BARNSBY Jacques

Jacques Robert Henry René Barnsby est le fils d’un chirurgien-professeur à l’École de médecine de Tours. Des suites de la Première Guerre mondiale, son père succombe en 1919. Vingt ans plus tard, c’est au tour de Jacques Barnsby d’être mobilisé à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Le Tourangeau sert comme soldat de 2ème classe au sein du 103ème Régiment d’infanterie (103e R.I). Fait prisonnier par les Allemands, il figure dans la liste officielle n°18 des prisonniers de guerre français, publiée le 19 septembre 1940. Nous ignorons cependant son lieu d’internement et la suite de son parcours. Au cours des affrontements de juin 1940, son beau-frère Jean Romain-Desfossés est tué à Ronchamp en Haute-Saône.

Parvenu à retrouver sa liberté (l’on ne sait comment), il opère dans le réseau de résistance Villars (renommé Éleuthère en mai 1943) ; service de renseignement rattaché à Libération Nord (L.N) et travaillant également avec l’Organisation de la Résistance de l’Armée (O.R.A) à partir de juin 1943. Comme couverture, il se fait passer pour un ecclésiastique, à tel point que les rares auteurs qui l’évoquent après guerre, seront convaincus que Barnsby était un véritable homme d’église. La fonction de Jacques Barnsby dans cette structure clandestine n’est cependant pas très bien définie, mais il gagne le Finistère au début de l’année 1943.

De là on note deux activités diamétralement opposées, mais concomitantes dans les moyens opérationnels. Là encore tout est approximatif, fautes de sources concordantes, mais il semble bel et bien que Barnsby favorisa le départ de candidats à rallier l’Angleterre et implanta un service de renseignement en Finistère.

En janvier [1], février [2] ou mars [3] 1943, Jacques Barnsby se rend à Tréboul près de Douarnenez pour y rencontrer Noël Le Guillou, instituteur demeurant 42 rue Professeur Curie. Il semble que cette rencontre donne lieu à un départ pour l’Angleterre via l’Espagne de Pierre Feuardent (1914-2002) et du capitaine Désiré Talec (1890-1968). Suivi d’un second quelques semaines plus tard avec Jean Jaffry (1918-1992) et un certain Pencalet. Un troisième voyage permit le passage de trois autres personnes, dont Pierre Salez, un dénommé Guellec et un inconnu. Pour Pierre Salez, tombé malade, le voyage n’alla pas jusqu’au bout, son père Victor vint le chercher. Jacques Barnsby avait un refuge à Saint-Pé-de-Bigorre et s’occupait de faire passer les Pyrénées aux candidats à l’évasion.

À partir de mai 1943, le réseau évolue et organise 13 sous-réseaux en France pour collecter des informations, qui sont transmises ensuite via la centrale Praxitèle. Pour la Bretagne, le sous-réseau est baptisé Okoumé et passe sous la direction de Louis-Alexandre Audibert, responsable de l’Armée Secrète (A.S) pour les départements bretons. En août 1943, Jacques Barnsby recrute le notaire Corentin Le Goff et le mois suivant Albert Le Goff, qu’il nomme chef du renseignement pour la région brestoise. Une autre recrue est active dans le secteur de Brest, Edouard Riban, président de la commission du service du ravitaillement, mais nous ne connaissons pas la date exacte de son recrutement. Il indique mars 1942, mais cela paraît très anticipé.

Les renseignements vont affluer et l’entremise avec d’autres structures va se faire à Brest, avec ou sans son aide. Le groupe de Barnsby est en relation avec des membres du réseau Ronsard et du mouvement Libération Nord (LN).

Fin 1943 ou début 1944, Jacques Barnsby quitte la France et passe en Afrique du Nord. Il y intègre le 2ème régiment de spahis algériens de l’Armée d’Afrique. Il meurt le 27 mars 1944 à Oran dans un accident.

Sans nouvelle de lui, les brestois poursuivent la lutte clandestine auprès des structures avec lesquelles ils étaient en relation. L’heure est à la coordination de tout bord.

Nous cherchons à mettre un visage sur son histoire, si vous avez une photo de lui, n’hésitez pas à nous contacter.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives départementales d’Indre et Loire, registre d’état civil de Tours (6NUM8/261/353).
  • Bibliothèque nationale de France, bibliothèque numérique Gallica, liste officielle (n°18) de prisonniers français, septembre 1940 (4-LH4-4448) et journal La Croix de Touraine, édition du 8 mars 1903.
  • BROC’H François, alias Florette, J’avais des camarades - ou "Souvenirs" de quatre années de résistance dans le Finistère, août 1940 - août 1944, éditions Le Télégramme, Brest, 1949.
  • HUGUEN Roger, Par les nuits les plus longues, éditions Presses bretonnes Saint-Brieuc, 1976.
  • PICHAVANT René, Clandestins de l’Iroise (1942-1943) - Tome 2, éditions Morgane, Douarnenez, 1984.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier de Forces françaises combattantes de Jacques Barnsby (GR 16 P 33788) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier d’attribution de la mention Mort pour la France de Jacques Barnsby (AC 21 P 14230) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.

Notes

[1Selon Yvonne Kervarec née Talec. Archives départementales du Finistère, fonds CVR 1622 W)

[2Selon François BROC’H, J’avais des camarades, éditions Le Télégramme, 1949, page 146.

[3Selon Roger HUGUEN, Par les nuits les plus longues, 2ème édition, éditions Presses bretonnes, Saint-Brieuc, 1976., page 114.