René Marie Raoul passe sa jeunesse dans sa commune natale. Il réside avec sa famille au bourg. Très jeune au début de la guerre, René Raoul joue au football dans l’équipe junior de la commune, comme gardien. C’est là qu’il côtoie notamment Roger Priol avec qui il y travaille en 1941, sur le chantier de la Todt à Trémeur. Ils sont employés par la société Marc de Brest et parmi les tâches, figure la fixation de boulons en haut de l’antenne T.S.F pour y amarrer les câbles de tension.
En juillet 1942, il pose avec les joueurs de foot (équipes junior et sénior) de Plougonvelin, quelques fleurs sur le monument aux morts (voir photo) en hommage à ceux de 14/18, ce qui est totalement prohibé par l’occupant. Début 1944, son oncle Hamon Raguénès qui fait partie de la Résistance est arrêté. Il sera déporté et n’en reviendra jamais.
Après le débarquement en Normandie en juin 1944, René Raoul est contacté par son ami Roger Priol. Ce dernier lui propose de se joindre au groupe de combat qui se monte à Plougonvelin. René Raoul accepte sur le champ et retrouve dans l’effectif, un autre oncle, François Raguénès. Le recrutement va bon train mais pour l’heure il n’y a pas d’armes. Vers le 20 juillet 1944, le groupe organise un petit coup de main près de Trébabu. Roger Priol, René Raoul, Michel Malgorn et Michel Quéré démontent sur 200 mètres la tuyauterie d’alimentation en eau du train Decauville qui dessert les positions allemandes de la côte.
Fin juillet, début août 1944, la section de Plougonvelin est mise en alerte, un parachutage d’armes doit se dérouler à Locmaria-Plouzané. Le rendez-vous est fixé vers 23 heures au café-restaurant Goardon du bourg. Guidé par François Raguénès et Michel Quéré, le groupe rejoint la zone potentielle de largage entre le calvaire de La Madeleine et la ferme de Kerzévéon. Sur place d’autres F.F.I sont déjà présents. Parmi eux, les gars du Groupe Marée de Plouzané et de Brest-Ouest. Aucun largage cette nuit là. Ce n’est qu’à la troisième reprise, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, qu’un avion passe. La zone est cependant jugée trop dangereuse par le pilote qui ne délivre pas les conteneurs tant attendus. Seul un fumigène rouge sera lâché pour signaler l’annulation de l’opération. Les F.F.I rentrent sur Plougonvelin, le moral dans les chaussettes.
Dans les jours qui suivent, ordre est donné aux F.F.I de Plougonvelin de rejoindre immédiatement Tréouergat pour être équipés en armes. Par petits groupes, les plougonvelinois s’exécutent. Parvenu au maquis de Kergoff à Tréouergat, le groupe se reforme et se voit assigné à la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.
Composition du groupe :
– CAM Jean
– DAUCHET Léonce ✝
– GOALÈS Jean
– GUÉNA Yves (père du Ministre)
– HERVÉOU François
– KERMARREC François
– LAURENT Frédéric (n’a pas 16 ans)
– LAURENT Pierre
– MALGORN Michel
– PRIOL Roger
– QUÉRÉ Michel (chef de groupe)
– RAGUÉNÈS François
– RAOUL René
Après une rapide instruction à ceux qui n’ont jamais touché une arme de leur vie, les premières patrouilles débutent dans la région de Plourin et de Ploudalmézeau. Direction Brélès puis retour à Lanrivoaré. La section se porte ensuite pendant plusieurs jours sur la route Milizac-Saint-Renan pour occuper le terrain. Exceptés les jeunes, le groupe de François Raguénès a la meilleure composition militaire de la Compagnie, ils sont alors détachés auprès du 2nd Ranger Battalion pour servir d’éclaireurs. Avec cette unité, ils participeront à la libération de Locmaria-Plouzané et à l’isolement de la poche du Conquet vis à vis de celle de Brest en coupant la route au niveau de Pen-ar-Ménez. Puis ce seront les combats du verrou de Goasmeur et le ratissage de la zone jusqu’au Lannou.
Le 6 septembre 1944, René Raoul est blessé à la tête par une balle. Fort heureusement, sa trajectoire a été dévié par le vieux casque de la Première Guerre mondiale qu’il porte. Dans le groupe, Jean Goalès est également touché et Léonce Dauchet tué par un obus. Évacué sur l’arrière du front et soigné par les américains, c’est la fin des combats pour René Raoul. Il est démobilisé à la dissolution des F.F.I fin septembre 1944.
Pour sa tenue au feu et sa blessure, il est cité à l’ordre du Régiment et reçoit la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de bronze. Il reçoit également la médaille Commémorative de la guerre 1939-1945, avec barrette Libération.
La Guerre se poursuit à l’Est, René Raoul veut poursuivre le combat pour libérer la France. Il contracte en janvier 1945, un engagement pour trois ans dans l’Armée française qui se reconstitue. Il est cependant envoyé en formation dans la région de Rennes puis Dinan où il passe Caporal en mai 1945. La Guerre terminée, René Raoul poursuit dans l’Armée et se voit affecté à l’Occupation de l’Allemagne dans les T.O.A. Il est formé un temps à Rochefort-sur-Mer avant d’être affecté au Bataillon de Détection Contre-Aérien (B.D.C.A 72) à Strasbourg en 1947. Il trouve la mort deux mois après son arrivée, lors d’un accident de voiture.
La sépulture de René Raoul se trouve dans le cimetière de Plougonvelin [Carré B, Rang 13, Tombe 9]