PAUL Yves

Yves Frantz Marie Paul est le fils d’un chauffeur automobile et d’une femme de chambre. Originaires du Nord Finistère, ses parents reviennent s’installer à Lesneven en 1923 après une période de vie à Paris. Sur place, ils résident rue Olivier de Clisson. En 1924, le père d’Yves se réengage dans l’Armée française, il sert alors au sein de l’artillerie des troupes coloniales. De part la carrière du père, cela ouvre des droits à ses fils pour intégrer les écoles d’enfants de troupe, ce que fait Yves Paul en étudiant à celle de Tulle, en Corrèze de 1938 à 1943.

De retour sur Lesneven, il est contacté par la Résistance cantonale de Lesneven. Lui est proposé d’intégrer l’effectif théorique d’une unité combattante qui se forme. Avec sa petite expérience des choses militaires, Yves Paul accepte. À la constitution des unités combattantes en 1944, il se voit affecté en tant que Chef de groupe au 4ème Groupe de la Compagnie de Lesneven du Bataillon F.F.I de Lesneven. Après le débarquement de Normandie en juin 1944, son jeune frère André Paul lui emboîte le pas et rejoint à son tour les F.F.I.

Composition du groupe n°4
 BEYOU Joseph
 CADIOU Albert
 CARAÈS Jean
 CORRIGOU Jean
 FILY François
 ILIOU Alain
 LE HAN Jean
 MANACH Albert
 PAUL Yves (chef de groupe)
 PENGAM Toussaint
 PICHON Roger
 PRÉMEL-CABIC Lucien
 ROUE Roger
 SALIOU Ollivier
 SIMON Yves

Avec son unité, Yves Paul participe aux opérations militaires de Libération du secteur de Lesneven. Notamment dans la nuit du 6 au 7 août 1944, vers 1 heure du matin, quand le groupe d’Yves Paul engage aux côtés du 3ème R.C.P, les Allemands à la sortie de Lesneven, sur la route de Brest. Au petit matin puis une seconde fois dans la soirée, la même composition attaque en vain la position de Kerlaouen, solidement défendue et qui ne sera libérée que le 8 août 1944.

La Libération du canton étant effective, les F.F.I sont déployés plus à l’Ouest, pour la réduction de la poche allemande du Conquet jusqu’au 10 septembre 1944. Durant les combats, sa tenue au front lui vaut d’être remarqué pour avoir lors de l’attaque de la ferme Kervan à Trébabu, mis en fuite les servants d’une mitrailleuse lourde et de s’en être emparé pour la ramener dans les lignes F.F.I. Cette action lui vaut d’être décoré d’une Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de bronze.

Démobilisé à la dissolution des unités combattantes F.F.I en fin septembre 1944, il souscrit un engagement volontaire dans l’Armée française en reconstitution. Nommé au grade de sergent, il est affecté au 48ème Régiment d’infanterie (48e R.I) avant d’être très vite transféré dans l’Infanterie coloniale. En février 1945, il est admis à l’école de reclassement des sous-officiers F.F.I. Avec le 6ème Régiment d’infanterie coloniale (6e R.I.C), il participe à l’occupation de l’Allemagne à partir de juin 1945.

Yves Paul est ensuite désigné pour partir servir en Extrême Orient. Il embarque à Marseille en octobre 1945 sur le paquebot SS Pasteur à destination de Saïgon en Indochine. Le jeune breton contribue alors à la Campagne de pacification de la Cochinchine où il se démarque à nouveau, obtenant une nouvelle citation.

Le Général de corps d’Armée Leclerc le cite à l’ordre de la division :

« Chef de groupe possédant de grandes qualités de commandement et de sang-froid.
A mené brillamment son groupe le 28 décembre 1945 entre Caibe et Cai Thua au cours d’un accrochage lors de la traversée d’un rach. Lors de l’établissement d’une tête de pont le 5 janvier 1946 pour la prise de SADEC, a accompli sa mission au mépris de tout danger. Le 10 janvier 1946, à Hoa Cong, alors que le section était prise à partie par les armes automatiques rebelles s’est exposé constamment afin de pouvoir suivre et diriger le tir de son FM. »

Lors de l’opération Bentre de reconquête du Tonkin par l’armée française, Le 23 février 1946, il embarque sur le LCI 103. L’armada française arrive aux abords de la ville d’Haiphong le 6 mars. Le LCI 103, dans la colonne de tête du convoi, est pris sous le feu des tirs de tous calibres opérés par les troupes chinoises stationnées le long de la côte. Le LCI 103 gravement atteint déplore plusieurs blessé et tués, dont le commandant du navire. Un incendie s’est déclaré. Yves Paul est blessé à la cheville par des éclats d’obus, ce qui lui vaut une nouvelle citation.

Après avoir été soigné à Saïgon, il revient à Haiphong le 25 avril 1946. Promu sergent-chef en octobre, sa position sur le pont de Long Thai-Binh à Hai Duong est attaquée le 19 décembre 1946. Les troupes viêt-minh engagent à cette période une attaque massive contre les troupes et la population française au Tonkin. Yves Paul est mortellement blessé à la tête par une grenade lors de cette attaque.

À titre posthume, il obtient la Croix de Guerre des T.O.E, avec étoile de vermeil. Rapatriée en France, la sépulture d’Yves Paul repose au cimetière de Lesneven.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Famille Paul, témoignage, iconographie.
  • Archives F.F.I de l’arrondissement de Brest, registre de la Cie F.F.I de Lesneven.
  • BOHN Roland, Chronique d’hier -Tome 1 - La vie du Léon 1939-1945, édition à compte d’auteur, 1993.
  • Mémoire des hommes, base des Morts pour la France de la Guerre d’Indochine (Yves Paul).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant d’Yves Paul (GR 16 P 461145) - Non consulté à ce jour.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture.