Joseph Prigent est le fils d’un employé de la S.N.C.F. Dans les années 1920, la famille part un temps à Caen par obligations professionnelles du père. C’est là que naît son jeune frère, Jean (1923-1986). Scolarisé jusqu’à ses 12 ans, Joseph Prigent travaille ensuite durant dix mois comme messager en télégrammes à Paris. Il apprend ensuite le métier de cordonnier avant d’entrer comme ajusteur armurier à l’arsenal de Brest en 1938. Il adhère à la C.F.T et s’investit au patronage laïque de Saint-Martin. Appelé à faire son service en septembre de la même année, il sert dans la Marine nationale, sur le croiseur Montcalm comme matelot armurier. Le 12 août 1939, Joseph Prigent épouse Yvonne Roignant (1920-2010) à Lambézellec. Le couple réside dans cette commune, au Stiffelou chez les parents d’Yvonne.
Toujours dans l’Armée à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, son parcours durant la Guerre 1939-1940 nous est inconnu. Après la débâcle, il est démobilisé en septembre 1940 et revient sur Brest reprendre son poste aux ateliers de l’artillerie navale à l’Arsenal.
Joseph entre en résistance en 1940, introduit par Jean Pronost auprès de Louis Elie pour intégrer son groupe. L’entretien se fait au café d’Henri Auffret. À son tour, Joseph introduit Albert Muller, qu’il connait depuis longtemps, auprès du groupe clandestin. Joseph Prigent devient rapidement chef de groupe et a sous les ordres : Auguste Bonniou, André Béchennec, Jean Coateval, Robert Le Rest, Maurice Le Roux et Ephrem Thiery.
Le 1er Janvier 1941 vers 20 heures, il aurait abattu deux allemands rue Kerfautras avec 4 autres personnes du groupe. Il participe le 28 Février 1941 à l’attaque loupée de la batterie D.C.A près de la rue Lazare-Carnot. Il est présent lors de la tentative d’évasion de 9 personnes de Pontaniou le 18 Mars 1941 vers 21 heures. Il aurait également participé à un attentat sur l’hôtel continental le 3 avril ; à ce jour cette dernière opération est sujet à caution. Le 30 avril 1941, il est pris dans la rixe avec les allemands rue Louis-Blanc dans le seul café de la rue.
Le 9 mai 1941, il est convoqué à l’Aussenkommando du S.D de Brest, situé à l’école Bonne-Nouvelle de Kérinou en Lambézellec. Il s’y rend vers 13 heures et ne revient pas. Quelques jours plus tard, le 30 mai 1941, son épouse accouche de leur fille Josiane (1941-2020) à Ouessant. Joseph Prigent n’aura qu’une seule fois la possibilité de voir sa fille, durant dix minutes lors de son emprisonnement.
Interné à la prison du Bouguen, il est transféré à Rennes puis à Fresnes en vue du procès. La trentaine de brestois sont jugés en novembre 1941 sur Paris par un tribunal militaire allemand.
Description de l’accusé Prigent lors du procès :
Prigent donne l’impression d’être un fanatique, convaincu, même maintenant, que ses actions sont tout à fait justifiées.
Ce qui lui vaut d’être condamné à mort et d’être fusillé à la forteresse du Mont-Valérien, le 10 décembre 1941, aux côtés de 10 autres résistants brestois de son groupe. Leurs dépouilles sont transférées le jour même pour inhumation au cimetière d’Ivry-sur-Seine.
À titre posthume, il reçoit la médaille de la Résistance en 1953.