Jean Marie Troadec fait son service militaire dans la Marine Nationale comme mécanicien. Il travaille ensuite comme ajusteur à l’arsenal de Brest. Il épouse Marie Tygréat, le 18 janvier 1930 à Saint-Pierre-Quilbignon. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il fait partie des affectés spéciaux en poste à Brest, il n’est donc pas envoyé sur le front.
Le 10 novembre 1943, il est contacté par les résistants Joseph Paugam et Honoré Chalm pour intégrer le Groupe Chacal. Jean ignore très probablement les ramifications de ce groupe de renseignement. On lui demande alors simplement de collecter des informations sur les activités allemandes à l’arsenal et si possible, de signaler de potentielles nouvelles recrues pour la Résistance. À son initiative, il ajoute bientôt à sa lutte contre l’occupant, quelques petits sabotages sur des machines et de l’outillage. L’action se poursuit et bientôt quelques exemplaires du journal clandestin du mouvement Défense de la France (D.F) lui sont remis pour qu’il les diffuse à son tour. Toujours dans l’ignorance, Jean Troadec pense alors appartenir à ce mouvement.
Vers la fin mars, début d’avril 1944, son groupe bascule sous la houlette du Groupe Arsenal de l’Ingénieur Jean Aubert, dit Menez dans la clandestinité. Puis vient la formation des unités F.F.I à Brest. Jean Troadec intègre le Groupement cantonal Brest-Ouest sous les ordres de Marcel Pirou. Résidant à Saint-Pierre-Quilbignon, il est affecté à la Compagnie F.F.I Dixmude du gendarme Sébastien Ségalen. Si le recrutement et la formation se déroulent sans trop d’accrocs, le manque d’armes est inquiétant alors que se profilent assez rapidement les combats libérateurs.
Le problème est en passe d’être résolu, les unités F.F.I de l’ouest de Brest attendent un parachutage dans les premiers jours d’août sur le terrain près de la ferme de Kerzévéon à Locmaria-Plouzané. Jean Troadec fait partie de l’équipe envoyée pour la réception des conteneurs. Il passe huit nuits à attendre en vain un largage. Un avion est bien passé dans la nuit du 2 au 3 août mais le pilote ayant jugé la zone trop dangereuse, il ne largue rien.
Jean Troadec revient à Brest et patiente en attendant les consignes. Les troupes américaines sont déjà depuis plusieurs jours dans l’arrondissement de Brest mais les F.F.I ne peuvent agir, faute d’armes. La ville est également en état de siège et la population civile doit évacuer. Avec sa formation, il quitte Brest et rallie Kergroadez. Des tensions apparaissent alors sur place et le 18 août 1944, la section de Pierre Hall, dont fait partie Jean Troadec, se place sous le commandement de Raoul Coadelot de la Compagnie F.F.I du canton de Saint-Renan.
Dans les jours qui suivent, l’unité est en action contre l’Armée allemande dans le secteur de Lanrivoaré-Milizac puis autour de Saint-Renan. Le chef lieu de canton libéré, la compagnie se dirige vers Locmaria-Plouzané, Plougonvelin et le Conquet où elle participe à la réduction de la poche allemande et à la neutralisation de la puissante batterie de Kéringar. La compagnie F.F.I fait plus de 150 prisonniers allemands mais doit déplorer la perte de 6 hommes et une trentaine de blessés. C’est le cas de Jean Troadec qui lors d’une attaque dans le secteur de Kerambosquer à Plougonvelin, est blessé par des éclats de grenade à la cuisse et à l’épaule gauche. Dans cette action les F.F.I Michel Gentil, Jean-Marie Jestin, René Pellen et Marcel Petton sont également blessés.
Démobilisé à la dissolution de son unité, Jean Troadec reprend sa vie civile et se remarie en 1945 (veuf de son premier mariage). Pour son action dans la Résistance et dans les F.F.I, il reçoit en 1946 la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent.