Victor Marie Gourmelon et ses trois sœurs sont les enfants d’une couturière et d’un charpentier tôlier de l’arsenal. Il passe son enfance au 18 rue de l’Église à Recouvrance puis réside avant guerre rue Félix Le-Dantec ainsi qu’au 9 rue Ambroise Thomas à Brest. Militant à la Confédération française des travailleurs chrétiens (C.F.T.C), il est également adhérant du patronage Saint-Martin où il côtoie Georges Bernard, Mathurin Cornec, Albert Muller et Joseph Prigent. Professionnellement, Victor Gourmelon travaille comme mécanicien chauffeur pour l’Union des Docks à Brest. Nous ignorons son parcours durant la Guerre 1939-1940, à ceci près qu’il est présent en février 1940 dans la Cité du Ponant [1].
Sûrement contacté par des camarades du patronage puis validé par Louis Élie, le chauffeur Victor Gourmelon entre en Résistance à l’été ou l’automne 1940. Il reçoit la consigne de recruter à son tour des patriotes. C’est sans doute lors de cette quête de volontaires qu’il aurait, par l’intermédiaire de sa collègue de travail Marcelle Grannec, été mis en relation avec le gendarme Joseph Grannec, en novembre 1940. Peu d’informations sont disponibles sur son activité clandestine au sein du Groupe Élie. Victor Gourmelon aurait participé à l’attentat de l’hôtel continental à Brest, le 3 avril 1941 ; à ce jour cette opération est sujette à caution.
En mai 1941, une vague d’arrestations ébranle le Groupe Élie. Victor Gourmelon parvient à fuir et à passer la ligne de démarcation. Il s’installe alors à Caluire près de Lyon, où son amie d’enfance Marie Le Bris (1918-1995) le rejoint. Les deux brestois se marient le 8 août 1942 à Lyon. Sur place, Victor Gourmelon aurait noué des liens avec la Résistance locale. À ce jour, ceci n’a pu être corroboré.
Après guerre, Victor Gourmelon ne fait aucune démarche pour être homologué Résistant. Il fait cependant partie des témoins qui renseignent François Broc’h pour l’écriture de son livre, J’avais des camarades, paru en 1949. Dans son témoignage, où figure quelques exagérations, il déclare à propos de l’attentat de l’Hôtel Continental :
« Ayant préparé leurs pétards une demi heure, avant l’alerte ils attendaient que la fête batte son plein, pour pouvoir exécuter leur manœuvre. Au moment où ils allaient le faire, l’alerte sonna. Ils s’éloignèrent, car ils comptaient voir les allemands sortir ; ces derniers n’en firent rien et continuèrent à s’amuser. A ce moment ils virent un avion de la R.A.F descendre en piquet et lâcher une bombe juste dans le milieu de l’hôtel, qui à cet endroit donnait sur la soute à mazout du chauffage central où étaient les explosifs. » [2]