RAGUÉNÈS François

François Marie Raguénès est le troisième enfant de cultivateurs établis en Kerdivizien à Plougonvelin. À son tour, François Raguénès opte pour une vie rurale en travaillant comme journalier dans les fermes pour la moisson. Ses services sont également très appréciés pour tuer les cochons. Il seconde d’ailleurs sa sœur et son beau-frère à la boucherie au bourg de la commune. François Raguénès pratique également la chasse.

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé et part sur le front. Lors d’un franchissement de pont, un obus explose et fait tomber son Capitaine à l’eau. François Raguénès se porte à son secours, ce geste lui vaut d’être décoré de la Croix de Guerre 1939-1940. Son parcours durant cette période reste cependant méconnu. Démobilisé ultérieurement, il regagne Plougonvelin et ses activités habituelles. Son frère Hamon Raguénès entre dans la Résistance en 1943 mais sera rapidement arrêté et déporté.

En juin 1944, quand se forme la section de combat de Plougonvelin, Michel Quéré contacte François Raguénès. Ce dernier accepte sur le champ de rejoindre les rangs. Le recrutement va bon train mais pour l’heure il n’y a pas d’armes. Fin juillet, début août 1944, la section de Plougonvelin est mise en alerte, un parachutage d’armes doit se dérouler à Locmaria-Plouzané. Le rendez-vous est fixé vers 23 heures au café-restaurant Goardon du bourg. Guidé par François Raguénès et Michel Quéré, le groupe rejoint la zone de largage entre le calvaire de La Madeleine et la ferme de Kerzévéon. Sur place d’autres F.F.I sont déjà présents. Parmi eux, les gars du Groupe Marée de Plouzané et de Brest-Ouest. Aucun largage cette nuit là. Ce n’est qu’à la troisième reprise, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, qu’un avion passe. La zone est cependant jugée trop dangereuse par le pilote qui ne délivre pas les conteneurs tant attendus. Seul un fumigène rouge sera lâché pour signaler l’annulation de l’opération. Les F.F.I rentrent sur Plougonvelin, le moral dans les chaussettes.

Dans les jours qui suivent, ordre est donné aux F.F.I de Plougonvelin de rejoindre immédiatement Tréouergat pour être équipés en armes. Par petits groupes, les plougonvelinois s’exécutent. Parvenu au maquis de Kergoff à Tréouergat, le groupe se reforme et se voit assigner à la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.

Composition du groupe :
 CAM Jean
 DAUCHET Léonce
 GOALÈS Jean
 GUÉNA Yves (père du Ministre)
 HERVÉOU François
 KERMARREC François
 LAURENT Frédéric (n’a pas 16 ans)
 LAURENT Pierre
 MALGORN Michel
 PRIOL Roger
 QUÉRÉ Michel (chef de groupe)
 RAGUÉNÈS François
 RAOUL René

Après une rapide instruction à ceux qui n’ont jamais touché une arme de leur vie, les premières patrouilles débutent dans la région de Plourin et de Ploudalmézeau. Direction Brélès puis retour à Lanrivoaré. La section se porte ensuite pendant plusieurs jours sur la route Milizac-Saint-Renan pour occuper le terrain. Exceptés les jeunes, le groupe de François Raguénès a la meilleure composition militaire de la Compagnie, ils sont alors détachés auprès du 2nd Ranger Battalion pour servir d’éclaireurs. Avec cette unité, ils participeront à la libération de Locmaria-Plouzané et à l’isolement de la poche du Conquet vis à vis de celle de Brest en coupant la route au niveau de Pen-ar-Ménez. Avant de poursuivre plus à l’Ouest, le Capitaine des Rangers veut des informations fraîches. François Raguénès se porte volontaire pour partir en éclaireur.

Roger Priol évoque cette mission de reconnaissance :

C’est donc Raguénès qui part à la chasse aux renseignements. Il part sans arme, s’équipe d’une faucille qu’il pose sur son épaule comme les paysans en ont l’habitude et force sur cet aspect. À vrai dire c’est le seul d’entre nous qui pouvait avoir l’air d’un paysan, et le voilà parti en direction de Plougonvelin. Il nous rejoindra quelques jours plus tard au Diry.

Quand il revient, il nous apprend qu’il y a une position anti-char au carrefour de Goasmeur, des postes autour de Toul Ibil, et qu’autour du bourg de Plougonvelin des positions ont été
organisées derrière le bâtiment de l’école des soeurs et près de Gorréquéar à l’ouest du bourg sur la route qui va vers St Mathieu.
 [1]

Puis ce seront les combats du verrou de Goasmeur et le ratissage de la zone jusqu’au Lannou. Le groupe n°1 perd Léonce Dauchet, tué par un obus et a deux blessés ; René Raoul et Jean Goalès. Au 8 septembre 1944, après deux semaines en tête de ligne avec les troupes américaines, le groupe est envoyé, contre son gré, au repos au château de Quéléren où un ami de Yves Guéna les prend en photo (voir le portfolio). Ne pouvant rester sans rien faire alors que les combats sont désormais à Plougonvelin, le groupe décide de s’octroyer une nuit de sommeil et de partir au petit matin pour retrouver la compagnie ou les Américains. Le 9 septembre, ils se portent près de Trémeur en prévision de l’attaque quand l’annonce de la reddition de la batterie de Kéringar intervient.

La compagnie fait mouvement vers Saint-Renan en prévision d’un déploiement sur Brest mais le 1er Groupe de Michel Quéré est maintenu à Plougonvelin pour assurer la police et la remise en route de la commune. Après la Libération, François Raguénès reprend ses activités d’avant guerre, à savoir travailler à la boucherie du bourg de Plougonvelin et donner des coups de mains dans les fermes.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Groupe 1 / Section 1 / Cie F.F.I de Saint-Renan
Photo prise au manoir de Queleren à Locmaria-Plouzané le 8 septembre 1944. L’enfant au milieu de la photo est le fils du photographe, Mr Poupon.
Crédit photo : famille Priol

Sources - Liens

  • Famille Raguénès, témoignage.
  • Commune de Plougonvelin, registre d’état civil.
  • Musée du Ponant de Saint-Renan, archives de la Cie F.F.I de Saint-Renan.
  • PRIOL Roger, Mémoires d’un résistant de Plougonvelin, à compte d’auteur, Plougonvelin, 2014.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.

Notes

[1PRIOL Roger, Mémoires d’un résistant de Plougonvelin, à compte d’auteur, Plougonvelin, 2014, pages 126 et 127.