LE GOFF Albert

Albert Jean Le Goff suit des études de charpentier tôlier avant de contracter un engagement volontaire dans la Marine nationale en janvier 1921. Militaire d’active, il épouse Jeanne Souffès (1906-1984), le 27 septembre 1926 à Brest et de cette union, naissent trois enfants. L’année de son mariage, Albert Le Goff est 2ème maître mécanicien à bord du Mulhouse. En 1930, il est décoré de la Médaille Militaire. Il poursuit sa carrière jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, date à laquelle il est Officier des Équipages de 2ème classe pilote d’aviation. Albert Le Goff participe à la Bataille de France au sein de l’escadrille de bombardements de nuit B2. Le 18 juin 1940, alors qu’il est chef de bord d’un hydravion, son aéronef est gravement touché en combat aérien. Il est contraint de faire un amerrissage forcé, qui lui provoque une commotion.

Après la débâcle et l’armistice de juin 1940, Albert Le Goff est muté le 9 septembre 1940 à l’Intendance Maritime de Brest, comme commis de 2ème classe. Sous l’Occupation allemande, il y côtoie certainement l’oncle maternel (et accessoirement témoin de mariage) de sa femme, le maître tailleur François Olivret (1885-1941). Ce dernier étant peut être, la raison de son reclassement dans ce service.

Sans que l’on sache par quel truchement cela s’est produit, Albert Le Goff est recruté en septembre 1943 par Jacques Barnsby pour former à Brest et sa région un groupe de renseignement et d’action. Prenant le nom de Triogoff, le noyau dur se compose du notaire Corentin Le Goff et Edouard Riban. L’ancien pilote collecte dès lors des renseignements sur les bases sous-marines de Brest et Lorient : mouvements, pertes, avaries, armements et modifications des U-boote. Il participe à l’élaboration de plans des fortifications allemandes et au comptage des effectifs.

Il semble avoir noué, cette année là, un second contact auprès du réseau Ronsard-Marathon par l’entremise de l’Officier des Équipages Paul Le Borgne. Ces deux structures clandestines lui permettent de faire passer à Londres et à Alger, des informations d’ordre militaire sur les activités allemandes à l’arsenal de Brest, notamment des plans et croquis.

Par suite de la mort de son premier réseau au début 1944, il se consacre à Marathon et à partir de mars 1944, il fait partie du petit noyau d’officiers de la Marine Nationale du Groupe Narval. L’ambition du groupe est de former, avec du personnel de la Marine, l’ébauche d’une unité combattante pour le compte des F.F.I de l’arrondissement de Brest. Cette unité devra, au moment de l’insurrection, se tenir prête à entrer en action immédiate contre l’occupant. Ce groupement est commandé par Paul Le Borgne.

Le 25 mai 1944, une série d’arrestations ébranle le réseau Marathon. Par chance, quelques officiers du Groupe Narval étaient depuis la veille, partis en repérage pour implanter un maquis dans la région de Saint-Éloi à Plouédern. Ce qui permet, malgré le démantèlement du réseau, de poursuivre la création de la future Compagnie de Fusiliers-Marins F.F.I de Brest courant août 1944. Albert Le Goff, coupé un moment de ses contacts par les arrestations, parvient à rejoindre ses collègues. Il participe alors au recrutement et à la formation de cette unité combattante. À partir du 15 août 1944, il en prend le commandement suite à l’affectation de Paul Le Borgne auprès du nouveau Préfet Maritime Pierre Lucas.

Albert Le Goff, à la tête de sa compagnie, participe aux opérations militaires de réduction de la poche allemande du Conquet. Les premiers combats dans ce secteur débutent pour les marins le 30 août 1944. L’unité passe par Saint-Renan, Tréméal en Locmaria-Plouzané et Berbouguis en Plougonvelin. Enfin, elle participe aux dernières opérations dans la région de Lochrist, pour neutraliser la garnison allemande retranchée dans la batterie allemande de Keringar. Le 9 la batterie est prise et le lendemain, le réduit de la presqu’île de Kermorvan saute, mettant ainsi fin aux combats dans le secteur Ouest de Brest. La 1ère Compagnie F.F.I de Fusiliers-Marins de Brest est assignée à différents objectifs, notamment au nettoyage des zones de combats puis est dirigée sur Brest pour occuper l’École Navale. Les troupes sont passées en revue par le Ministre de la Marine Louis Jacquinot et le chef d’état-major de la Marine, le Contre Amiral Thierry d’Argenlieu le 23 septembre 1944.

La Libération de Brest étant effective, la Marine Nationale reforme une unité cohérente et en confie le commandement à l’Officier des Équipages Albert Le Goff. Cette unité est ensuite déployée sur le front de Lorient jusqu’en février 1945. Après guerre, il reste dans la Marine Nationale. Pour ses actions clandestines durant l’occupation, il reçoit plusieurs distinctions dont la Légion d’honneur, la Croix de Guerre 1939-1945 et la médaille de la Résistance française en 1945.

La sépulture d’Albert Le Goff se trouve dans le cimetière de Saint-Pierre à Brest [Carré D, Rang 01, Tombe 16-17].

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Visite du ministre Jacquinot à Brest (23 septembre 1944)
Crédit photo : E.C.P.A.D

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registres d’état civil (1E/P40 et 2E157).
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 09/09/1945).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance d’Albert Le Goff (1622 W) et fiche matricule militaire d’Albert Le Goff (1 R 1674 19/33 & 1 R 1670 259/759).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’unité combattante de la Résistance, Compagnie F.F.I de fusiliers-marins de Brest (GR 16 P 108), aimablement transmis par Edi Sizun.
  • La Dépêche de Brest, édition du 16 septembre 1926.
  • LAFFERRE Max, Le siège de Brest, éditions du Bastion, 2004.
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture d’Albert Le Goff.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossiers d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 355814 et GR 28 P 4 127 93) - Non consultés à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.