BERTHOU Louis

Jean Louis (prénom usuel) Berthou est adopté comme pupille par la nation en 1924. Il effectue son service militaire au 503ème Régiment de chars de combat (503e R.C.C) de 1931 à 1932. Rendu à la vie civile, il s’installe au 33 rue Inkermann à Lambézellec. Il épouse Rosalie Bélec (1911-1996), le 3 juillet 1935 à Brest et de cette union naîtront trois enfants. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Louis Berthou est mobilisé en tant que soldat de 1ère classe à la 361ème Compagnie auto. Lors de la débâcle, Louis Berthou est fait prisonnier par l’ennemi, le 23 juin 1940. Interné au Frontstalag n°170 de Compiègne dans l’Oise, il parvient à s’en évader le 5 décembre 1940. Le fugitif breton parvient alors à passer en Zone libre et se fait démobiliser. Il peut ainsi retrouver sa commune natale, fin avril 1941. Sitôt rentré, il prend la succession de son père dans la gestion du commerce de négoce en vins et spiritueux qu’ils exploitent en commun au bourg de Plouguin. La transaction notariale est assurée par l’étude du notaire Henri Provostic. Sous l’occupation, il intègre la délégation spéciale de Plouguin en 1943.

Il est spécifié dans plusieurs sources, que Louis Berthou entre en résistance en octobre ou novembre 1942. Ceci reste à confirmer, les identités de son recruteur et de sa structure clandestine restent inconnues à ce jour. Compte tenu du développement de la résistance dans le canton de Ploudalmézeau, il est plus vraisemblable qu’il ait intégré les effectifs théoriques de volontaires dans le courant de l’année 1943.

Quoi qu’il en soit, le négociant en vins et spiritueux se met alors au service du groupement cantonal en fournissant aux gendarmes acquis à la cause clandestine, des renseignements qu’il collecte lors de ses tournées de négoce dans le canton. Louis Berthou participe également au recrutement des volontaires prêts à prendre les armes en cas de débarquement. Il diffuse la propagande et vient en aide aux réfractaires du Service du travail obligatoire (S.T.O) en les recrutant à titre fictif comme employés de chai.

À l’automne 1943, le groupement cantonal s’affilie au mouvement Défense de la France (D.F). La fin de l’année voit le rapprochement concret de ce mouvement et de Libération Nord (L.N), donnant une ossature concrète à l’Armée Secrète (A.S) pour le Finistère. Le début de l’année 1944 voit le recrutement théorique s’accélérer. Les premiers jalons d’une structure militaire sont posés pour le canton de Ploudalmézeau. Louis Berthou est alors nommé chef de groupe pour Plouguin. Les réunions clandestines se multiplient, notamment chez Pellen. En mars et avril 1944, Louis Berthou s’introduit de nuit dans la mairie de Plouguin pour subtiliser des tickets d’alimentation et faire disparaître les listes du S.T.O.

Vers la mi mai 1944, le responsable cantonal de la Résistance pour Ploudalmézeau, Henri Provostic, tient une réunion clandestine chez Pellen, en compagnie d’André Daveau et Louis Berthou. François Broc’h s’invite à cette réunion et leur annonce l’arrestation de Pierre Bernard. L’arrestation du notaire Henri Provostic le 31 mai 1944 fait chanceler toute l’organisation militaire clandestine dans le canton. Sous les tortures, des noms sont obtenus.

Le sonderführer (K) Herbert Schaad détaille :

« Au cours de son interrogatoire, monsieur Provostic, frappé à nouveau, a donné des renseignements sur plusieurs personnes de la région. Il a donné notamment des indications concernant 26 chefs de groupes qui n’ont pas tous été recherchés et dont certains s’étaient déjà cachés. »

Ses révélations déclenchent de fait d’autres arrestations entre le 5 et 6 juin 1944, comme celles de Joseph Lusven, de l’instituteur Édouard Quéau et du cafetier de Portsall Joseph Scoarnec. Ces trois là sont maintenus en état d’arrestation tandis que d’autres comme Fernand Salaün, Edmond Beausseret et Emmanuel Guéguen sont relâchés après interrogatoire à Landerneau. D’autres ont plus de chance et sont parvenus à se cacher ou sont tout simplement absents au moment de la descente des allemands chez eux. C’est le cas pour Louis Moudenner, François Puluhen, Jean Morel et Louis Berthou, qui se cache dans la cheminée de sa chambre lors de la perquisition.

Grillé, le négociant en vins prend le maquis (où ?). Malgré l’effervescence du débarquement des Alliés en Normandie, la prudence est de mise et l’ambiance est pesante. C’est au gendarme Grannec qu’incombe désormais la responsabilité cantonale de la Résistance. Il devient également le futur chef du Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau, après la promotion de Joseph Garion comme chef d’arrondissement en remplacement de Paul Fonferrier.

Louis Berthou participe à renouer les contacts et à rassembler les patriotes le moment venu. Il est présent à la réception du parachutage d’armes en Plouguin dans la nuit du 2 au 3 août 1944. Affecté à la 3ème Section de la 2ème Compagnie du bataillon, il contribue à la Libération du canton de Ploudalmézeau. Son unité est ensuite déployée à la réduction de la poche allemande du Conquet. Après la blessure du chef de section Yves Lamour le 3 septembre 1944, c’est Louis Berthou qui le remplace jusqu’à la reddition complète de la poche allemande.

Après la Libération, Louis Berthou est démobilisé fin septembre 1944 lors de la dissolution des unités F.F.I. Pour son engagement clandestin et sa tenue au front, il est cité à l’ordre du Régiment, lui octroyant la Croix de Guerre 1939-1945, avec palme.

De retour à la vie civile, il est présent sur une liste aux élections municipales d’avril 1945. Élu au premier tour comme conseiller municipal et réélu à chaque scrutin municipal, il devient maire de Plouguin de 1965 à 1983. Quelques années avant sa retraite de maire, il est nommé chevalier dans l’ordre du Mérite le 4 novembre 1980. Louis Berthou s’investira également avec d’anciens F.F.I du canton, pour faire ériger la stèle commémorative au maquis de Tréouergat. En son hommage, une rue de Plouguin porte son nom.

Nous cherchons à mettre un visage sur son histoire, si vous avez une photo de lui, n’hésitez pas à nous contacter.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (2E174) et comptes rendus d’interrogatoires d’Herbert Schaad, Gabriel Poquet et Jean Corre.
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance de Louis Berthou (1622 W).
  • Bibliothèque nationale de France, bibliothèque numérique Gallica, liste officielle (n°38) de prisonniers français, novembre 1940 (4-LH4-4448).
  • La Dépêche de Brest, éditions du 1er juin 1941 et du 17 juin 1941.
  • Musée du Ponant de Saint-Renan, fonds Baptiste Faucher.
  • Plouguin - Histoire - Patrimoine, nécrologie de Louis Berthou.
  • BROC’H François, alias Florette, J’avais des camarades - ou "Souvenirs" de quatre années de résistance dans le Finistère, août 1940 - août 1944, éditions Le Télégramme, Brest, 1949.
  • ANDRÉ Jacques, Le Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau, édition à compte d’auteur, 2003.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossiers d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 54204 et GR 16 P 54210) - Non consultés à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.