CAM Jean

Jean Pierre Cam est adopté par la Nation suite au décès de son père à Verdun en 1917, durant la Première Guerre mondiale. En 1927, Jean Cam s’engage dans l’Armée française pour fuir la misère. Affecté dans une unité coloniale, il effectue plusieurs missions au Maroc, en Tunisie et en Indochine. Il épouse Yvonne L’Hopital (1914-1980), le 14 avril 1934 à Plougonvelin et de cette union naîtront deux enfants en 1934 et 1941. Sergent armurier se trouvant en Afrique au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il n’est pas engagé dans les combats de mai et juin 1940. Sensé être affecté au Sénégal, il quitte l’armée et regagne la France pour s’installer à Plougonvelin. Sous l’occupation, il travaille comme journalier dans plusieurs fermes, qui le paient régulièrement en nourriture.

Après le débarquement en Normandie en juin 1944, Jean Cam est approché par Roger Priol. Ce dernier lui propose de reprendre une nouvelle fois les armes et de se joindre au groupe de combat qui se monte à Plougonvelin. Le recrutement va bon train mais pour l’heure il n’y a pas d’armes. Fin juillet, début août 1944, la section de Plougonvelin est mise en alerte, un parachutage d’armes doit se dérouler à Locmaria-Plouzané. Le rendez-vous est fixé vers 23 heures au café-restaurant Goardon du bourg. Guidé par François Raguénès et Michel Quéré, le groupe rejoint la zone potentielle de largage entre le calvaire de La Madeleine et la ferme de Kerzévéon. Sur place d’autres F.F.I sont déjà présents. Parmi eux, les gars du Groupe Marée de Plouzané et de Brest-Ouest. Aucun largage cette nuit là. Ce n’est qu’à la troisième reprise, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, qu’un avion passe. La zone est cependant jugée trop dangereuse par le pilote qui ne délivre pas les conteneurs tant attendus. Seul un fumigène rouge sera lâché pour signaler l’annulation de l’opération. Les F.F.I rentrent sur Plougonvelin, le moral dans les chaussettes.

Dans les jours qui suivent, ordre est donné aux F.F.I de Plougonvelin de rejoindre immédiatement Tréouergat pour être équipés en armes. Par petits groupes, les plougonvelinois s’exécutent. Jean Cam part avec Michel Quéré et Roger Priol, ils passent par Plouzané et Saint-Renan. Parvenu au maquis de Kergoff à Tréouergat, le groupe se reforme et se voit assigner à la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.

Composition du groupe :
 CAM Jean
 DAUCHET Léonce
 GOALÈS Jean
 GUÉNA Yves (père du Ministre)
 HERVÉOU François
 KERMARREC François
 LAURENT Frédéric (n’a pas 16 ans)
 LAURENT Pierre
 MALGORN Michel
 PRIOL Roger
 QUÉRÉ Michel (chef de groupe)
 RAGUÉNÈS François
 RAOUL René

De par son expérience militaire, Jean Cam reçoit comme dotation un fusil mitrailleur Spandau pris au allemands. Son pourvoyeur est Roger Priol, il lui apprend à monter et démonter l’arme les yeux fermés. Après une rapide instruction à ceux qui n’ont jamais touché une arme de leur vie, les premières patrouilles débutent dans la région de Plourin et de Ploudalmézeau. Direction Brélès puis retour à Lanrivoaré. La section se porte ensuite pendant plusieurs jours sur la route Milizac-Saint-Renan pour occuper le terrain.

Mise à part les quelques jeunes qui le composent, le 1er Groupe a une bonne expérience militaire et connaît parfaitement le secteur. C’est pourquoi il est détaché de la compagnie auprès du 2nd Ranger Battalion américain pour servir de guide et d’éclaireur. Le groupe se répartit, chacun des F.F.I est associé à deux américains. Avec cette unité, Jean Cam et son groupe participeront à la libération de Locmaria-Plouzané, à l’isolement de la poche du Conquet vis à vis de celle de Brest. Puis ce seront les combats du verrou de Goasmeur et le ratissage de la zone jusqu’au Lannou. Les combats sont âpres dans ce secteur, en quelques jours le groupe a deux blessés et un tué.

Au 8 septembre 1944, après deux semaines en tête de ligne avec les troupes américaines, le groupe est envoyé, contre son gré, au repos au château de Quéléren où un ami de Yves Guéna les prend en photo (voir le portfolio). Ne pouvant rester sans rien faire alors que les combats sont désormais à Plougonvelin, le groupe décide de s’octroyer une nuit de sommeil et de partir au petit matin pour retrouver la compagnie ou les Américains. Le 9 septembre, ils se portent près de Trémeur en prévision de l’attaque quand l’annonce de la reddition de la batterie de Kéringar intervient.

La compagnie fait mouvement vers Saint-Renan en prévision d’un déploiement sur Brest mais le 1er Groupe de Jean Cam est maintenu à Plougonvelin pour assurer la police et la remise en route de la commune. Après guerre, il monte une ferme à Mézou Vilin en Plougonvelin. Il a la douleur de perdre son frère Robert Cam, lors de la guerre d’Indochine en 1953.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Jean Cam en Indochine, avant guerre.
Groupe 1 / Section 1 / Cie F.F.I de Saint-Renan
Photo prise au manoir de Queleren à Locmaria-Plouzané le 8 septembre 1944. L’enfant au milieu de la photo est le fils du photographe, Mr Poupon.
Crédit photo : famille Priol

Sources - Liens

  • Famille Cam, témoignage et iconographie.
  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (1E241).
  • Commune de Plougonvelin, registre d’état civil.
  • Musée du Ponant à Saint-Renan, fonds Baptiste Faucher, archives de la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.
  • PRIOL Roger, Mémoires d’un résistant de Plougonvelin, à compte d’auteur, Plougonvelin, 2014.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.