et Louis Autret en décembre de la même année.
En mars 1944, par l’intermédiaire de Jean Rohou, l’officier des équipages Paul Le Borgne est approché dans l’objectif d’unifier les forces vives de la Résistance. Quelques semaines passent et en avril 1944, une réunion se tient au 1 rue des Jardins à Brest, chez Pierre Beaudoin. Outre le propriétaire sont présents : Mathieu Donnart et Paul Fonferrier, responsables des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I) du Finistère, Edouard Riban et Baptiste Faucher responsables F.F.I de Brest, Jean Rohou, Raymond Deshaies et Paul Le Borgne (représentant son chef Jean Cloarec), tous trois en poste dans la Marine nationale. Durant cette rencontre, divers sujets sont abordés mais plus particulièrement celui de la création d’une unité F.F.I composée de marins, qui au moment venu, devrait prendre part aux combats de la Libération. Un problème se pose néanmoins sur les marins déjà enrôlés dans les groupements cantonaux de l’arrondissement de Brest. Pour ne pas priver les formations déjà existantes de ces cadres, il est décidé que le groupe de Jean Cloarec formerait sa propre unité en recrutant entre Landivisiau et la côte nord du Finistère.
L’affaire entendue, Jean Cloarec et les quelques marins issus de son réseau, se lancent dans le recrutement et la formation d’éléments issus de la Marine nationale, éparpillés dans le Nord-Finistère. C’est la formation du Groupe Narval, qui ne parvient qu’à rassembler une quinzaine de personnes jusqu’en mai 1944.
Fin mai 1944, une série d’arrestations ébranle le réseau Marathon à Landerneau et par résonnance le Groupe Narval. Le chef Jean Cloarec arrêté, c’est son adjoint Paul Le Borgne qui prend de facto le commandement. Par chance, ce dernier ainsi que Louis Boucher, Antoine Faujour et Joseph Roudaut étaient partis en repérage pour implanter un maquis dans la région Nord de Landivisiau. Après quelques jours d’errance, les 4 rescapés se fixent au manoir de Tronjoly en Cléder, où ils sont accueillis par Mme du Penhoat.
De fin mai au début d’août 1944, Paul Le Borgne et ses subalternes organisent ce qui va devenir la 1ère Compagnie de Fusiliers-Marins F.F.I de Brest. Ils renouent des contacts avec les rescapés du réseau comme Marcel Toully ou encore Jean Le Gall, qui fournit armes et renseignements. Des contacts sont repris également avec les F.F.I de Brest, Morlaix et Landivisiau.
Début août, Paul Le Borgne et ses hommes prennent part aux combats dans les régions de Saint-Pol-de-Léon, Sibiril, Plouzévédé et Plouvorn. L’effectif se renforce de manière significative grâce aux marins rappelés de congé d’armistice que leur adressait le poste de la Marine nationale de Landivisiau. Un premier contact avec les américains est établi à Morlaix. Après la destruction de la colonne de la 266° infanterie-Division par les américains entre Lesneven et Ploudaniel, la compagnie récupère de quoi armer complètement ses 115 hommes.
Le 11 août 1944, Paul Le Borgne entre en relation avec le Capitaine de Vaisseau Pierre Lucas (1889-1978), nouveau commandant du 2ème Arrondissement maritime (Préfet maritime de Brest) tout juste arrivé de Cherbourg. À partir du 15 août 1944, Albert Le Goff prend le commandement de la compagnie suite à l’affectation de Paul Le Borgne auprès du nouveau Préfet maritime. Le 20 août 1944, le policier Jean Le Gall retrouve Paul Le Borgne au P.C de la Marine à Gouesnou. L’officier des équipages Le Borgne suit les opérations de l’Hôpital-Camfrout puis de la réduction de la poche du Conquet au sein de l’état-major Marine.
Sous les ordres du Commissaire en Chef Raymond Deshaies, chef des F.F.I Marine pour les opérations, Paul Le Borgne et une soixantaine de marins se rendent à Brest pour participer aux dernières opérations de la Libération. Le 23 septembre, la 1ère Compagnie de Fusiliers-Marins F.F.I de Brest est passée en revue par le ministre de la Marine Jacquinot, en présence de l’Amiral Thierry d’Argenlieu. Un mois plus tard, elle partait pour le front de Lorient, sous les ordres d’Albert Le Goff où elle combattit jusqu’en février 1945.
Pour son engagement clandestin, Paul Le Borgne est nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 1946 (puis Officier en 1953) et décoré de la médaille de la Résistance française, avec rosette, en 1947. Il poursuit après guerre sa carrière dans la Marine nationale et participe notamment à la Guerre d’Indochine.