Jean Joseph Marie Larvor réside à Lesneven au 7 rue Miorcec de Kerdanet. Il est embauché en septembre 1942 à la mairie de Lesneven comme secrétaire préposé aux réquisitions. Il est placé sous les ordres du 1er adjoint, Étienne Airiau avec qui il sympathise. Tous deux partagent les mêmes sentiments anti-nazis. À son poste, Jean Larvor fait ce qu’il peut pour freiner les nombreuses réquisitions allemandes.
C’est par l’intermédiaire d’Ernest Cabon qu’il intègre le mouvement de résistance Défense de la France (D.F) le 11 avril 1943 en même temps que Joseph Le Fur et Georges Saliou. Son poste lui permet de délivrer de faux papiers et d’entraver la réquisition des jeunes lesneviens pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O). Il fournit à son mouvement des renseignements d’ordre militaire sur les effectifs allemands en garnison à Lesneven et dans le secteur. Enfin, il participe à la propagande de la résistance en distribuant les tracts et journaux clandestins. Jean Larvor est ensuite contacté par un collègue qui le présente à François Broc’h, un responsable local du mouvement D.F. Jean Larvor devient son agent de liaison car l’intéressé réside à Guisseny.
Avec Yves Quéré, responsable du service alimentation de la mairie, Jean Larvor organise un important vol de tickets d’alimentation. Ils règlent les détails de l’opération avec François Broc’h qui se charge d’aller avertir le maire, par politesse, de la future opération. Le maire de Lesneven approuve et encourage le projet. Pour ne pas faire repérer les résistants de Lesneven, la tâche est confiée au corps-franc du mouvement : le groupe Action Directe de Brest. Une fois le repérage effectué par Georges Dauriac, l’opération est menée le 17 décembre 1943. Trois résistants brestois : Yves Hall, Francis Beauvais et René Le Grill se présentent chez le garde champêtre Calonnec qui a la garde des tickets chaque soir. Sous la menace d’armes, les brestois s’emparent des tickets et disparaissant sans accroc. Les tickets, aussitôt subtilisés, sont cachés dans la cave de Jean Larvor qui après quelques jours, les fait parvenir à Guisseny avec Yves Quéré. Malgré les enquêtes, personne ne sera inquiété et les 5 000 tickets seront remplacés par la préfecture.
Au tout début juin 1944, juste avant le débarquement des Alliés en Normandie, une partie de l’état-major F.F.I cantonal de Lesneven est arrêté par le Kommando allemand I.C 343 de Landerneau. En grande partie désorganisée suite à cette vague d’arrestations, la résistance locale tente de se reconstituer et renouer les liens, principalement avec l’état major départemental pour obtenir les consignes.
L’arrestation de Mathieu Donnart fin juin 1944 pousse Paul Jacopin à organiser une réunion à Lesneven où sont présents le Commandant Garion, François Broc’h, Francis Nédélec, Pierre Nicolas, Augustin Salou, Jean Larvor et Yves Quéré. Il est décidé lors de cette réunion clandestine que Pierre Nicolas devient le responsable cantonal de la Résistance du canton de Lesneven et qu’il mènera la Compagnie F.F.I de Lesneven au combat. La Compagnie F.F.I de Ploudaniel revient à Augustin Salou.
Fin juillet 1944, les terrains de parachutages d’armes sont définis mais il manque dans le secteur de Lesneven une quarantaine d’hommes pour avoir l’effectif théorique requis. Paul Jacopin le signale à Jean Larvor qui ne tarde pas à trouver des volontaires en nombre du côté du Folgoët. L’effectif est désormais correct, le secteur de Lesneven reçoit alors ses armes par les Stirling du 196e Squadron de la R.A.F qui livrent 27 contenairs dans la nuit du 2 au 3 août 1944 dans la lande de Kervillon sur le terrain de Pont-Pol à Ploudaniel. Jean Larvor est présent sur la zone de largage.
Au déclenchement des opérations militaire de Libération, il sert d’agent de liaison au sein de l’état-major de sa compagnie de combat. Jean Larvor contribue ainsi à la Libération de sa ville et de son canton. Son unité est ensuite engagée dans la réduction de la poche allemande du Conquet jusqu’au 10 septembre 1944. Après la chute de la presqu’île de Kermorvan, le bataillon est mis en réserve et attend d’être déployé sur Brest mais la garnison allemande se rend le 18 septembre 1944. Jean Lavor regagne alors Lesneven et participe à la prise d’armes sur la place du centre ville (voir portfolio). Il souhaite poursuivre les combats contre les allemands et s’enrôle pour la durée de la guerre dans l’Armée française en pleine reconstruction. Il est affecté à la 9e Division d’Infanterie Coloniale, composante de la Première Armée française du général de Lattre de Tassigny.
Pour son engagement clandestin, il est cité à l’ordre du régiment en 1945, lui conférant la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent.
Homme de troupe d’un courage calme et résolu. Parfait agent de liaison, ne connaissant pas le danger. Avant l’arrivée des Américains, a rempli une mission très dangereuse à deux heures du matin en plein centre de Lesneven et au milieu des patrouilles de l’ennemi. Pionnier de la Résistance.
Après guerre il épouse Marie Thérèse Autret et ensemble ils auront six enfants. En 1951, avec son ami Jean Potin, il participe à l’aventure des Castors de Lesneven. Ce vaste chantier participatif permettra de bâtir des maisons pour 37 familles en deux ans et demi de travail. Il est ensuite employé dans l’entreprise Donval à Lesneven et l’entreprise Hélary à Plouigneau. Il revient pour finir à Lesneven en tant que directeur de la régie des eaux pendant une quinzaine d’années avant de prendre sa retraite.
Pour fêter les soixante-dix ans de la Libération de Lesneven, la commune lui rend hommage et lui offre la médaille de la ville en août 2014. Un an après, pour le 70ème anniversaire de la Libération de la France, Jean Larvor est élevé au rang de Chevalier de la Légion d’honneur par le préfet du Finistère, pour actes de résistance.