Joseph Lusven devance son service militaire en s’engageant en 1908 sous les drapeaux. Il fait ses classes dans un bataillon d’artillerie et participe à la Première Guerre mondiale. Il est fait prisonnier en mai 1918. A l’issue de la guerre il épouse Clémence Houvion le 6 décembre 1921 à Ploudalmézeau. Il poursuit sa carrière dans une unité aérienne en tant qu’observateur jusqu’en 1923. Il reprend alors une vie civile mais reste agent militaire à Quimper et Brest. Il ouvre simultanément un commerce d’épicerie à Brest. En avril 1927, sa fille Marie-Louise voit le jour. La même année, il est nommé lieutenant. Joseph Lusven est titulaire de nombreuses décorations comme la médaille Militaire (1920), la Croix de Guerre 1914-1918, avec palmes, comportant plusieurs citations et la médaille des évadés. Il est élevé au rang de Chevalier de la Légion d’honneur en 1931.
Le 3 septembre 1939, au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé sur le front. Tombé gravement malade, il est évacué vers un hôpital en décembre 1939 et mis en convalescence jusqu’en mars 1940. Il est affecté ensuite à l’école des mécaniciens radiotélégraphistes de Saint-Malo jusqu’en juillet 1942. Il regagne ensuite ses foyers à Ploudalmézeau.
Entre temps, en septembre 1941, la famille est endeuillée par la perte de leur fils, Paul Lusven, Français Libre tué au Tchad.
Sous l’occupation, il devient commis principal administratif du bureau des pensions à Quimper jusqu’à novembre 1943.
Joseph Lusven est recruté par le notaire Henri Provostic, qui le connaît bien, pour entrer en résistance dans le mouvement Défense de la France (D.F) en septembre 1943. Début 1944, les prémices d’une Armée Secrète sont organisés par l’alliance des mouvements Défense de la France et Libération-Nord. Le capitaine de réserve Joseph Lusven se voit alors confier la responsabilité militaire de Ploudalmézeau pour la résistance. Charge à lui d’organiser, dans la clandestinité, une unité cohérente en prévision des combats de la libération. Il s’affaire et organise ce qui devient la 1ère Compagnie F.F.I - Ploudalmézeau du bataillon éponyme. Joseph n’a cependant pas l’occasion de participer à la libération qu’il a tant préparée.
Le secteur de Ploudalmézeau est lourdement touché par une vague d’arrestations fin mai 1944, dont celles du chef cantonal Henri Provostic et du chef d’état-major F.F.I du Finistère Paul Fonferrier à Argenton. À l’aube du 6 juin 1944, le Kommando allemand I.C de Landerneau se présente à nouveau à Ploudalmézeau. Les agents allemands et leurs supplétifs français arrêtent Édouard Quéau, directeur de l’école publique des garçons, le cafetier de Portsall Joseph Scouarnec et le chef militaire de la résistance locale, Joseph Lusven. Les trois sont conduits à Landerneau et subissent des interrogatoires. Ils sont par la suite transférés à la prison de Pontaniou jusqu’au 13 juin 1944, avant d’être dirigés au camp Marguerite à Rennes. Avec l’approche des alliés, les allemands évacuent Rennes, emportant avec eux près de 1500 résistants bretons internés.
Résistants de l’arrondissement de Brest arrivant au K.L Natzweiler le 26 août 1944 :
– CORRE Yves (Dachau, Allach et Melk) ✝
– GANDIN Claude (Dachau et Allach) ✝
– LE BRAS Eugène (Dachau, Allach, Haslach et Dautmergen)
– LE GALL Jean (Dachau et Flossenbürg) ✝
– LUSVEN Joseph ✝
– MOAL Léon (Dachau et Neuengamme) ✝
– MOUDEN Joseph (Dachau et Neuengamme) ✝
– PELLENNEC Yves (Dachau, Allach, Neuengamme, Ladelund, Meppen-Versen et Sandbostel)
– PROVOSTIC Henri (Dachau et Melk) ✝
– RIOU Jean (Dachau) ✝
Du KL Natzweiler, Joseph Lusven est conduit au camp de concentration de Dachau. Il devient alors le matricule 23959 et se voit par la suite transféré à Neuengamme. Il décède dès suite d’une maladie et de mauvais traitements en déportation le 17 mars 1945 au kommando de Meppen-Versen. Sa disparition laisse sa femme veuve avec deux filles, dans le dénuement le plus complet. Leur maison de Brest ayant été détruite durant le siège de la ville en 1944.
À titre posthume il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur et reçoit la Croix de Guerre 1939-1945 et la médaille de la Résistance française, avec rosette. En sa mémoire, une rue porte son nom à Ploudalmézeau. Son nom figure également sur la stèle du Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau, érigée en 1965 à Tréouergat.