Vengeance

Mouvement Vengeance

Formé initialement par deux médecins, Victor Dupont (1909-1976) et François Wetterwald (1911-1993) à Paris en 1941, cette petite structure va d’abord travailler de concert avec le Service de renseignement Air de Vichy (S.R Air) du général Ronin, notamment dans la région de Nevers. La structure se développe fortement et scinde ses activités pour plus d’efficacité, outre sa branche d’évasion qui se consacre essentiellement au passage de la ligne de démarcation, le mouvement se dote bientôt d’un réseau de renseignement nommé Turma. Fin 1942, il se rattache à la France libre et dans le premier mois de 1943, le mouvement se dote d’une branche paramilitaire en instituant ses Corps-Francs. En juillet 1943, Veangeance se rapproche du mouvement Ceux de la Libération (C.D.L) pour s’imbriquer dans l’Armée secrète (A.S) et ainsi croître ses capacités de coordination et d’action au plan national. En septembre, par des accords nationaux, il est préconisé aux dirigeants départementaux du mouvement de se rapprocher du mouvement de l’Organisation de la Résistance de l’Armée (O.R.A) d’obédience giraudiste, ce qui sera le cas en Bretagne et dans le Finistère.

Dans le Finistère, le mouvement s’implante fortement dans le Sud du département à partir du début 1943, à Quimper et Douarnenez en particulier. Le cloisonnement des activités n’est pas vraiment respecté, mélangeant parfois le renseignement, l’évasion et l’action. À partir d’avril-mai 1943, Jacqueline Héreil (1913-1998) [1], dite Myrtille et Jean Lux qui dirige le sous-réseau Ulysse, se mettent en quête de cadres et trouvent en Alice Richard de Quimper, dite Armen, une bonne recruteuse. Grâce à cette dernière s’ajoutent très vite de nouvelles recrues comme la famille Le Guennec. Elle réussit également à noyauter la Feldkommandantur de Quimper pour faciliter le déplacement des réfractaires au S.T.O et parvient également à débloquer la situation d’aviateurs alliés bloqués dans la région de Gourin. Les deux principaux chefs François Wetterwald et Victor Dupont passeront dans le secteur pour suivre le développement et entériner l’organigramme régional et finistérien du mouvement. Le Finistère passe sous la houlette d’Henri Le Guennec et monte en puissance en s’implantant dans les secteurs de Saint-Pol-de-Léon & Morlaix, Quimperlé, Pont-Aven, Pont-L’Abbé, Le Faou, Concarneau et Landerneau. Pour Brest, le mouvement ne parvient pas à se développer mais dispose tout de même, grâce à Raymond Deshaies, de quelques agents de renseignements œuvrant à l’arsenal.

Suivant les consignes nationales, Vengeance se rapproche de l’O.R.A, d’abord à Douarnenez puis à l’échelon départemental fin 1943. En janvier 1944 une vague d’arrestations ébranle la structure finistérienne et bretonne, notamment sur l’alliance avec l’O.R.A. Malgré tout, le mouvement parvient à obtenir un premier parachutage d’armes dans la région d’Hanvec. Ceci permettra d’équiper les cadres de l’arrondissement brestois des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I). Malgré le flottement ambiant du fait des arrestations, les survivants se rapprochent d’autres mouvements pour poursuivre la lutte. La réunion du 26 mai 1944 au maquis de Kernoaled au Juch, près de Douarnenez, voit l’alliance O.R.A-Vengeance concrétiser son rattachement officiel aux Forces françaises de l’intérieur (F.F.I) du Finistère. Ce mouvement contribuera ainsi à l’effort de la Libération au sein des unités combattantes du département.

Présentation rédigée par Gildas Priol, le 12 octobre 2021.


[1A fondé à Brest après la guerre, le premier centre de l’enfance infirme ainsi que le premier hôtel maternel Les heures claires. Aujourd’hui, une rue de Brest porte son nom, en hommage à son engagement dans la Résistance.