Yves Quéré, marié et père de deux enfants, réside à Lesneven où il est employé comme commis-économe à l’hôpital. En mars 1943, il change d’emploi et intègre le personnel de la mairie de Lesneven comme secrétaire en chef.
A son poste, Yves Quéré fait ce qu’il peut pour freiner les réquisitions pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O). Il indique avoir été contacté en mai 1943, par Pierre Bernard et François Broc’h pour le tirage du journal clandestin Le Patriote. Outre la diffusion de la presse clandestine, lui est demandé de fournir des renseignements d’ordre militaire sur l’occupant dans le secteur de Lesneven. Informations qu’il obtiendra notamment par Ernest Cabon et qui seront transmises à Andrée Virot, du réseau Jade. Yves Quéré recrute pour améliorer sa tâche, quelques éléments et cloisonne son groupe de manière à ce qu’aucun agent ne connaisse toutes les identités, à part lui. Courant 1943 la Résistance se développe dans le canton et Yves Quéré entretient des liaisons avec des résistants œuvrant pour le réseau Alliance. Ce groupement forme, en dehors de leurs appartenances propres à diverses organisations de la résistance, le futur noyau de l’état-major cantonal F.F.I de Lesneven.
Avec son collègue Jean Larvor, secrétaire préposé aux réquisitions, Yves Quéré organise un important vol de tickets d’alimentation. Ils règlent les détails de l’opération avec François Broc’h qui se charge d’aller avertir le maire, par politesse, de la future opération. Le maire de Lesneven approuve et encourage le projet. Pour ne pas faire repérer les résistants de Lesneven, la tâche est confiée au corps-franc du mouvement : le groupe Action Directe de Brest. Une fois le repérage effectué par Georges Dauriac, l’opération est menée le 17 décembre 1943. Trois résistants brestois : Yves Hall, Francis Beauvais et René Le Grill se présentent chez le garde champêtre Calonnec qui a la garde des tickets chaque soir. Sous la menace d’armes, les brestois s’emparent des tickets et disparaissent sans accroc. Les tickets, aussitôt subtilisés, sont cachés dans la cave de Jean Larvor qui après quelques jours, les fait parvenir à Guisseny avec Yves Quéré. Malgré les enquêtes, personne ne sera inquiété et les 5 000 tickets seront remplacés par la préfecture.
Contre le S.T.O, Yves Quéré passe à la vitesse supérieure au début 1944. Sur ordre du maire Duterque, il subtilise les listes des jeunes requis de la commune. Afin de rendre crédible l’acte et éviter toute suspicion sur le personnel, il procède à une effraction.
Au tout début juin 1944, juste avant le débarquement des Alliés en Normandie, une partie de l’état-major F.F.I cantonal de Lesneven est arrêté par le Kommando allemand I.C 343 de Landerneau. En grande partie désorganisée suite à cette vague d’arrestations, la résistance locale tente de se reconstituer et renouer les liens, principalement avec l’état major départemental pour obtenir les consignes. Yves Quéré, craignant lui aussi une arrestation, se met au vert.
L’arrestation de Mathieu Donnart fin juin 1944 pousse Paul Jacopin à organiser une réunion à Lesneven où sont présents le Commandant Garion, François Broc’h, Francis Nédélec, Pierre Nicolas, Augustin Salou, Jean Larvor et Yves Quéré. Il est décidé lors de cette réunion clandestine que Pierre Nicolas devient le responsable cantonal de la Résistance du canton de Lesneven et qu’il mènera la Compagnie F.F.I de Lesneven au combat. La Compagnie F.F.I de Ploudaniel revient à Augustin Salou.
Au déclenchement des opérations militaires de Libération, il sert en tant que chef de section au sein de l’état-major de sa compagnie de combat. Yves Quéré contribue ainsi à la Libération de sa ville et de son canton. Son unité est ensuite engagée dans la réduction de la poche allemande du Conquet jusqu’au 10 septembre 1944. Après la chute de la presqu’île de Kermorvan, le bataillon est mis en réserve et attend d’être déployé sur Brest mais la garnison allemande se rend le 18 septembre 1944.
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