Michel Marie René Malgorn contracte un engagement volontaire pour trois ans dans la Marine nationale en mars 1939. D’abord embarqué sur le cuirassé Paris jusqu’à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est ensuite affecté sur le cuirassé Richelieu. Â son bord, il subit la débâcle française et les attaques anglaises en juillet 1940. Parvenu au terme de son contrat, Michel Malgorn est débarqué fin janvier 1942 à Dakar. Démobilisé, il regagne la France et retrouve son village natal.
Après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, Michel Malgorn est approché par Michel Quéré pour intégrer le groupe de combat qui se monte à Plougonvelin. L’ancien marin accepte et intègre alors les Forces françaises de l’Intérieur (F.F.I). Le recrutement va bon train mais pour l’heure il n’y a pas d’armes. Vers le 20 juillet 1944, le groupe organise un petit coup de main près de Trébabu. Roger Priol, René Raoul, Michel Malgorn et Michel Quéré démontent sur 200 mètres la tuyauterie d’alimentation en eau du train Decauville qui dessert les positions allemandes de la côte.
Fin juillet, début août 1944, la section de Plougonvelin est mise en alerte, un parachutage d’armes doit se dérouler à Locmaria-Plouzané. Le rendez-vous est fixé vers 23 heures au café-restaurant Goardon du bourg. Guidés par François Raguénès et Michel Quéré, le groupe rejoint la zone potentielle de largage entre le calvaire de La Madeleine et la ferme de Kerzévéon. Sur place d’autres F.F.I sont déjà présents. Parmi eux, les gars du Groupe Marée de Plouzané et de Brest-Ouest. Aucun largage cette nuit là. Ce n’est qu’à la troisième reprise, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, qu’un avion passe. La zone est cependant jugée trop dangereuse par le pilote qui ne délivre pas les conteneurs tant attendus. Seul un fumigène rouge sera lâché pour signaler l’annulation de l’opération. Les F.F.I rentrent sur Plougonvelin, le moral dans les chaussettes.
Dans les jours qui suivent, ordre est donné aux F.F.I de Plougonvelin de rejoindre immédiatement Tréouergat pour être équipé en armes. Par petits groupes, les plougonvelinois s’exécutent. Parvenu au maquis de Kergoff à Tréouergat, le groupe se reforme et se voit assigner à la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.
Composition du groupe :
– CAM Jean
– DAUCHET Léonce ✝
– GOALÈS Jean
– GUÉNA Yves (père du Ministre)
– HERVÉOU François
– KERMARREC François
– LAURENT Frédéric (n’a pas 16 ans)
– LAURENT Pierre
– MALGORN Michel
– PRIOL Roger
– QUÉRÉ Michel (chef de groupe)
– RAGUÉNÈS François
– RAOUL René
Les combats les mèneront à Plourin, Ploudalmézeau, Brélès, Lanrivoaré, les faubourgs de Saint-Renan où ils rencontrent pour la première fois les Américains. Exceptés les jeunes, le groupe de Michel Malgorn a la meilleure composition militaire de la Compagnie, ils sont alors détachés auprès du 2nd Ranger Battalion pour servir d’éclaireurs. Avec cette unité, ils participeront à la libération de Locmaria-Plouzané et à l’isolement de la poche du Conquet vis à vis de celle de Brest. Sur la route Brest-Le Conquet à la hauteur de Croix Normands, les américains et les F.F.I interceptent un camion Citroën 45 de l’armée allemande, chargé de boîtes de conserves françaises pour le ravitaillement de la poche du Conquet. Michel Malgorn est alors désigné pour monter la garde sur cette précieuse prise de guerre. Tâche qu’il accomplit pendant deux jours avant d’être relevé par des F.F.I de Lannilis.
Puis ce seront les combats du verrou de Goasmeur et le ratissage de la zone jusqu’au Lannou. Durant cette semaine intense de combats, dans les premiers jours de septembre 1944, Michel Malgorn reçoit un obus dans le trou individuel qui lui sert d’abri de fortune. Par chance, la munition plantée sur le parapet du trou n’explose pas. Le principal intéressé ne s’y attarde pas, un soldat américain viendra faire sauter l’obus après avoir délimité une zone de sécurité au préalable.
Le 6 septembre 1944, il convoie avec Léonce Dauchet un groupe de onze prisonniers allemands vers l’arrière des lignes pour les remettre aux américains. Ils se trouvent entre Toul-an-Ibil et Goasmeur lorsqu’un tir de barrage allemand pilonne le secteur. Les deux F.F.I se mettent tant bien que mal à l’abri près d’un talus mais un éclat frappe mortellement Léonce.
Au 8 septembre 1944, après deux semaines en tête de ligne avec les troupes américaines, le groupe est envoyé, contre son gré, au repos au château de Quéléren où un ami de Yves Guéna les prend en photo (voir le portfolio). Ne pouvant rester sans rien faire alors que les combats sont désormais à Plougonvelin, le groupe décide de s’octroyer une nuit de sommeil et de partir au petit matin pour retrouver la compagnie ou les Américains. Le 9 septembre, ils se portent à Plougonvelin. Le groupe oblique vers Keruzas tandis que Michel Malgorn accompagne Roger Priol vers le bourg. Ce dernier souhaite faire une reconnaissance dans le bourg et voir si ses parents sont encore en vie.
Témoignage de Roger Priol sur cette reconnaissance :
La route est déserte, il y a de la poussière partout, toutes les vitres des maisons sont brisées. L’ambiance est totalement morbide, les maisons portent toutes des séquelles des bombardements. Nous progressons le long des maisons pour nous protéger. On avance prudemment, le fusil en main. Sur la place de la mairie, il n’y a toujours personne. On passe devant la mairie et l’école dont les toitures ont souffert. Nous arrivons sur la place de l’église. Celle-ci fume encore, il n’y a plus que les murs et le clocher.
Après la prise de contact avec les parents de Roger, les deux F.F.I s’en retournent sur leurs pas et retrouvent le groupe qui a largement progressé vers Gorréquéar. L’avance reprend vers Trémeur en prévision de l’attaque quand l’annonce de la reddition de la batterie de Kéringar intervient. C’est la fin des combats pour Michel Malgorn et son groupe. Après quelques jours de nettoyage de la zone, la compagnie fait mouvement vers Saint-Renan en prévision d’un déploiement sur Brest mais le 1er Groupe de Michel Quéré est maintenu à Plougonvelin pour assurer la police et la remise en route de la commune.
Après la Libération, Michel Malgorn est démobilisé des F.F.I à la dissolution des unités et rappelé à l’activité par la Marine nationale en octobre 1944. Le mois suivant, il se réengage pour deux ans et embarque aussitôt sur le dragueur Cherbourg puis sur l’Escarmouche. En 1946, il se rengage pour trois ans et se voit affecté au 2ème R.I.C.M en Indochine. Débarqué à Hải Phòng en août 1949, Michel Malgorn est porté disparu après l’attaque de son convoi le 2 octobre 1949, au niveau de Lùng Vai.
Il faut attendre 1952 pour obtenir la confirmation, par un ancien prisonnier français du camp n°2 de Thái Nguyên, de la mort de Michel Malgorn. Capturé, le plougonvelinois succomba de maladie. N’ayant qu’un seul témoin de son décès, il faut de nouveau attendre 1957 pour qu’il soit reconnu Mort pour la France. Son nom figure sur le monument aux morts de Plougonvelin. À titre posthume, il est décoré de la médaille Militaire et de la Croix de Guerre des théâtres d’opérations extérieurs (T.O.E) avec palme en 1959.