LAURENT Pierre

Pierre Marie Laurent est le fils d’un carrossier de Landerneau. Dans la fin des années 20, la famille ouvre une nouvelle carrosserie à Brest, au 30 rue Jean-Jaurès et au 25 rue de la Vierge. C’est Pierre Laurent qui en prend la gestion, son père conserve pour sa part la gestion des ateliers de Landerneau. Pierre Laurent épouse Jeanne Urien, le 16 février 1928 à Brest et neuf mois plus tard, leur fils Frédéric Laurent voit le jour. Au début de l’année 1930, la carrosserie de Brest se délocalise au 66 rue Yves Collet pour bénéficier de locaux plus grands. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Laurent semble mobilisé comme sergent au 48ème Régiment d’infanterie (48e R.I). Nous ignorons son parcours durant la drôle de Guerre et la Campagne de France en 1940. Présent à Brest en 1941, Pierre Laurent quitte la ville suite aux bombardements sur la ville et s’installe avec sa famille dans leur maison secondaire de Kerdivizien au Trez-Hir en Plougonvelin. Selon Roger Priol, le garage aurait été touché par les bombes et n’était plus utilisable. Pierre Laurent reste donc à Plougonvelin dans l’attente de jours meilleurs.

Il indique avoir intégré activement la Résistance en septembre 1943. Contacté par Grand Turc, le carrossier brestois devient l’un de ses agents de renseignement. Nous ignorons la nature et le nombre d’informations collectées et transmises par Pierre Laurent à son réseau ou mouvement. Cette tâche perdure néanmoins jusqu’au mois de juin 1944. Dans les jours qui suivent le débarquement en Normandie, Pierre Laurent est convoqué par Grand Turc sur les hauteurs de Porsmilin. Sont également présents à cette réunion François Hervéou, Roger Priol, Jean Goalès et Joseph Quéré de Porsmilin. Les nouvelles consignes sont alors de poursuivre le renseignement militaire mais désormais de recruter des volontaires pour former des groupes de combats. La discrétion doit rester en vigueur et aucune action ne doit être lancée sans l’accord de la hiérarchie. Ce groupe de résistants recrute environ une trentaine de personnes entre juin et juillet 1944. Toutes les personnes contactées sont volontaires, même les chargés de famille.

Si recrutement va bon train, pour l’heure il n’y a pas d’armes. Fin juillet, début août 1944, la section de Plougonvelin est mise en alerte, un parachutage d’armes doit se dérouler à Locmaria-Plouzané. Le rendez-vous est fixé vers 23 heures au café-restaurant Goardon du bourg. Guidé par François Raguénès et Michel Quéré, le groupe rejoint la zone potentielle de largage entre le calvaire de La Madeleine et la ferme de Kerzévéon. Sur place d’autres F.F.I sont déjà présents. Parmi eux, les gars du Groupe Marée de Plouzané et de Brest-Ouest. Aucun largage cette nuit là. Ce n’est qu’à la troisième reprise, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, qu’un avion passe. La zone est cependant jugée trop dangereuse par le pilote qui ne délivre pas les conteneurs tant attendus. Seul un fumigène rouge sera lâché pour signaler l’annulation de l’opération. Les F.F.I rentrent sur Plougonvelin, le moral dans les chaussettes.

Dans les jours qui suivent, ordre est donné aux F.F.I de Plougonvelin de rejoindre immédiatement Tréouergat pour être équipés en armes. Par petits groupes, les plougonvelinois s’exécutent. Parvenu au maquis de Kergoff à Tréouergat, le groupe se reforme et se voit assigné à la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.

Composition du groupe :
 CAM Jean
 DAUCHET Léonce
 GOALÈS Jean
 GUÉNA Yves (père du Ministre)
 HERVÉOU François
 KERMARREC François
 LAURENT Frédéric (n’a pas 16 ans)
 LAURENT Pierre
 MALGORN Michel
 PRIOL Roger
 QUÉRÉ Michel (chef de groupe)
 RAGUÉNÈS François
 RAOUL René

Après une rapide instruction à ceux qui n’ont jamais touché une arme de leur vie, les premières patrouilles débutent dans la région de Plourin et de Ploudalmézeau. Direction Brélès puis retour à Lanrivoaré. La section se porte ensuite pendant plusieurs jours sur la route Milizac-Saint-Renan pour occuper le terrain. Mis à part les quelques jeunes qui le composent, le 1er Groupe a une bonne expérience militaire et connaît parfaitement le secteur. C’est pourquoi il est détaché de la compagnie auprès du 2nd Ranger Battalion américain pour servir de guide et d’éclaireur. Le groupe se répartit, chacun des F.F.I est associé à deux américains. Avec cette unité, ils participeront à la libération de Locmaria-Plouzané, à l’isolement de la poche du Conquet vis à vis de celle de Brest. Puis ce seront les combats du verrou de Goasmeur et le ratissage de la zone jusqu’au Lannou. Le Groupe n°1 perd Léonce Dauchet, tué par un obus et a deux blessés ; René Raoul et Jean Goalès.

Au 8 septembre 1944, après deux semaines en tête de ligne avec les troupes américaines, le groupe est envoyé, contre son gré, au repos au château de Quéléren où un ami de Yves Guéna les prend en photo (voir le portfolio). Une fois la photo prise, chacun vaque à ses occupations mais devant la vision des combats le groupe décide de reprendre les combats. La fatigue faisant, les F.F.I s’accordent une nuit de repos et au petit matin regagnent la zone de combat à Plougonvelin. Ayant fait jonction avec leur Compagnie, le groupe se porte près de Trémeur en prévision de l’attaque quand l’annonce de la reddition de la batterie de Kéringar intervient. La compagnie, après quelques jours de nettoyage dans le secteur, fait mouvement vers Saint-Renan en prévision d’un déploiement sur Brest mais le 1er Groupe de Michel Quéré est maintenu à Plougonvelin pour assurer la police et la remise en route de la commune. À la fin du mois de septembre 1944, Pierre Laurent intègre la délégation spéciale de Plougonvelin en charge de remplacer le conseil municipal suite à sa dissolution.

Démobilisé à la dissolution des unités F.F.I, Pierre Laurent retourne à la vie civile et quitte la région pour s’installer quelque temps sur Paris. Pour son engagement clandestin, il reçoit la Croix de guerre 1939-1945 et la médaille de la Résistance française en 1945.

Après guerre, il divorce et se remarie avec Germaine Le Borgne, le 15 novembre 1954 à Brest. Il poursuit son activité de carrossier jusqu’à sa retraite puis se retire au Relecq-Kerhuon.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Groupe 1 / Section 1 / Cie F.F.I de Saint-Renan
Photo prise au manoir de Queleren à Locmaria-Plouzané le 8 septembre 1944. L’enfant au milieu de la photo est le fils du photographe, Mr Poupon.
Crédit photo : famille Priol

Sources - Liens

  • Ville de Landerneau, registre d’état civil.
  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (2E160) et liste électorale de 1939 (1K91).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance de Pierre Laurent (1622 W).
  • Ordre de la Libération, registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 12/09/1945).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de Résistant de Pierre Laurent (GR 16 P 342952).
  • Musée du Ponant à Saint-Renan, fonds Baptiste Faucher, archives de la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.
  • La Dépêche de Brest, éditions du 13 mai 1928 et 22 décembre 1929.
  • PRIOL Roger, Mémoires d’un résistant de Plougonvelin, à compte d’auteur, Plougonvelin, 2014.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.